Quand Younger est apparue sur nos écrans en 2015, elle était accompagnée d’affiches qui semblaient juste montrer une femme faire la fête et collectionner les amants. J’imaginais une série en mode crise de la quarantaine très superficielle, pleine de sexe pour meubler, sans véritable histoire, et ça m’a coupé l’envie de la regarder. Attention, je ne dénigre pas le fait qu’une femme de quarante ans puisse s’amuser et s’épanouir, mais je voyais ça comme une série excessive pour faire parler.
Affiches des saisons 1 à 3
Mais à l’été 2017, me voilà à nouveau embarquée dans le désert des séries de l’été. Je finis par me décider à regarder un épisode de la saison 4 de Younger... J’ai tout de suite été charmée par l’ambiance, l’humour et les personnages. La série n’est pas du tout ce qu’elle semblait être : c’est une série intelligente, drôle, fraîche, girl power et dénonciatrice de l’âgisme dans notre société.
J’ai donc eu un coup de cœur surprenant et énorme pour Younger. Et pour Liza, brillamment interprétée par Sutton Foster.
Pourquoi je suis tombée amoureuse de la série
Liza n’est pas une idiote superficielle, c’est une femme qui a du s’inventer une vie pour pouvoir travailler. Parce que d’après la société, être mère au foyer n’est pas un métier et ne mérite donc pas un changement de carrière et, à partir de quarante ans, une femme c’est vieux et inutile. C’est une vision que dénonce la série.
Lorsque Liza a besoin de travailler après son divorce et que sa fille soit devenue une adulte, elle est confrontée au mépris de la jeune génération. Son statut de mère au foyer est dénigré, son âge la rend dépassée. Elle est pourtant très motivée, intelligente et a, comme tout le monde, sa propre touche à apporter.
Elle décide de noyer son chagrin avec son amie Maggie, dans un bar où le (très) beau et vingtenaire Josh va prendre Liza pour une femme de son âge. D’accord, ce n’est pas crédible parce que Sutton Foster paraît, certes, un peu plus jeune, mais pas quatorze ans de moins. Cependant, ça va donner l’idée à Maggie de travailler son apparence pour qu’elle se présente aux entretiens comme une femme de vingt-six ans. Et c’est ainsi que Liza va travailler pour la terrible Diana Trout, dans la maison d’édition Empirical.
Ce simple pitch va donner lieu a une fabuleuse série, bien meilleure que le livre dont elle est tirée (et que j’ai lu et détesté). Les personnages sont plus profonds, très attachants et mieux travaillés. Je les adore (enfin presque tous) et les acteurs sont vraiment bons !
- Liza est l’atout majeur de la série. Je l’admire pour son courage, même si elle ment. Elle est drôle et apprend à comprendre les codes d’une autre génération, tout en continuant à être une mère dévouée et une femme qui gère le fait de vieillir.
- Maggie est la femme mûre absolument époustouflante qui, tout au long de la série, va nous montrer qu’une femme, ça a une vie après cinquante ans. Artiste lesbienne engagée, elle sait aussi apporter ses combats et sa fantaisie bienvenue.
- Diana Trout est une boss austère, mais avec un grand cœur qu’elle cache sous ses tenues de couturier et ses énormes colliers. Elle sera pleine de surprises tout au long de la série. C’est elle qui aura le meilleur parcours et la plus belle évolution.
- Kelsey est jeune, pétillante et ambitieuse. Elle est présentée de manière forcée comme une fille superficielle qui méprise les femmes plus âgées. Mais elle est extrêmement loyale à ses amies et fini par évoluer dans sa manière de penser. Son talent professionnel reconnu la rend de moins en moins frivole à mon goût, même si elle se montre parfois très immature.
- Josh est le sexy et talentueux tatoueur, petit ami pendant plusieurs saisons de Liza. J’avoue que son physique donne très envie de regarder la série, mais son développement est globalement intelligent (sauf toute l’histoire Clare) et il a vraiment sa place.
- Charles est le deuxième homme au milieu de ce casting très féminin, et donc la dernière pièce du triangle amoureux. Parce que oui, malheureusement, le récit n’échappe pas à ce poncif grotesque. Je suis Team Josh à 200%, même si Charles est un homme cultivé qui dirige globalement Empirical avec bienveillance. Il peut aussi être drôle, attentionné, et la série a besoin de lui.
- Lauren et Zane sont les deux personnages plus ou moins principaux que je n’aime pas. La première ne sert pas à grand chose et est toujours bien trop dans l’excès. Le second est prise de tête et vicieux. Mais ils apportent un certain équilibre et quelques bons moments dans la série donc tout n’est pas à jeter.
Le casting principal de la série
Ils sont secondés par quelques personnages secondaires qui participent à la conquête de mon cœur : la fille de Liza, les parents de Lauren, d’autres amis/amants des personnages ou des ennemis/concurrents.
En plus de la richesse de ses personnages, la série a su me charmer par son humour, des intrigues sympathiques, des moments d’émotion, de solides amitiés, des sujets féminins mis en avant et la dénonciation de plusieurs tares de la société : âgisme, sexisme, balance du pouvoir hommes/femmes, discrimination dans le travail, harcèlement sexuel... Sous un ton badin, Younger a un fond très sérieux qui lui donne une véritable légitimité. Et le sexe y est présent de manière bien dosée. Ce n’est pas une série qui utilise le cul pour vendre.
Même si ce n’est pas le sujet principal de la série, comment ne pas parler de la relation de Liza et Josh ? Une des rares relations amoureuses saines, naturelles et belles montrées à l’écran entre une femme mûre et un homme plus jeune. Bien entendu, le mensonge de Liza sur son âge perturbe le côté "saint" au début de leur relation. Mais même ce mensonge est intelligemment traité. Je suis Team Josh à fond, l’alchimie entre les deux personnages est indéniable et Liza a toujours brillé avec le jeune homme.
Pick a side... Team Josh bien sûr !
Les dialogues sont savoureux et bien écrits, les intrigues sont finement imaginées et j’ai presque toujours le sourire quand je la regarde... C’est ça l’amour ?
Comment Younger a entretenu ma flamme...
Les deux premières saisons sont de loin les meilleures de la série. J’ai dévoré chaque épisode, en voulant toujours plus. Ce show est terriblement addictif et on s’y sent bien, ambiance cosy avec chocolat chaud et plaid garantie ! J’ai tellement ri devant des scènes improbables et des dialogues bien sentis ! Et je me suis attachée de plus en plus à tout cet univers.
J'en avais parlé pour The Bold Type : j’aime ces séries féminines. C’est tellement fun et décomplexé, tout en parlant de choses sérieuses.
Qui ne voudrait pas faire partie de ce groupe de filles ?
Les saisons 3 et 4 restent vraiment à la hauteur, avec une très légère baisse de régime et d’intérêt sur certaines histoires. Les relations entre les personnages évoluent de manière intelligente et les carrières aussi. Parce que Younger, c’est une femme qui ment sur son âge, mais ça reste surtout une histoire de solidarité, d’amitié, de féminisme positif (avec un traitement des femmes à plusieurs stades de leur vie en passant de la toute jeune adulte Caitlin à la femme mûre et accomplie Maggie) et de livres (parce que oui, Empirical nous présente ses livres imaginaires, plus ou moins intéressants, plus ou moins farfelus, dont sa version d’A Song of Ice and Fire, qui sont essentiels au bon fonctionnement du show. Moi qui adore lire, je suis servie !).
La saison 5 reste assez charnière et représente la transition entre les deux "époques" de la série, de manière un peu chaotique. J’y retrouve quand même mon compte dans les thématiques les plus fortes de la série : les femmes, l’amitié entre les personnages, leur solidarité dans le travail et les maladresses de Liza.
La saison 6 annonce le début de la fin, la pensée que la série devrait s’arrêter prochainement me traversant pour la première fois l’esprit. Certaines intrigues amoureuses, ou encore le traitement de la double vie de Liza, ainsi que les déboires d’Empirical, plombent la série.
Mais c’est la saison 7 qui me portera le coup fatal...
... Pour finalement me briser atrocement le cœur
Comme je l’ai dit, la saison 6 montrait déjà des signes importants de baisse de qualité. Heureusement, des gens l’ont compris et la saison 7 fut annoncée comme étant la dernière. Le Covid passant par là, elle a été retardée, ce qui a eu une conséquence désastreuse : pas de Diana, Miriam Shor n’étant plus disponible pour le tournage (elle fera juste un brève coucou). Ce personnage est devenu tellement crucial pour la série que son absence se fait cruellement ressentir. Le pseudo remplacement par Lauren est une catastrophe. Comme toujours, la jeune femme en fait trop, elle est efficace quand on la voit peu.
I missed you so much Diana!!!
Les autres personnages ne s’en sortent pas mieux :
- La relation de Liza et Charles, qui prend trop de place, gâche une bonne partie de la saison.
- L’errance professionnelle et personnelle de Kelsey. Nous avons tellement subi avec elle à ce sujet au cours de la série, qu’une certaine stabilité aurait été bienvenue. Un personnage aussi important et bien développé sur les premières saisons qui a connu une chute pareille, ça me fait tellement mal au cœur.
- Les bouleversements chez Empirical, plombant encore une fois la série, rendant Charles détestable au possible tout au long de la saison (en plus du premier point abordé dans ce paragraphe) et son entreprise pesante. La série aura bien amoché ce personnage également, qui méritait un bien meilleur développement, tout comme sa maison d'édition.
- La déchéance professionnelle de Maggie, même si au final il y a renouveau. C’était presque acceptable parce qu’on voit toujours à quel point elle est badass. Je l’adore !
- La quasi-absence de Josh : la série ne sait plus quoi faire de lui (j’avais plein d’idées, il fallait me consulter !) et le beau tatoueur a été relégué au second plan.
- La dernière scène n'était pas forcément la plus appropriée, même si elle fait écho à un évènement du premier épisode. Selon moi, la scène d'avant, qui avait une portée plus "bilan" et liée à la série dans sa globalité, aurait été plus appropriée.
Malgré tout, les dernières secondes m’ont serré le cœur. Je pensais qu’il était temps que la série se termine, mais la médiocrité dans laquelle elle a fini m’a peinée. C’était une tellement bonne série au départ... J’ai également eu du mal à regarder les derniers instants de chacun(e) et à leur dire au revoir. L’émotion m’a serré la gorge et mon cœur a fini de se briser sur les notes du générique de fin... à la fois triste et déçue.
Au revoir Liza, je garde de toi cette belle image joyeuse et colorée !
En conclusion, ne passez pas à côté de ce bijou ! Regardez-le, vivez-le, chérissez-le ! Riez, pleurez et mettez-vous en colère devant ses moments les plus intenses ! Même si mon dernier paragraphe n’est pas porteur d’espoir, vous regretteriez de rater ça !