Chantage et manipulation
Le jugement va avoir lieu concernant Delancy, un homme que l'équipe de White Collar avait arrêté sans réussir à mettre la main sur la fiole de benzène qui servait à réaliser ses fraudes. L'accusé a en plus le soutien d'une mystérieuse Shepard qui possède un réel talent pour faire disparaître les preuves et fait chanter Josh Bryson, l'assistant procureur, à l'aide de photos compromettantes. Neal et Peter choisissent de couper court à ce chantage en utilisant un des clients de cette femme d'influence contre elle, à savoir Sara Ellis.
Le mystère féminin
Si White Collar possède une qualité principale, c'est de savoir bonnifier une intrigue simple et classique pour en faire un divertissement de qualité en cherchant à employer au mieux ses personnages. L'épisode de cette semaine n'est pas exempt de tout reproche, mais il laisse voir comment cette équipe créative mise avant tout sur des histoires faciles à décrire, le contexte servant à donner les bases de la résolution en privilégiant la comédie et le suspense. Si la tension au sein du récit peine à se maintenir, l'aspect comique est heureusement rondement mené avec une scène Sarah - Peter assez mémorable et à une bonne humeur communicative.
Burke est appelé à témoigner devant un jury pour faire condamner Delancy, un exercice qui lui plait particulièrement, lui permettant de jouer avec son image d'agent du FBI intègre. Il y a chez lui un petit côté Elliot Ness, sorte d'incarnation des nombreux stéréotypes lié à la mythologie des Incorruptibles, refusant de lâcher son suspect et impossible à déstabiliser. Seul problème, le procureur est moins intègre et ses galipettes avec la petite-amie de Delancy donne du coup à l'accusé le levier nécessaire pour terrasser une défense qui s'appuie sur l'absence de preuve matérielle.
C'est la problématique de l'épisode, à savoir obtenir les documents qui sont dans les mains de la mystérieuse Shepard, jouée par Perry Reeves, une femme qui a construit sa réputation sur sa capacité à garder les vilains secrets des puissants. Une opposition forte qui va permettre à Peter de montrer tout son sens de la stratégie, là où les autres se heurtent à la capacité de celle-ci pour déstabiliser son opposant. Le choix de proposer des personnages de femmes fortes a toujours réussi à White Collar, permettant de profiter d'une scène de séduction entre Burke et Ellis tout simplement hilarante.
L'aspect mythologique concernant Sam n'est pas délaissé, mais se limite comme développement à Mozzie, l'ami de Neal cherchant à déterminer l'identité du mystérieux Sam. Sur ce point, l'épisode manque un peu de contenu, mais offre quelques petites avancées grâce à la performance de Treat Williams, personnage un peu trop méfiant pour entraîner une vraie progression de l'épisode. Un développement frileux certes, mais qui confirme malgré tout le lent rétablissement du show après l'épisode de remplissage moyennement convaincant de la semaine dernière.
L'art de dévoiler juste ce qu'il faut
L'épisode aurait pu tourner autour d'une relation de dupes entre Neal et Shepard, mais les scénaristes ont la bonne idée de changer leurs habitudes en montrant combien le voleur se sent menacé par la présence d'une femme aussi perspicace. Le but de Caffrey est de convaincre le chef de la division White Collar qu'il n'a plus aucun secret pour lui, se réfugiant dans une position de témoin moins exposée. Pour combattre un tel antagoniste, il faut un homme qui n'ait rien à cacher, justifiant de réhabiliter le personnage de Burke après un début de saison où il a hérité de tâches assez ingrates.
C'est donc à une partie d'échec que les auteurs nous invitent, où Neal vient commenter pour le spectateur la stratégie subtile de Peter, connaissant parfaitement le talent de son associé pour savoir piéger son ennemi. Tim DeKay est une nouvelle fois impeccable, offrant une prestation parfaite autant dans le registre dramatique lors de son affrontement avec Shepard que dans le registre comique avec Sara. Son couple avec Elisabeth est toujours étonnamment crédible et apporte toute sa force à cette séquence comique où il apparait totalement déstabilisé par son épouse.
Pourtant, si l'aspect comédie de l'épisode fonctionne parfaitement, le climax joue un peu trop la carte de la facilité, avec un plan qui fonctionne un peu trop bien et n'exploite pas tout le potentiel du personnage de Shepard. Si White Collar se plaît habituellement à placer ses héros à la limite, l'épisode du jour joue un peu trop la carte de la sécurité, utilisant un peu trop Mozzie pour mettre Burke dans une position idéale. Un signe du manque d'assurance d'une équipe créative qui s'interdit de prendre des risques pour l'instant et s'appuie sur Neal pour amener à une résolution finale un peu tirée par les cheveux.
L'art de jouer avec la vérité et le mensonge est une des armes principales de White Collar, le show possédant deux héros qui savent utiliser les apparences et masquer la nature de leurs intentions. En choisissant de dévoiler le passé de Neal, les auteurs se placent dans une situation inconfortable avec un Caffrey assez passif, cherchant à percer un mystère trop déconnecté pour l'instant de la situation de l'agent Burke. Réussir à intégrer les deux héros dans cette quête personnelle, voilà un défi important qui attend les auteurs pour la suite.
Du divertissement séduisant et efficace
Malgré mes différents reproches, cet épisode de White Collar reste très convaincant, preuve que les personnages n'ont rien perdu de leur force et que les scénaristes n'ont pas perdu leur volonté de divertir. Prendre une histoire simple, l'améliorer avec des personnages forts, une réalisation impeccable et quelques scènes bien pensées, voici la recette d'un show qui sait se montrer particulièrement efficace. Après un épisode précédent un peu trop rocambolesque, la série revient à une forme plus simple qui lui réussit beaucoup mieux.
La petite réplique de Mozzie sur ses origines est bien plus convaincante que la longue storyline de la semaine dernière autour du mystère entourant ses parents. En effet, un secret vaut toujours mieux qu'une mauvaise révélation, la question des origines de Mozzie ne pouvant être traitée que sous forme comique, à la différence du ton plus tragique autour du secret de Neal. A trois épisodes de la mi-saison, White Collar va devoir commencer à fournir quelques informations sur le père de Caffrey et faire avancer un fil directeur beaucoup trop timide pour l'instant.
J'aime :
- la scène Peter - Sara totalement hilarante
- la confrontation Shepard - Burke
- le casting impeccable
Je n'aime pas :
- la conclusion un peu trop facile
- l'intrigue avec Sam beaucoup trop vague
Note : 13 / 20
Un épisode qui donne le sourire et fournit un divertissement plaisant, même si le dernier acte fait clairement dans la facilité. La scène Peter - Sara est en tout cas une vraie réussite grâce à un casting qui s'en donne à coeur joie pour notre plus grand plaisir.
Avec 3,36 millions de spectateurs en première diffusion et un taux de 0,8 sur la cible, la série connaît un léger fléchissement, mais reste une valeur sûre pour USA.