Donnez du sens à l'impossible
Torchwood arrive au domicile d'Angelo où se trouve le corps de l'ancien amant de Jack, maintenu en vie grâce à des soins médicaux particuliers. L'équipe va alors voir débarquer la CIA et en particulier Friedkin venu pour les faire taire afin d'obéir aux ordres des familles responsables du miracle. Trois noms vont alors prendre toute leur importance : Costerdane, Albermach et Frines, trois personnages à l'origine du Miracle.
Résumé de la critique
Un épisode de recentrage assez efficace que l'on peut détailler ainsi :
- un épisode d'investigation qui commence à faire apparaître le visage des responsables
- une vraie avancée dans la storyline d'Oswald qui prend enfin son sens
- la fin d'une course poursuite qui aura exténué les scénaristes avant le plongeon final
- une mythologie trop descriptive et pas assez explicative
Un saut vers l'inconnu assez timoré
Après avoir exploré le passé de Jack, le moment était venu de donner un sens à toute cette histoire autour d'Angelo et de donner les premières explications. Première déception qui n'en sera pas vraiment une, l'arrivée de ce nouveau personnage ne va pas entraîner de révélations majeures, mais va permettre de replacer chaque personnage en vue d'un final qui reste totalement imprévisible. Torchwood va profiter de cet épisode pour enquêter et découvrir une part de la vérité, celui du nom des trois familles qui se tiennent dans l'ombre de ce Miracle qui vire au désastre mondial.
Certes, vouloir relier le Miracle Day avec la crise financière prête un peu à sourire, cet effondrement des marchés semblant bien peu de choses au vu de la souffrance réelle des victimes des camps. Là où le monde s'angoisse pour l'effondrement d'une monnaie qui n'est qu'une valeur que relatives, Jack Harkness s'intéresse à l'homme et redécouvre le sens réel de l'expression "baiser de la mort". En tant que dernier mortel sur Terre, Jack incarne l'aspect charitable et finalement plutôt juste d'un autre vrai miracle, celui de la mort et son mystère.
Incapable de créer une vraie équipe à partir des quatre membres présents, les scénaristes optent pour un éclatement qui laisse apparaître la fragilité d'un scénario pas si bien construit que ça. L'impression d'aller-retour et de voir les scénaristes jouer la montre concernant l'enquête de Torchwood est assez palpable, certains évènements sonnant particulièrement faux, en particulier concernant Gwen Cooper. Le Miracle est en train de balayer les restes d'un monde en ruines et voir les disputes ridicules au sein de Torchwood est assez agaçant tandis qu'un monde nouveau apparaît dans lequel la place qu'occupera Oswald Danes devient une question morale cruciale.
Pour un monde nouveau purifié
Si les motivations du Miracle pouvaient paraître troubles au premier abord, cet épisode vient clarifier les réelles motivations qui consistent à bâtir un monde différent selon de nouvelles règles. Le miracle devient une simple étape de transition, le temps d'engendrer suffisamment de panique pour que les commanditaires réécrivent un nouvel ordre mondial. Un coup d'état à une échelle invraisemblable, une prise de pouvoir parfaitement préparée dans lequel Oswald Danes pense avoir la chance de retrouver une dignité.
L'autre miracle de la mort est celui de permettre de racheter nos fautes, non pas envers la société, mais par rapport à notre conscience et d'espérer pouvoir effacer l'ardoise de nos erreurs. Pour Oswald, le miracle était avant tout le sien, celui d'un homme voyant l'occasion d'essayer de prouver qu'un nouveau départ était possible, même pour le pire des monstres. Seulement, la réalité va le rattraper, car ce Miracle n'est qu'une chimère et n'a pour but que de donner purifier une société en modifiant son rapport à la vie elle-même.
Un épisode qui prend le temps de marquer une pause pour redonner du sens à l'histoire Oswald Danes, élément central de cette saison de Torchwood qui permet de comprendre les intentions des responsables. Les familles remodèlent le monde selon leur désir pendant que tout le monde court dans tous les sens sous l'effet de la panique et se prépare pour l'avènement d'un monde nouveau sans que la moindre résistance apparaisse.
Une saison qui manque d'une réelle assise
Au travers de cet épisode, les auteurs tentent de reposer tous les éléments nécessaires en vue du final et laissent apparaître le principal défaut de cette saison qu'ils essaient de corriger. En plaçant leur intrigue dans un pays de la dimension des Etats-Unis, la série aura eu la mauvaise habitude de générer beaucoup de déplacements et de ne jamais donner une vraie assise au show. A force de courir à droite à gauche, la série s'est lentement épuisée, incapable de se reposer sur des éléments ou personnages récurrents comme dans la saison trois.
Seul Oswald et Jilly auront fait preuve d'une certaine stabilité, apportant une vraie évolution cohérente dans la récit au contraire de personnage comme Rex qui n'aura pas cessé de changer d'opinion sur sa loyauté envers Torchwood au gré de scénaristes peu cohérents. L'arrivée de Shapiro va faire le même effet, malgré le ton comique du personnage, celui-ci venant à chaque fois interférer avec la dynamique du scénario pour empêcher celui-ci de fournir enfin de vrais explications. Le show reste ambitieux, proposant un univers passionnant, mais traîne les pieds et ne se montre pas à la hauteur du Miracle, laissant un goût d'inachèvement.
Raconter, c'est savoir dire simplement quelque chose d'universel
Si l'histoire du Miracle n'a jamais déçu, prenant des proportions incroyables à la hauteur de mes attentes, la capacité des auteurs à donner du sens et à raconter cette histoire aura été décevante. Se limitant pour l'instant à décrire les évènements et à suivre le mouvement, Torchwood n'aura jamais réussi à prendre le dessus et à résister. Le retour de la théorie du champ morphique revient comme une litanie sans vraie signification, donnant l'impression d'une incapacité des auteurs à donner une vraie explication à ce Miracle.
En explorant les thèmes de la vie et la mort, la série aura fait preuve d'un certain courage, mais le côté trop parfait et brillant du miracle n'aura pas suffit à cacher le manque de ressort de cette histoire. Seul Gwen aura tenté de lutter et de prendre le contrôle sur une bataille dans laquelle Torchwood n'aura été que spectateur ce qui n'est pas du tout acceptable. En conclusion, un bon épisode qui confirme les qualités et les défauts d'une série qui aura commis quelques erreurs regrettables tout le long de la saison.
Il reste deux épisodes pour décider des qualités ou des défauts de ce Miracle Day et dire que l'attente est grande n'est pas un vain mot. Le moment est venu pour Torchwood de combattre en cessant de courir pour rattraper une histoire que rien ne peut stopper.
J'aime :
- le ton assez original pour la scène du baiser de la mort
- un miracle toujours aussi passionnant
- la scène entre Bill Pullman et Lauren Ambrose
Je n'aime pas :
- l'intervention de la CIA assez accessoire
- le départ de Gwen qui sonne assez faux
- un scénario qui peine à orienter le récit dans le sens voulu
Note : 12 / 20
Un épisode à l'image de cette deuxième partie de saison, racontant beaucoup de choses secondaires pour éviter d'avoir à fournir une vraie explication au Miracle. Heureusement, celui-ci reste toujours aussi captivant grâce à un duo Oswald - Kitzinger qui ne déçoit pas. Agréable, mais en dessous de mes attentes.