Critique : Touch 1.06

Le 25 avril 2012 à 17:33  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode de mi-saison plaisant qui commence à faire apparaître les bases d'une mythologie assez intéressante.
Par sephja

Critique : Touch 1.06

~ 8 minutes de lecture
Un épisode de mi-saison plaisant qui commence à faire apparaître les bases d'une mythologie assez intéressante.
Par sephja

Reconnecter le passé et le présent 

 

Martin Bohm ramène une série de valises perdues à l'aéroport JFK par leurs propriétaires lorsqu'il rencontre la famille Mc Nichols, à la recherche de leur fils Andy, kidnappé le jour même. Chargée d'évaluer Jake, Clea est appelée par l'hôpital pour venir prendre soin de sa mère, une marginale victime de violentes crises de schizophrénie avec qui elle a perdu tout contact. Pendant ce temps, Arthur Teller tente de rencontrer le jeune autiste pour parler avec lui d'une de ces anciennes patientes, Amélia.

 

Résumé de la critique

Un épisode convaincant que l'on peut détailler ainsi :

  •  un récit qui délaisse les détails au profit de l'intrigue principale 
  •  une mythologie qui se met en place 
  •  l'importance de disposer d'un but précis 
  •  un épisode comme un acte fondateur

 

Kiefer & Danny

 

Une bonne histoire qui oublie de soigner les détails 

 

Touch arrive à la fin de sa première moitié de saison et la série marque l'évènement avec un épisode plutôt abouti qui installe clairement une routine dans la construction des intrigues. Mieux maîtrisé en apparence, l'histoire est fluide, dynamique, moins confuse à l'aide d'un enchaînement de situations assez crédible. Mais surtout, cette histoire évite les séquences d'expositions à rallonge en s'appuyant sur deux personnages déjà connus, Martin et Clea, qui vont servir de moteur à un récit tournant autour de la recherche de personnes disparus.

La hiérarchie entre les différentes storylines est assez claire et l'histoire de la rencontre entre Lanny Zheng et Will Davies est vite limité à un cadre assez anecdotique malgré la nature exceptionnelle de sa destinée. C'est sur ce récit particulier que Touch déçoit, cette part du scénario ayant été clairement conçue pour donner l'illusion d'un grand dessein, mais se heurte à la question du sacrifice de tous les passagers d'un avion au profit du seul héros. Peu crédible, cet accident d'avion est une vraie mauvaise idée, les différents segments de la vie de Will ne parvenant plus à s'emboîter de manière convaincante.

Le talent de David Julian Hirsh permet de masquer les défaillances de cette storyline décevante et incohérente, surtout concernant la transition entre l'accident d'avion et son bureau. L'ellipse paraît clairement tirée par les cheveux, montrant les limites d'une série qui veut tellement faire croire à l'existence d'un destin commun qu'elle force parfois trop le trait. Toujours touchante grâce à un casting impeccable, elle se repose ici sur un duo entre Martin - Clea efficace, offrant l'occasion pour les auteurs de développer le personnage de la pédopsychiatre.

 

Une mythologie qui se met en place

 

Pendant que Martin Bohm poursuit sa mission du jour, les auteurs vont poursuivre les développements concernant Arthur Teller qui vient rencontrer Jake pour lui parler d'Amelia, un de ces anciennes patientes partageant avec lui le même trouble du comportement. L'ensemble reste assez confus, mais permet d'installer une intrigue troublante, reposant beaucoup sur la performance d'un Danny Glover émouvant, à la recherche d'un fantôme de son passé. L'épisode fait alors écho aux précédents, appuyant l'idée de l'existence d'un secret au sein de cet institut tout en restant assez confuse.

Intrigue plus sombre et légèrement surnaturel dans son traitement, l'histoire d'Amelia apparaît comme une singularité dans l'univers de Touch, s'inscrivant dans la continuité de l'obsession de cet épisode de relier le passé avec le présent. Ainsi, après avoir montré une forte conviction dans l'existence d'un lien entre tous les êtres humains, les auteurs s'intéressent aux connexions rompues, détruites par le temps ou par une expérience trop traumatisante et destructrice. La mythologie trouve alors sa place, mais cherche encore le bon moyen pour s'exprimer, Jake ne pouvant pas remplir le rôle de narrateur.

Le show fait donc le choix du flou, de petites visions en instantané et parvient à attirer notre curiosité en donnant une direction claire à un début de saison qui fut jusqu'ici assez hésitant, peinant à trouver la formule adéquate par rapport au concept singulier de la série. Le final parait un peu prématuré, mais a le mérite de servir d'acte fondateur à une mythologie qui amène une touche de noirceur dans un univers jusqu'ici un peu trop naïf.

 

Kieffer

 

Eviter de rester dans le brouillard 

 

Une qualité particulière caractérise cet épisode par rapport aux précédents, à savoir la précision de la mission attribuée à Martin Bohm, évitant ainsi l'habituelle et maladroite course poursuite entre Jake et son père. Ici, les évènements laissent apparaître un fil directeur fort, évitant cette sensation d'une équipe d'auteurs qui nous promènent en essayant de justifier péniblement l'intrigue du jour en multipliant les coïncidences opportunes. Bien pensé, le démarrage de l'épisode à la bonne idée de poser un point fixe, un kidnapping qui donne de l'enjeu au récit et fournit un climax mieux maîtrisé que d'habitude.

Dans son rôle de psychologue, Gugu Mbatha-Raw est vraiment convaincante, l'épisode offrant l'occasion d'explorer ce personnage jusqu'ici discret, marqué par un passé plutôt violent et un traumatisme qui donne du sens à sa volonté d'aider le jeune autiste. Des souvenirs très présents dans l'univers de Touch, que ce soit ceux concernant la femme de Martin ou ceux d'Arthur, source de tourments et de souffrances menant à une déconnexion avec une partie du monde. Une peine que partage Jake, signe d'une rupture forte dans le tissu social, clarifiant sa mission qui consiste à reconnecter ceux qui ne l'étaient plus et à redonner ainsi du sens à des existences trop matérialistes, comme celle de Lanny ou de Will.

C'est sur ce point que l'épisode déçoit légèrement, dressant le portrait de deux personnages qui vont apprendre à faire le choix de privilégier leur vie personnelle à leur carrière. Un revirement moral prévisible et cliché pour deux vies anecdotiques vite étouffées par la dimension tragique de l'intrigue principale. Une preuve que si Touch a su trouver la bonne formule, elle se heurte encore à des problèmes d'équilibres entre la qualité des personnages récurrents et le côté assez artificiel de sous-intrigues plus anecdotiques.

 

Feuilleton vs Stand Alone 

 

Connu pour la série Heroes ou pour Crossing Jordan, Tim Kring est fréquemment passé du format feuilletonnant à une construction en stand alone plus classique. Ici, l'hésitation est perceptible pour Touch, l'auteur hésitant entre l'ambition d'une intrigue sur le long terme et le confort d'une routine moins risquée et plus fédératrice. Poussé par la politique actuelle des chaînes de refuser le format feuilleton (exception faite de l'excellente Revenge), les auteurs se retrouvent face à un problème lié au déséquilibre entre une intrigue principale plutôt forte et des histoires annexes un peu trop simplistes.

Une difficulté prévisible et inhérente au concept de base de la série qui fournit, malgré tout, un divertissement de qualité tenu par un casting impeccable. Assez fluide, plus dynamique qu'à l'accoutumé, cet épisode se révèle particulièrement plaisant grâce à la bonne association entre Clea et Martin Bohm. La mythologie connait aussi une belle avancée, proposant quelques révélations sur le passé d'Arthur Teller avant un final singulier, twist un peu prématuré qui laisse quelques inquiétudes pour la suite de la saison.

 

J'aime :

  •  une mission du jour prenante pour une intrigue assez dynamique
  •  les comédiens très convaincants 
  •  la scène finale particulièrement bien réussie 

 

Je n'aime pas : 

  •  l'histoire de Will pas assez crédible 
  •  le twist final un peu prématuré

 

Note : 13 / 20 

Si Touch perd avec cet épisode un peu de sa naïveté, il gagne en efficacité avec une mission parfaitement claire pour Martin Bohm qui vient au secours de la psychologue de son fils. Un scénario qui reste assez juste, avec des acteurs impeccables, gâché par la mauvaise idée de cet accident d'avion inutile.

L'auteur

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