À l'issue du dernier épisode de la septième saison, l'avenir de Weeds était encore incertain et le season finale aurait parfaitement convenu pour un series finale. Le principal défi de cette reprise était donc de rebondir efficacement au cliffhanger, afin de ne pas perdre trop de temps à installer l'ultime conclusion à la série. Heureusement, Weeds nous offre pour sa reprise un épisode qui joue intelligemment avec la situation de Nancy et qui n'a pas perdu son sens de la réplique décalée, malgré une impression de surplace un peu trop prononcée concernant les autres personnages.
Un épisode qui remplit son contrat : être drôle
Ce qui fait la force de Weeds, on a pu le constater durant ses sept saisons, c'est le caractère complètement barré de ses personnages et notamment leurs répliques désabusées ou d'une lourdeur jouissive. Cet épisode ne déroge pas à la règle et les personnages restent fidèles à eux-mêmes.
En effet, que ce soit Doug et ses vannes sous la ceinture, Shane qui connaît presque mieux le métier qu'une nouvelle recrue dans la police locale complètement surexcitée, ou Andy et Jill qui ne peuvent pas s'empêcher de forniquer à côté d'une Nancy dans le coma, cela fait plaisir de retrouver les personnages dans des situations "whatthefuckiennes". Oui je sais, c'est un peu bizarre comme mot, mais ça résume plutôt bien le ton comique de la série de Jenji Kohan. D'ailleurs, une femme venue rendre visite à un patient dans la même chambre que Nancy en fait les frais, ce qui constitue une sorte de running gag plutôt efficace au cours de l'épisode.
Cet épisode contient aussi, comme à son habitude, une critique de la société américaine, rarement très acerbe mais souvent drôle dans la galerie de personnages qu'elle présente. C'est le cas par exemple du couple de vieux voisins qui se plaignent du bruit de coup de feu qu'ils ont entendu précédemment alors que Shane leur explique qu'on a tiré sur sa mère. Ou encore de la fille de Jill qui met sur facebook une photo de Nancy ensanglantée. Mais l'exemple le plus éloquent reste le discours de la responsable administrative de l'hôpital privé dans lequel est soignée Nancy. Commençant son discours par une tirade de compassion faisant preuve d'une hypocrisie évidente, elle finit par énumérer un grand nombre de pays avant de conclure qu'aux Etats-Unis, c'est bien parce qu'on accepte toutes sortes de cartes de crédit. Sauf que bien évidemment, cette liste est loin de faire l'éloge du système de santé américain.
Pour le peu qu'elle apparaît dans l'épisode, Nancy est également servie par plusieurs monologues savoureux du fait de son état critique complètement coupé de la réalité. Mais l'effet comique de l'épisode repose en grande partie justement sur l'absence de Nancy dans la dynamique entre les personnages, qui tournent habituellement autour d'elle comme le souligne Andy. Ainsi, le reste de l'étrange famille Botwin ne fait globalement qu'attendre à l'hôpital le sort de Nancy, s'attendant selon les cas plus ou moins à sa mort. Cette nouvelle dynamique donne un ton particulier à l'épisode. Mais, d'une part la série a réussi à en tirer parti, l'hôpital représentant finalement un lieu intéressant pour exploiter le côté décalé des Botwin. Et d'autre part, le réveil de Nancy à la fin de l'épisode devrait lancer la famille dans une autre direction par la suite.
Une continuité scénaristique bien vue mais qui ne convainc pas totalement
Le changement de direction, Weeds en a fait sa spécialité à partir de la quatrième saison, comme d'ailleurs l'atteste le nouveau générique très réussi de la série qui montre l'évolution géographique des Botwin (avec le retour de Little Boxes !). Cela montre d'une certaine manière la volonté de mettre un terme à ce long voyage lors d'une dernière saison qui servira de conclusion. Néanmoins, cette probable autre direction constitue également un des points négatifs de cette reprise. En effet, l'épisode donne presque l'impression d'une parenthèse avant le véritable début de la saison, et manque de fait d'enjeux narratifs clairs pour la suite.
Il y a quelques pistes, certes, mais elles restent assez maigres. Par exemple, la question de la religion pourrait être un thème de la saison, abordé ici lors du dialogue entre Andy et un rabbin. Mais Weeds n'a pour l'instant pas vraiment eu de thèmes précis pour chaque saison, et ce n'est peut être pas une mauvaise nouvelle tant le thème de la religion est souvent casse-gueule ces temps-ci. La découverte de l'identité du tireur pourrait également être un des enjeux, mais comme Silas l'indique, les ennemis de Nancy sont tellement nombreux qu'il serait vain pour eux de chercher le coupable. D'autant plus que son identité est révélée au spectateur à la fin. Et puis, ça ferait sans doute trop Desperate Housewives, sauf si Weeds traite cette recherche avec dérision. Ce qui est cependant une possibilité sachant que Shane semble particulièrement attiré par la police. À voir donc, mais il est clair que cet épisode laisse le spectateur en standby, un peu finalement comme ses personnages.
Malgré tout, on ne peut repprocher aux scénaristes d'avoir rebondi avec une certaine intelligence sur la fin de la saison précédente, en mettant au service de leur ton décalé une coïncidence en soi peu crédible. Le karma, comme le dit une femme à l'hôpital. Après tout, peut être que cette parenthèse était nécessaire pour repartir de plus belle dès l'épisode suivant, et traiter du sujet principal de la série pourtant absent de cet épisode : le trafic de drogue. En tout cas, il était essentiel que Nancy se réveille dès la fin de l'épisode, sinon la série aurait perdu trop de temps à lancer son intrigue. En outre, si la plupart des personnages dans cet épisode ne font qu'attendre sans développer une once d'intrigue, on ne peut pas en dire autant d'Andy qui ne fait concrètement pas plus que les autres, mais dont l'évolution psychologique est la plus probante et permettra sans doute des interactions intéressantes avec Nancy.
Finalement, cette reprise de Weeds est bonne sur bien des points, restant très distrayante tout en faisant le lien avec la fin de la septième saison. Cela fait plaisir de retrouver les personnages et les dialogues n'ont pas perdu de leur piquant. Mais il faudra attendre le prochain épisode si ce n'est davantage pour dire si cette ultime saison se dirige ou non vers une conclusion digne de la série avec des intrigues ne sentant pas trop le réchauffé.
J'ai aimé :
- Le retour de Little Boxes !
- Les situations décalées par rapport au sérieux supposé du lieu ou de la société en général
- Le lien avec la la fin de la saison précédente
Je n'ai pas aimé :
- Le manque d'enjeux pour la suite
Ma note : 13/20.