Espace Euclidien
Martin Bohm accompagne son fils Jake au muséum, espérant ainsi améliorer son image auprès de l'institut dans le but de conserver la garde de son fils. Une fois sur place, le jeune autiste semble captivé par le visage d'une inconnue nommée Véronique apparaissant sur un écran géant qui retransmet depuis le Louvre en direct. Soudain, celle-ci croit reconnaître parmi les badauds sa mère qu'elle croyait morte depuis une vingtaine d'années.
Résumé de la critique
Un épisode moyen que l'on peut détailler ainsi :
- des ficelles un peu trop grosses
- une série qui ne parvient plus à progresser
- une histoire spatiale trop anecdotique
- une porte six au potentiel limité
Une coïncidence ne suffit pas à faire une vérité
Après un épisode en demi-teinte, Touch propose une intrigue qui va faire étalage de son ambition avant de se heurter à une idée de départ assez bancale et assez peu convaincante. Incapable de progresser, le scénario de Touch se concentre sur un routine autour de Jake qui entraine son père dans une course poursuite assez lassante, celui d'une intrigue écrite au fur et à mesure. Pourtant, la séquence devant l'écran géant était assez troublante malgré des incrustations ratées, créant l'illusion d'une progression du jeune garçon qui n'aboutira à rien, proposant une série de coïncidences qui se veulent troublante, mais vont ruiner petit à petit la crédibilité de cette histoire.
La vitesse à laquelle Veronique reconnaît sa mère est à l'image du reste de l'épisode, un récit à marche forcée qui ne renoue pas avec la légèreté et l'aspect touchant du début de saison. Surtout qu'entre la scène de l'échange de portable, la rencontre du héros avec la jumelle de Veronique et la séquence du taxi, les auteurs abusent des accidents, dépassant les limites de l'acceptable. Trop prétentieux, l'épisode paraît alors d'autant plus prévisible qu'il n'a pas grand-chose à raconter, le potentiel de sympathie de Kiefer Sutherland ne parvenant plus à tenir ensemble un show qui part lentement à la dérive.
Une intrigue principale balourde et mal construite, osant certaines ellipses flagrantes pour masquer certaines incohérences dans la capacité de Bohm à gagner la confiance de parfaits inconnus. Mal équilibré du point de vue des différentes storylines, Touch montre ses limites, ne pouvant plus s'appuyer sur une mythologie décevante et une atmosphère moins touchante qui ne parvient plus à émouvoir. Petit à petit, le concept de départ s'effiloche et laisse apparaître les lacunes d'une organisation du récit pas suffisamment réfléchie.
L'impossibilité de se connecter
Le problème de Touch réside entre autre dans l'absence totale d'évolution dans la relation entre Jake et Martin Bohm, son autisme continuant d'être une excuse pour justifier par son comportement une progression hiératique du scénario. Seul à devoir remplir chaque mission et à porter chaque intrigue sur ses épaules, Kiefer Sutherland s'épuise à se placer toujours en première ligne épisode après épisode. Son héroïsme anonyme entraine la dégradation perpétuelle de son évaluation en tant que père, mécanique gênante où les missions que son fils lui attribue apparaisse vu de l'extérieur comme des preuves de son irresponsabilité.
Ce choix de créer un suspense sur la possibilité de Martin de pouvoir garder son fils apparaît de plus en plus comme une erreur, tout comme le décès d'Arthur qui est venu couper l'élan positif de la série. La mythologie repose désormais sur le personnage d'une psychologue pleine de compassion interprétée par Gugu Mbatha-Raw, actrice sympathique qui ne possède pas l'impact d'un Danny Glover. Sans la moindre trace de sentiments, le garçon apparaît comme un mur, son jeu avec les élastiques devenant assez rapidement des plus agaçants par sa répétition stérile, symptomatique de l'incapacité de cette histoire à prendre du sens.
Le signifiant, voilà ce qui manque à Touch, la série optant pour le mélodrame simpliste et peu crédible pour masquer son incapacité à offrir une vraie progression dramatique, à lier les différentes anecdotes qui ponctuent l'épisode. A la différence des premiers épisodes qui justifiaient le format singulier du récit lors d'un effort final où les storylines se mêlaient pour créer un tout illusoire et séduisant, cette histoire n'aboutit à rien et paraît pour le moins artificiel. Devenant un justicier improbable, Martin Bohm perd dans le dernier acte une bonne part de sa crédibilité, la conclusion relevant de la facilité la plus grotesque.
Se connecter à l'univers
Pendant que l'intrigue principale tire sur la corde pour essayer de justifier un pitch de départ maladroit et peu inspiré, les auteurs nous offrent un séjour dans l'espace assez peu concluant malgré la bonne performance d'Anne Dudek. Assez confuse, cette histoire n'est connectée à l'intrigue principale que par un vague employé d'une agence de taxi dont le lien avec l'intrigue principale reste pour le moins anecdotique. Une histoire peu concluante qui cherche à lier les astronautes de l'ISS et la vie d'un citoyen lambda, bluette peu crédible à cause d'un contexte pour le moins nébuleux.
L'anecdote serait intéressante si elle apportait un éclaircissement à l'intrigue principale, mais son utilité se limite ici à compléter une histoire qui parvient beaucoup trop vite à sa conclusion. Les dix dernières minutes n'étant qu'une prolongation inutile d'une mauvaise idée qui va aboutir à un récit spatiale confus et plutôt incohérent. Si le principe de lier deux solitudes par le biais d'un coup du destin possède un charme assez enfantin, l'ensemble est tellement confus qu'on se surprend à ricaner tristement devant le spectacle naïf et peu crédible d'une série en pleine déroute.
Construite sur un pitch peu solide et bancal, Touch est en train de basculer petit à petit, perdant cette simplicité qui lui donnait tout son charme en proposant des anecdotes qui ne parviennent plus à interagir réellement. Perdu dans sa progression et sa mythologie, le show de Tim Kring inquiète fortement, à la recherche d'un second souffle qui peine à venir. Surtout que cette histoire de porte six reste pour le moins opaque, laissant poindre le risque de voir la saison un s'achever dans deux épisodes sur un constat d'échec pour le moins attristant.
Derrière la porte six, le néant
Il est dit, en mathématiques, qu'un espace vide n'est qu'un concept abstrait, tout ensemble possédant malgré tout une topologie et le potentiel de devenir quelque chose. Seulement, si la porte six possède un certain pouvoir de fascination par son mystère, elle prépare à un tournant gênant de la série vers le fantastique, orientation que les auteurs hésitent à aborder. A l'approche de la fin de saison, Touch va devoir choisir quoi faire de cette porte close, sans quoi cette saison prendrait le risque de n'aboutir sur rien d'autre qu'un profond sentiment de frustration et de déception.
En conclusion, un épisode médiocre, la faute à un auteur qui tire sur la corde d'une intrigue familiale peu crédible, offrant une conclusion qui apparaît comme la première fausse note de cette saison. Moralisateur et prétentieux, ce récit est à l'opposé de ce qui fait habituellement le charme du show, reposant sur des bases fragiles et un ensemble de storylines sans connexion évidente. A deux épisodes de la fin de saison, Touch laisse reposer toute son intrigue de manière inquiétante sur une porte qui devient le symbole de la peur du néant, celle de l'aveu d'une création aux fondations inexistantes.
J'aime :
- le pitch de départ était intéressant
- les comédiens font de leur mieux
Je n'aime pas :
- un auteur qui tire sur la corde d'une histoire jusqu'à la rupture
- l'anecdote spatiale confuse et sans grand intérêt
- la conclusion grotesque
- une mythologie totalement à l'arrêt
Note : 10 / 20
Perdant avec Arthur Teller toute sa mythologie, Touch ne parvient plus à se donner du sens, offrant des intrigues mal conçues, la faute à un duo Martin - Jake qui ne fonctionne plus vraiment. Décevant, un épisode qui confirme la mauvaise passe actuelle traversée par la show, avec un dénouement absurde qui ruine une bonne part du capital sympathie de la série.