L’an dernier, Fx nous avait proposé Wilfred, une adaptation de la série australienne éponyme. On y suivait ainsi Ryan, un ancien avocat mal dans sa peau qui va se lier d’amitié avec le chien de sa voisine, chien qu’il perçoit comme un homme déguisé en cabot. Entre deux douilles et quelques blagues douteuses, Ryan avait finalement réussi à reprendre confiance en lui grâce à son nouvel ami.
Mais cela l’avait confronté à ses vieux démons, le retransformant en le connard manipulateur qu’il était auparavant. Conséquence de tout cela : sa sœur enceinte divorce et ne veux plus lui parler, Jenna va se marier avec Drew et pense qu’elle est enceinte tandis que Wilfred, renversé par une voiture, ne reconnait plus Ryan. Le season final se terminait sur Ryan tentant de descendre dans sa cave, cave qui se révèlera être un placard : tout ce qu’il a vécu était-il réel ? Est-il fou ?
Ce season premiere avait donc pour difficile tâche de donner des réponses aux questions en suspens et de relancer la machine. Le résultat est surprenant mais finalement dans la lignée de ce que la série nous avait offert jusque-là, dans une continuité logique.
Entre rêve et réalité
L’épisode démarre ainsi dans une espèce de salle complètement déformée et embrumée, dans laquelle un personnage demande à Ryan son avancée sur des dossiers. Le décor est sombre, froid et flou : ok, Ryan est sous acide ou en train de rêver, un peu comme dans l’épisode avec les voisins où il perdait sa langue.
Réveil, Ryan est face à son psychiatre, avec qui il discute de ce rêve. Ryan est donc fou, comme il le dit lui-même « Apparently, for the better part of three months, I was sitting in a coat closet getting baked with a dog ». Bien que facile, la solution proposée au cliffhanger de la saison précédente est logique et est finalement celle à laquelle on avait tous plus ou moins pensé, les antécédents du personnage favorisant cette intégration.
Ryan est donc en convalescence et c’est tout naturellement que Jeena, fraichement larguée, et un Wilfred en chaise roulante vienne lui rendre visite. À ce moment de l’épisode, j’ai pensé que la magie était cassée : ok, Ryan est atteint au cerveau, son trip Wilfred est bien fun mais voilà, c’est juste un trip : on perd l’ambiguïté autour du personnage de Wilfred et de sa véritable existence. Mais j’avais oublié à quel point les scénaristes étaient de grands malades mentaux et fort heureusement, ils avaient bien prévu leur coup.
En effet, dans la première partie, ils brossent le téléspectateur dans le sens du poil. On va dans son sens et on joue de ses attentes : l’explication autour de la folie de Ryan est celle à laquelle on a tous pensé et ils poussent même Wilfred à nous révéler sa véritable raison de sa présence, explications interrompues par un Ryan croyant être de nouveau manipulé.
Et puis tout se mélange. Le rêve se fait plus net tandis que la vie au centre psychiatrique est plus sombre, plus oppressante. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si on perd un moment la couleur. Et finalement, la violence envahie le centre, Robin Williams devient Robin Williams (oui, dit comme ça, ça fait un peu con mais ceux qui ont vu l’épisode savent de quoi je parle) et Ryan parvient à s’échapper grâce à Wilfred et Bear (mettre Bear au volant de la camionnette, c’est l’idée du siècle).
Tout ça pour finalement débouler dans ce qui était initialement le rêve et qui se trouve être la réalité. Ryan a trouvé un job stable et semble intégré dans une équipe (dont fait partie Allison Mack, que j’ai eu du mal à reconnaître, qui le drague même un peu soit dit en passant) : les efforts qu’il a fourni en première saison semblent avoir payé et sa situation s’est améliorée. L’hôpital psychiatrique était finalement le rêve et les scénaristes nous ont donc admirablement dupés.
Seulement voilà, le rêve a aussi sa signification cachée : Wilfred manque à Ryan. Plusieurs mois se sont écoulé depuis l’incident et, bien que la vie de Ryan se soit améliorée, il reste toujours malheureux et n’est pas parvenu à trouver la réponse de son mal-être. Et c’est via son rêve, dans lequel il retrouve son ami canidé qu’il prend pleinement conscience de ce manque, bien qu’il garde avec lui la fameuse balle de tennis.
Il rejette dans un premier temps Wilfred parce qu’il sait que cette amitié hors du commun est dérangeante. Mais au fur et à mesure que l’épisode avance, il essaye néanmoins de retrouver son ami, de reprendre comme avant parce que ça lui manque. Et finalement, lorsqu’il quitte le rêve, le sous-sol est présent derrière une cloison dans le placard (ok, d’où sort cette cloison, je me le demande) et il trouve les volontés de Wilfred : « keep digging ». Autrement dit : il faut continuer l’introspection.
Un retour plutôt réussi
Bien que complètement barré et déroutant, cet épisode ouvre de façon très originale la saison : loin de préférer la facilité, les scénaristes montent tout une histoire de rêve pour nous faire passer leur message et replanter le décor. À tout bien y réfléchir, c’est dans la veine de ce que la série nous a déjà servi auparavant et, en cette période estivale, cela ne fait pas de mal un peu d’originalité. Et malgré le final de la première saison, ils réussissent à nouveau, en ce début de saison, à nous faire douter sur la condition de Wilfred : réel ? Pas réel ? Ryan est fou ? Le mystère reste intact, et c’est tant mieux.
Alors on pourra reprocher que Wilfred et Ryan ne se sont pas encore vraiment retrouvés, que l’on ne sait pas comment Ryan a trouvé un job ou comment ça s’est passé avec Fiona : patience ! La série prend le temps de nous réintroduire le personnage principal et son mal-être, le reste suivra.
En dehors de l’histoire et de la façon dont elle est montée, je dois dire que l’épisode ne figure pas parmi les plus drôles ni les plus osés. Quelques gags et références font mouche mais ils sont finalement peu nombreux : peut-être est-ce dû au fait que Wilfred n’est pas encore retourné explicitement avec Ryan ? Personnellement, je ne trouve pas ça préjudiciable à l’histoire, bien au contraire.
Elijah Wood et Jason Gann réendossent leur rôle sans difficultés et leurs échanges sont toujours très plaisants à suivre. Ils maîtrisent leur personnage et c’en est vraiment agréable. Le reste du casting (bien que peu présent) est à la hauteur du duo, à l’instar de Robin Williams en psychiatre : un nouveau guest de prestige à accrocher au tableau de chasse de la série, déjà bien fourni.
En définitive, ce retour est plutôt réussi. Complètement barré, cet épisode évite la facilité pour mieux jouer avec les attentes du téléspectateur tout en réintroduisant l’univers de la série. Une bonne entrée en matière qui laisse espérer une saison du même niveau que la précédente.