Critique : Torchwood 4.07

Le 23 août 2011 à 05:51  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode mythologique particulier qui révèle les origines du Miracle et son lien avec le Capitaine Jack Harkness.
Par sephja

Critique : Torchwood 4.07

~ 7 minutes de lecture
Un épisode mythologique particulier qui révèle les origines du Miracle et son lien avec le Capitaine Jack Harkness.
Par sephja

L'homme qui ne pouvait pas mourir

Afin de sauver sa famille, Gwen assomme Jack pour mieux le livrer aux personnes responsables du miracle qui lui fournissent le chemin à suivre par le biais de ses lentilles. L'occasion pour Jack de se pencher sur son propre passé, du temps où il se trouvait en Amerique au début du vingtième siècle, et son histoire d'amour avec un immigré italien nommé Angelo Colasanto. 

 

 

Résumé de la critique 

Un épisode de Torchwood intéressant que l'on peut détailler ainsi 

  •  un épisode mythologique surprenant qui explore les différentes facettes du Capitaine Jack Harkness 
  •  l'histoire d'un homme qui voulait vivre plus que tout au monde 
  •  les références à la descente de croix plutôt lourdes et assez maladroites
  •  de gros raccourcis narratifs regrettables, qui confirment les faiblesses d'un show instable 

 

 

Un point fixe autour duquel tout converge

Pièce centrale et indispensable de Torchwood, le Capitaine Jack Harkness est évidemment la cible d'un miracle qui souhaite le rendre mortel et le fragiliser. Pas étonnant dès lors que les auteurs choisissent de prendre tout un épisode pour nous raconter les origines du Miracle au travers de l'histoire d'amour entre lui et Angelo, un jeune immigré italien rencontré par accident. L'occasion surtout de se pencher sur le rapport du héros avec le monde qui l'entoure, point fixe fascinant, incarnation d'une abstraction mathématique qui obsède ceux qui succombent à son charme. 

L'histoire de Jack avec Angelo peut sembler anecdotique à première vue, mais elle traduit la fascination morbide qu'inspire aux hommes le concept de l'immortalité, l'obsession de la pierre philosophale. Pour le capitaine Harkness, cette attention particulière dont il fait l'objet est sa force, mais aussi sa faiblesse, inspirant autant la passion que la peur. Point fixe d'une intrigue qui prend un ton plus personnel, le chef de Torchwood va devoir, comme pour Children of Earth, trouver dans son passé les origines des malheurs des hommes. 

En le prenant en otage, Gwen montre la complexité du rapport entre Jack et les êtres humains, à la fois obsédant par son amour de la vie et exaspérant par son côté mystérieux et impénétrable. Soulignons d'ailleurs la performance remarquable de John Barrowman qui semble connaître son personnage mieux que quiconque, interprétant avec un naturel confondant cet homme pourtant si secret.. 

 

L'homme qui voulait vivre plus que tout 

S'il faut connaître la mort pour apprécier la vie, alors Jack Harkness est l'être le plus vivant au monde, ayant à plusieurs reprises connus les souffrances de la fin. Mourir est un traumatisme qui lui a enseigné à aimer l'existence plus que tout et surtout la liberté de pouvoir faire des rencontres et exprimer ses sentiments sans retenue. Après s'être concentré sur le rapport entre l'homme et sa propre mortalité, Torchwood cherche à mettre en évidence la nature de la vie, une soif de découverte nourrie par la curiosité présente dans le coeur des hommes.

Marquant une rupture forte avec l'épisode précédent, ce volet de Torchwood s'intéresse à l'existence et à la passion du Capitaine Harkness pour celle-ci. Maintenant qu'il est redevenu mortel, Jack semble libéré, tandis que le reste de l'humanité paye le prix de cette libération. De ce point de vue, il peut être envisagé comme l'inverse du Christ, l'humanité tout entière rachetant les fautes d'un héros pour qu'il puisse retrouver cette ivresse du vivant. L'occasion de se poser des questions sur la justesse d'intégrer toute une iconographie chrétienne au sein de cette histoire, surtout que la nature profondément humaine de Harkness ne se prête pas vraiment à ce type de comparaison.

 

Torchwood et le sacré

En abordant le thème de la vie et de la mort, Torchwood propose un épisode cohérent et juste qui va évidemment se poser logiquement la question de la foi et du sacré. Si la vie est un cadeau de nature divine alors Jack est une hérésie, une monstruosité, un privilégié là où le commun des mortels dont subir la sentence suprême de la disparition. La scène de torture est de ce point de vue une vraie réussite, tout comme les scènes dénudés qui nous rappellent que la clé de la vie et de la mort se trouve dans la chair, entre le baiser doux qui effleure et le coup de couteau qui transperce. 

Dans la scène inspirée de la descente de croix où Angelo nettoie les pieds de Jack, la série déçoit en proposant une incarnation du mythe chrétien particulièrement inutile. Présenter Jack comme un Messie est presque un affront, car le capitaine Harkness n'est pas homme à souffrir pour les existences des autres. Son seul centre d'intérêt est la vie, la sienne avant tout, ce qui lui donne ce côté vaurien particulièrement irrésistible. Il est triste de voir la série céder de manière aussi ridicule à une telle évocation du Christ, là où Torchwood avait toujours su faire preuve d'un athéisme indéniable.

Mais je chipote évidemment, tant l'épisode est particulièrement intéressant pour tous ceux qui, comme moi, sont fascinés par le mystère de Jack Harkness. Plus qu'un simple héros, il devient le temps d'un épisode non pas une icône, mais le symbole du désir de vivre qui renverse les montagnes et terrasse les dieux eux-mêmes.

 

Un scénario qui se concentre sur l'essentiel et se débarrasse des détails

Petite parenthèse dans l'histoire du Miracle, cet épisode centré sur l'homme qui ne pouvait  pas mourir délaisse clairement Rex et Esther pour revenir aux sources de la série. Seulement, ce retour va se faire au détriment d'un certain réalisme, surtout dans une résolution moyennement crédible de la prise d'otage là où les auteurs avaient moyen de donner une scène à Rhys. Cette séquestration de la famille de Gwen aura surtout permis d'intégrer une pause mythologique certes nécessaire, mais qui donne au final une impression de solution de facilité assez désagréable, comme si les auteurs tentaient de bâcler la conclusion de toutes les intrigues annexes pour revenir au Miracle. 

Torchwood avance sur le chemin de la vérité au travers d'un épisode qui réjouira tous les fans du capitaine Harkness, mais déçoit par la façon artificielle dont l'intrigue est résolue. Un bon moment, mais qui aurait pu facilement être meilleur avec une ambition un peu plus grande et en évitant certaines lourdeurs comme la scène de la descente de croix.

 

J'aime : 

  •  le personnage du Capitaine Jack Harkness, l'homme qui refusait de mourir 
  •  une histoire sur la vie et la quête du secret qu'elle cache assez réussie 
  •  les scènes entre Gwen et Jack particulièrement réussies 
  •  un épisode au contenu mythologique fort 

 

Je n'aime pas : 

  •  certaines références christiques balourdes 
  •  des raccourcis scénaristiques déplaisants en fin d'épisode 
  •  j'espère que les auteurs ont une bonne explication pour le coup des lentilles

 

Note : 13 / 20 

Un  épisode mythologique fort qui parle de la vie au-delà de la mort par le biais de son héros emblématique, le Capitaine Jack Harkness. Dommage que les auteurs s'accordent quelques facilités qui viennent réduire à néant la qualité de l'ensemble, surtout dans la résolution de la prise d'otage particulièrement peu crédible.

L'auteur

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