Critique : Touch 1.04

Le 11 avril 2012 à 11:37  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode intéressant qui marque une progression du show vers une forme plus maîtrisée et plutôt convaincante.
Par sephja

Critique : Touch 1.04

~ 8 minutes de lecture
Un épisode intéressant qui marque une progression du show vers une forme plus maîtrisée et plutôt convaincante.
Par sephja

Un cerf-volant pour donner la direction 

Martin reçoit le droit de passer la journée avec son fils Jake et choisit de l'emmener sur la tombe de sa mère où il rencontre un homme nommé Bobby Ariza qui déclare avoir connu son épouse peu de temps avant sa mort. Seulement, avant même qu'il ait pu lier connaissance, son fils le contraint à s'éloigner, montrant une obsession pour le nombre neuf et un demi. Pendant ce temps, en Irak, le lieutenant Laura Davis et son escadron sont les victimes d'une attaque surprise. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode intéressant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un récit mythologique assez touchant malgré quelques hésitations 
  •  une intrigue avec Jake simplifiée plutôt intéressante 
  •  la tendance de Touch à toujours vouloir en faire trop 
  •  un épisode plus solide que d'habitude

 

 

Le souvenir de ceux qui manquent 

Pour cet épisode, le show se recentre sur la famille Bohm avec l'évocation de la défunte femme du héros, Sarah occupant une place importante à l'intérieur du récit. L'occasion d'une scène d'ouverture remarquable, confirmant la qualité de l'interprétation de Kiefer Sutherland, toujours en première ligne dans une série qui continue son cheminement très particulier. Ecrit par Melinda Hsu Taylor, cet épisode possède les qualités et défauts habituels du show, mais cherche enfin à proposer un début de continuité avec le retour de quelques personnages secondaires aperçus dans le pilot. 

L'intrigue tourne autour d'un cerf-volant qui est venu directement se placer à la croisée des chemins entre Martin et Bobby Ariza, un inconnu qui connaissait personnellement son épouse. Si l'évocation de la mère de Jake est assez émouvante, c'est surtout l'exposition du sentiment de culpabilité du héros qui s'avère être la plus touchante. Plutôt que d'aborder le 11 septembre du point de vue de la question terroriste, les auteurs s'interrogent sur la mécanique délicate du deuil et du besoin très humain de donner un sens à l'acte de violence le plus destructeur.

En plaçant l'épisode sur le thème de la communication, le scénario définit la différence entre la vie et la mort par notre capacité à échanger avec les autres. La vie ne se définit plus dans ce vingt et unième siècle à une logique cartésienne où l'existence se limitait à la seule capacité d'exprimer une pensée originale. Elle existe désormais au travers du réseau, vivre voulant dire communiquer avec les autres et partager une expérience sur l'espace collectif d'expression. Tournant autour du souvenir de la mère de Jake, la connexion entre Martin et Bobby est la colonne vertébrale de cet épisode, malgré les petites hésitations dans la progression du scénario.

Loin d'être parfait, l'épisode possède toujours cette faiblesse, étrange naïveté qui fait partie désormais de l'ADN de la série et lui apporte un certain charme. Moins compliquée, l'intrigue va chercher à limiter son rayon d'action et s'avère au final particulièrement plaisante à suivre. 

 

L'importance de définir une hiérarchie au sein de l'épisode 

Dans les premiers épisodes de Touch, Tim Kring s'efforçait de développer les différentes intrigues sur un même pied d'égalité, construisant une mosaïque qui devait se rejoindre lors d'une grande résolution finale. Un concept difficile à mettre en oeuvre qui montrait ses limites dans l'épisode précédent, obligeant le créateur du show à faire évoluer la série en hiérarchisant les différentes intrigues. Proposant une tonalité dramatique ou comique, ces différentes storylines sont autant d'anecdotes dont l'ancienne scénariste de Lost va tenter de faire une histoire par un jeu d'emboîtement assez malin. 

Plutôt qu'un grand final qui se charge de tout résoudre, la scénariste propose un cheminement où les situations se résolvent en cascade, allant de l'histoire principale aux intrigues secondaires en respectant une hiérarchie liée à leur force dramatique. Plus fluide, la série se construit comme un mécanisme enclenché par le flux des causes et des conséquences reposant sur une intrigue principale qui sert de pilier au reste de l'histoire. Seulement, si les transitions sont plutôt bien pensées, l'histoire principale peine à convaincre, la faute au comportement légèrement agaçant de Jake qui sert un peu trop à justifier des rebondissements pas toujours bien amenés.

L'ensemble est plaisant, mais Touch propose un final assez frustrant concernant son intrigue principale, la conclusion soulignant l'aspect confus des intentions de Jake. Si le garçon sert de moteur à la série, sa présence sur les lieux apparaît comme un handicap, cette histoire de cerf-volant se révélant trop anecdotique pour ne pas créer une certaine gêne. Une conclusion regrettable tant le reste de l'épisode est pour le moins plaisant et efficace, esquivant le piège du mélodrame en proposant un bon mélange entre comédie et drame.

 

 

Trouver le juste équilibre 

Avec cet épisode, Touch semble progresser dans le bon sens et à la bonne idée de réemployer des personnages déjà vus dans les épisodes précédents. Ainsi, on retrouve Titus Welliver qui poursuit son chemin de croix, évoquant à sa manière la mémoire de Sarah, son sentiment de culpabilité donnant une dimension mythologique qui la rapproche de Martin Bohm. Reliant l'intrigue principale et cette storyline, le souvenir de Sarah tient une place particulière au coeur de cette intrigue, montrant combien l'impossibilité de communiquer avec l'autre est toujours vécu comme une souffrance.

Avec son histoire mondialisé et son goût pour l'échange culturel, Touch cherche à véhiculer un message universel et prend le risque à plusieurs occasions d'en faire un peu trop. Ainsi, l'accident dans l'escalier paraît assez inutile, servant juste à amener un suspense plutôt artificiel dans l'intrigue de Randall Meade, poursuivant à sa manière la même quête que le héros. Sans être déplaisante, l'histoire ne parvient jamais à donner du sens à l'évolution de ce personnage en quête de réponse, soulignant la difficulté des auteurs pour donner une vraie cohérence à ce récit éclaté. 

L'histoire en Irak est l'exemple parfait de la tendance de la série a imposer une philosophie  aux frontières de l'angélisme afin de détourner l'attention des grosses ficelles du scénario. Ainsi, certaines répliques sont clairement en trop dans la storyline du groupe de rock, ruinant en partie la crédibilité de l'ensemble par son idéologie un peu trop explicite. A la fois touchante et déroutante, Touch est une série à part, un pari risqué de Tim Kring qui mérite d'être salué, tant le show possède une force de conviction qui l'emporte sur ses défauts.

 

Un premier pas dans le bon sens

Difficile de trouver une série plus fragile que celle-ci, tant son concept de départ et sa touchante naïveté est à la fois son défaut principal et sa qualité première. Mieux maîtrisé que les précédents, cet épisode délaisse la structure habituelle pour donner un ensemble plus fluide avec des ficelles un peu moins grossières. Un premier pas du show dans la bonne direction, développant une mythologie encore assez confuse qui suffit malgré tout à fournir un divertissement particulièrement plaisant porté par des comédiens convaincants. 

Après un épisode mineur la semaine passée, Touch retrouve son second souffle par le biais d'un scénario efficace qui signe d'entrée une scène d'introduction très réussie portée par un Kiefer Sutherland impeccable. La série marque alors une progression  vers une forme moins heurtée, réutilisant intelligemment des personnages déjà connus. Malgré quelques fautes de goût et un final plutôt confus, la série conserve son charme particulier, s'imposant comme une singularité assez attachante dans le monde des séries tout en développant un embryon de mythologie plutôt intéressant.

 

J'aime : 

  •  la scène d'introduction à la fois élégante et touchante 
  •  la construction de l'épisode 
  •  les comédiens très bons 

 

Je n'aime pas : 

  •  les intentions de Jake assez confuses 
  •  le comportement un peu répétitif de Martin envers son fils 

 

Note : 13 / 20 

Ecrit par Melinda Hsu Taylor, un épisode ambitieux qui propose un bon mélange entre drame et comédie, imposant le style particulier d'une série toujours aussi attachante. Malgré tout, le rapport singulier entre Martin et Jake risque vite de devenir un handicap, le scénario souffrant d'un final assez confus qui peine à donner du sens à certains points de l'histoire.

L'auteur

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