La liberté... et ses conséquences
Neal et Mozzie se cachent sur une île, vivant sous de fausses identités, essayant de rester sous le radar des autorités américaines. De son côté, Peter s'ennuie un peu à New-York, surveillant d'un oeil l'agent Collins qui a été affecté à la traque de Caffrey et l'accuse de faire de la rétention d'informations. Conscient du danger que son ami encourt, Burke décide de suivre sa trace en allant voir E. Parker pour la convaincre de l'aider.
Résumé de la critique
Un épisode de mise en place correct que l'on peut détailler ainsi :
- un point de départ délicat à gérer
- un duo toujours payant
- une saison autour du passé de Neal
- un épisode poussif avec un final prometteur
Un nouveau départ
Après une saison trois d'une qualité indéniable, White Collar s'était clos avec la fuite de Caffrey et Mozzie avec le trésor, les trois en route vers une destination mystérieuse avec la bénédiction indirecte de Peter Burke. Ce season premiere se devait donc d'éclairer les intentions du chef de la division White Collar et d'éclaircir le sourire mystérieux de Neal qui avait achevé le final de l'année dernière. Pourtant, au lieu de construire quelque chose de nouveau en bonifiant cette situation de départ originale, les scénaristes vont chercher clairement à revenir à la situation de départ, essayant péniblement de justifier le départ de Burke à la recherche de son ancien associé.
En fait, le problème majeur de cet épisode va résider dans l'incapacité des scénaristes à faire exister réellement la menace de Collins, agent envoyé aux trousses de Caffrey, Mekhi Phifer ne parvenant pas vraiment à s'imposer. Toutes les avancées menant à Neal vont donc reposer sur Peter, laissant un sentiment étrange tant l'agent Burke parait trahir son ami durant la seconde partie de l'épisode. Mal géré, ce script présente de gros problèmes de construction et de rythme, servant uniquement à débloquer des scénaristes qui ne parviennent pas à exploiter l'histoire de Neal et Mozzie.
Là où l'on espérait une chasse à l'homme tendue, exploitant la talent de Neal pour passer entre les gouttes, les auteurs nous offrent une séquence dans les îles clichée et assez ennuyeuse. Paresseux, cet épisode mise beaucoup sur le charme de personnages qu'on est heureux de retrouver, mais sans imposer une mythologie à la hauteur de l'histoire du trésor de Keller. Bloqué durant une bonne moitié d'épisode, les auteurs gagnent du temps et préparent le terrain pour un second épisode moins poussif qui devrait marquer, je l'espère, le véritable début de cette saison deux.
Des qualités encore bien présentes
Avec la nouvelle liberté de Mozzie et Neal, les scénaristes font la description de la définition du bonheur selon Neal, vivant la belle vie sur une île du Pacifique sans possibilité d'extradition vers les Etats-Unis. L'occasion d'offrir un autre point de vue sur Caffrey et de révéler une part de sa nature profonde, à savoir son refus d'une certaine injustice, son besoin de séduire et son goût pour les chapeaux. S'il change d'identité et d'apparence, le héros de White Collar garde certaines habitudes révélatrices, laissant apparaître l'idée que le passé de Neal va jouer une place importante durant cette saison.
Des éléments certes intéressants, mais très mal intégrés dans une histoire sans enjeu, entre romance prévisible et une histoire de vol de fruits très mal mis en valeur. Heureusement, l'épisode va éviter le désastre dans sa seconde moitié, offrant avec Peter une chasse à l'homme intéressante et assez prenante, l'agent du FBI subissant une vraie pression de la part de ses supérieurs. Le fait qu'il refuse de voir son ancien partenaire continuer sa cavale est compréhensible, mais ses intentions sont assez mal exposées, empêchant de comprendre parfaitement sa motivation.
La scène où l'équipe de Burke cherche à remonter la trace de Caffrey est sûrement la meilleure de l'épisode, preuve que les scénaristes excellent encore à proposer des jeux de pistes ambitieux. L'arrivée de Burke sur l'île ramène de l'intérêt à cet épisode, offrant une dernière partie assez prometteuse avec un cliffhanger qui remet Neal dans une situation plus que périlleuse. Un final qui rattrape clairement ce démarrage très hésitant, les auteurs se heurtant à leur incapacité à concevoir l'agent Burke sans son alter-ego, laissant apparaître les limites de White Collar.
Neal avant Caffrey
Le but de cet épisode était de nous montrer le personnage de Matt Boomer d'un autre point de vue, de laisser apparaître son besoin d'être sociable, à la différence de Mozzie qui se réfugie dans l'anonymat. Mais si l'apparence de Neal change, certains éléments de son comportement restent, point fixe qui sont l'expression involontaire de sa propre nature. Les scénaristes avaient donc ici l'occasion de creuser leur héros, de laisser apparaître ses failles en fournissant au spectateur une part de la clé de son passé, mais échoue en partie en optant pour une intrigue romantique assez fade.
La séquence de la ville de New-York construite en sable a beau être élégante, elle montre surtout le besoin de Caffrey de se poser perpétuellement des défis, de se prouver qu'il peut accomplir ce qu'il désire et esquiver les pièges que la vie lui tend. Ce besoin de se surpasser, de jouer avec le feu, est un des traits de caractère du héros du show de Jeff Eastin, poursuivant un but mystérieux que cet épisode ne parvient pas à faire apparaître. Trouver les motivations de celui-ci, voilà le défi qui attend les scénaristes pour une saison ambitieuse, mais qui part sur une mythologie assez abstraite difficile à mettre en valeur.
La rencontre entre l'agent Burke et la mystérieuse Parker est assez frustrante, ne montrant pas assez le danger que représente pour Neal cette vie consistant à fuir au quotidien son passé et son identité. Une occasion manquée, mais qui permet de mettre en valeur l'apport d'Elisabeth, employant de nouveau sa capacité étonnante à gagner la confiance des autres. C'est finalement en revenant à une certaine routine que White Collar redevient efficace et séduisante, concept show qui a besoin d'une certaine stabilité.
Un retour en demi-teinte
Après un final très réussi, le retour de White Collar était attendu et peine à se montrer à la hauteur de mes espoirs, surtout avec un agent Collins assez mal mis en valeur. Un personnage sorti de nulle part et peu convaincant qui semble ne servir qu'à fournir un antagoniste à Burke le temps de ramener Neal, lançant la chasse à l'homme du second acte contre Caffrey. Toujours dans son style fonceur et brute de décoffrage, Mekhi Phifer ne parvient pas à s'intégrer dans une série qui a toujours montré une préférence pour les personnages plus nuancés et plus séducteurs.
En conclusion, un season premiere qui apparaît comme une simple remise en route, servant juste à débloquer une situation de départ totalement bloquée. La motivation de Peter à chercher Neal parait assez floue et la scène de la découverte de la carte par Collins apparaît comme une grosse facilité scénaristique plutôt regrettable. Malgré tout, la seconde partie revient à une routine bienvenue avec le début de la chasse à l'homme, retrouvant les qualités d'écriture qui font le charme de la série jusqu'à un final plutôt intéressant et un second épisode qui devrait marquer clairement le vrai début de cette saison quatre.
J'aime :
- la seconde partie de l'épisode
- la partie de l'intrigue centrée sur Tim DeKay
- le final ambitieux
Je n'aime pas :
- le personnage de Collins
- la première partie poussive
- l'astuce de la carte assez grossière
Note : 12 / 20
Un season premiere inégal avec une première partie poussive, la faute à un agent Collins peu convaincant et à un scénario qui peine à se lancer. Heureusement, la seconde partie centrée sur la chasse à l'homme de Neal retrouve les qualités habituelles du show, préparant le terrain pour un second épisode assez prometteur.