Critique : Twin Peaks 1.06

Le 15 mai 2011 à 13:59  |  ~ 7 minutes de lecture
Episode de transition assez réussi au vu de la difficile tâche qui lui incombe de clore les storylines les moins intéressantes. Au programme, un scénariste oublié, deux personnages secondaires de la série, comme une respiration avant un final inquiétant.
Par sephja

Critique : Twin Peaks 1.06

~ 7 minutes de lecture
Episode de transition assez réussi au vu de la difficile tâche qui lui incombe de clore les storylines les moins intéressantes. Au programme, un scénariste oublié, deux personnages secondaires de la série, comme une respiration avant un final inquiétant.
Par sephja

Pitch Renée Madison 

Tandis que Cooper repousse avec galanterie les avances d'Audrey, Leo Johnson découvre que Bobby Briggs est l'amant de sa femme. Seulement, il va devoir repousser sa vengeance pour prendre soin d'éliminer d'abord un mainate un peu trop bavard que l'adjoint Cooper a récupéré. En même temps, Donna, James et Madeleine découvrent la nature étrange de la relation entre Laura et le docteur Jacobi.

 

Une introduction qui prépare le terrain

 

Le final approche et l'épisode précédent a prouvé que Mark Frost semble avoir une idée assez précise des évènements à venir. Confrontés à la pression d'un public très exigeant qui ne leur pardonne pas la moindre faute, les auteurs de Twin Peaks ont bien l'intention de marquer le coup, afin de s'assurer une seconde saison. Mais pour produire un final à la hauteur du show, il faut d'abord disposer les différents éléments en fermant les storylines inutiles pour mieux se focaliser sur les éléments les plus ambitieux. 

Si le mainate est un oiseau charmant (coucou Puck, j'espère que le tien est encore vivant), son utilisation dans l'intrigue s'avère vite ennuyeux, l'oiseau possédant un répertoire de jeu assez limité (oui, c'est une blague). Conscient du manque de potentiel de ce point de l'intrigue, Harley Peyton applique la meilleure des solutions en se débarrassant du volatile de manière très théâtrale. 

Petite anecdote en passant, comme la plupart des séries qui approchent de la fin de saison, Twin Peaks avait par le biais de David Lynch fait courir la rumeur qu'une mort tragique frapperait un des personnages. On appréciera évidemment la touche très second degré de cette scène, la mort de l'oiseau étant même annoncé de manière dramatique par le soap "Invitation to love". 

Bref, pour cet avant-dernier épisode, Twin Peaks ne développe pas son intrigue principale, se focalisant beaucoup sur Audrey Horne qui confirme son statut de personnage vedette. Sa relation particulière avec l'agent Cooper donne lieu à de très bonnes scènes, les deux comédiens ayant trouvés un équilibre assez harmonieux dans leur façon de jouer. En inspectrice de charme, Sherylinn Fenn apporte une dimension supplémentaire au show, portant superbement bien une robe inspirée, comme la série, par Marylin Monroe. 

L'intrigue de Catherine Martell s'avère par contre assez ennuyeuse par son absence totale de connexions avec l'affaire Palmer. Elément faible du show, référence direct au soap, cette storyline traîne en longueur et provoque une baisse de l'intensité du récit et du climat de la série. En multipliant les preuves de la duplicité de Jocelyn Packard, l'intrigue s'améliore peu à peu, la série ayant trouvé avec la jeune chinoise sa garce manipulatrice, personnage inévitable dans les soaps américains. 

 

Scénariste peut être un métier ingrat

Si les créateurs de la série savent se donner le crédit des meilleurs épisodes, ceux où le drame se dénoue et où le spectateur est captivé par la richesse du récit, très peu d'entre eux se battent pour réaliser ce qu'on appelle les épisodes de transition. Harley Peyton aura écrit et produit plus de quatorze épisodes de Twin Peaks sans pour autant en tirer tout le crédit qu'il méritait. Car cet épisode, malgré ses faiblesses certaines, remplit parfaitement son rôle, qui consiste à orienter dans la bonne direction chacun des éléments.

Le récit, malgré certaines lourdeurs et redites, est d'une clarté surprenante, et fournit chacune des informations nécessaires au final, comme un amuse-gueule avant le plat de résistance. Chaque point de détail est soigné, l'épisode donne à Mark Frost et David Lynch tous les moyens de lancer un final prometteur sans qu'aucun détail ne vienne entraver la fluidité du récit. 

Scénariste peut être un métier ingrat et H. Peyton le sait parfaitement, mais son sérieux convaincra Lynch et Frost de lui accorder des épisodes plus ambitieux dans la saison deux.  

 

Big Ed Hurley, le personnage "couleur locale"

 

Si certains personnages de Twin Peaks semblent perdus dans cette ville de campagne qui ne leur ressemble pas, Big Ed est le seul à posséder un style parfaitement en harmonie avec le décor. Monolithique, il est partagé entre ses sentiments pour Norma et son épouse Nadine, une femme instable dont la santé mentale dépend beaucoup de la présence de Ed. Refusant de s'opposer à l'opinion des autres, Big Ed est un suiveur, un homme qui se laisse porter par le flux du temps en essayant d'entraver le moins possible le cours des événements. 

Rendu célèbre par son rôle dans la guerre du feu, Everett Mc Gill possède le physique idéal pour ce personnage et un style rugueux parfaitement dans le ton. Abonné à des rôles de méchant ou de guerrier, Twin Peaks va lui permettre de changer un temps de registre sans parvenir vraiment à convaincre. Pour l'anecdote, il avait rencontré David Lynch auparavant sur le tournage du film "Dune" où il interprétait Stilgar.

 

Jocelyn Packard ou l'art de la dissimulation 

 

Au commencement de la série, Jocelyn Packard s'avère être la victime idéale, une jeune héritière dépassée par les évènements et victime de la jalousie de Catherine. Conscient de la faiblesse de son histoire et de son absence de lien avec l'affaire Palmer, les auteurs choisissent de faire de la jeune femme un élément trouble de la série en lui prêtant des relations plus ou moins douteuses.

Encore imparfaite, cette partie de l'intrigue a su gagner en mystère et en épaisseur, tandis que Joan Chen parvenait petit à petit à trouver l'interprétation la plus juste de son personnage. Habituée des séries télévisées, la jeune chinoise connaîtra une carrière assez faste dans les deux pays, même si ses rôles aux Etats-Unis se limiteront à des productions assez populaires.

 

La fin de saison approche... 

Après avoir captivé durant la première saison entre 16 et 18 millions de téléspectateurs, Twin Peaks se doit d'avoir une fin à la hauteur de l'engouement suscité par la série. Avec une conclusion qui laisse en suspens de nombreux éléments, la série a toutes les cartes en main pour produire un final à la hauteur de l'attente créée. Le travail minutieux de Peyton et l'ambition de Frost et Lynch trouveront l'occasion de s'exprimer à leur maximum pour permettre au show de devenir la référence que l'on connaît aujourd'hui. 

Savoir gérer les temps forts et les moments plus lents, comme une symphonie à plusieurs mains qui s'écrit devant nos yeux, voilà ce qu'est Twin Peaks.

 

J'aime :

  •  Sherylinn Fenn qui tient l'épisode sur ses épaules avec un charme remarquable
  • l'inoubliable scène de la cerise
  • l'humour second degré de l'exécution de l'oiseau
  • une narration claire et efficace
  • Harley Peyton, un scénariste courageux

Je n'aime pas :

  • une intrigue avec un mainate... sérieusement ? 
  • moins intense que d'habitude
  • un épisode de transition sans réel enjeu

 

Note : 14 / 20 

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