Très bon avis.
Mais je te trouve un peu vache avec BCS (rien de neuf, au final). Pour moi, la grande différence entre BB et BCS est que dans BB, Walter White est une saloperie à la base, un mec aigri qui déteste sa vie depuis le début. Le voir bsculer dans le côté obscur est logique. Alors que Saul est oui un magouilleur, mais un mec bien à la base. Le voir devenir un personnage sans foi ni loi est tragique. Et même si BB est souvent brillant (mais parfois chiant comme un dimanche de pluie), BCS a un côté tragique que je trouve plus touchant.
"l'histoire du magnet assez tirée par les cheveux dont on se moque un peu"
Je ne vois pas de quoi tu parles. Tu peux m'éclairer?
Dingue que ce film raconte plus en deux heures ce que Better Call Saul raconte en une saison entière.
(:
Contrairement à la plupart des gens, je ne m'attendais vraiment à rien de spécial et je suis particulièrement satisfait de ce film, et j'en ressors donc agréablement surpris.
Vince Gilligan jongle habilement avec fanservice explicite et implicite dans un film que j'ai trouvé très équilibré et bien ficellé.
Fanservice explicite d'abord, parce que oui on nous sert quelques caméos incontournables. Mais ce n'est jamais fait sans raison. Les scènes avec Mike, Walter et Jane sont disséminées dans le film à chaque fois pour résonner avec l'état de Jesse. Les flashbacks reviennent d'ailleurs à des moments très différents pour chacun des personnages, et toujours très bien trouvés. Pour le reste vraiment, il y a plein de retours de personnages secondaires que très honnêtement j'avais oubliés, parce que ma mémoire n'est clairement pas très bonne concernant Breaking Bad, comme Better Call me l'a montré maintes et maintes fois. Je n'ai donc pas trouvé que c'était forcé. Ni que ce n'était pas assez poussé. Au contraire, j'ai vraiment aimé ce parti pris de développer deux ou trois personnages secondaires de façon assez inattendue : Todd et Ed notamment. Bref c'était pour moi le juste milieu.
Fanservice implicite ensuite et surtout par l'ambiance de Breaking Bad de dingue qui revient ici. C'est un point que je n'ai vu repris quasi nulle part parce que tout le monde n'a que les caméos ou la longueur du film à la bouche, mais que ça faisait du bien de retrouver la patte Breaking Bad... et sans trop faire le forceur la sensation est vraiment décuplée par rapport à l'anesthésie Better Call Saul. Le fait de ne pas savoir où l'on va durant ce film, précisément parce que Jesse est lui aussi incertain, m'a beaucoup plu. Les superbes combines signées Gilligan qui restent simples et révèlent toujours des choses sur les persos, putain qu'est-ce que ça fait du bien par rapport à Mike le bricoleur et ses gadgets insupportables et impossibles à croire. "El Camino" est d'ailleurs assez malin pour revenir aussi sur quelques conneries de la série originale, avec de petites doses d'auto-dérision glissées par Vince Gilligan (en tout cas je les ai vues comme telles), par exemple toute l'histoire du magnet assez tirée par les cheveux dont on se moque un peu ("je n'étais pas sûr que ça marcherait comme plan"), ou encore la partie la plus critiquée du final (la mitraillette dans le coffre), que Gilligan avoue à travers la bouche des journalistes "ne pas trop savoir d'où il l'a récupérée".
Le climax où Jesse a le choix par exemple entre braquer un garde du corps pour 1800$ alors que ce dernier ne lui a rien fait, ou chercher l'affrontement avec les gangsters, c'est super. Toute la séquence avec Todd où le corps d'une femme de ménage est balancé par la fenêtre, c'est si absurde et drôle, ça m'a ramené à ces moments de vrai humour salasse dans Breaking Bad, ça m'a ramené aux tout débuts, aux premiers épisodes où le corps fondu de Crazy Eight dans la baignoire tombait du plafond devant un Jesse et un Walt blazés. Toute la séquence avec les faux policiers en fouillant l'appartement de Todd est dingue et vachement belle (le plan du flingue de Jesse sortant de l'ombre, le plan de l'appart chaotique vu du dessus). C'est vraiment tout un aspect chaotique qui rappelle Breaking Bad qui fait tout ce film.
Bien sûr on ne peut pas avoir toute l'ambiance de Breaking Bad dans ce séquel, notamment la puissance émotionnelle. Les enjeux sont beaucoup moins importants et c'est logique : il ne s'agit que d'un épilogue. Pour autant je trouve qu'on est très loin de s'emmerder, que l'impact émotionnel reste présent, et que l'ensemble des scènes ne "servent" pas "à rien", pour reprendre des critiques que j'ai pu voir. Le sort de Jesse reste très incertain jusqu'au bout et même si on se doute et qu'on espère qu'il s'en sortira et que ces dernières péripéties sont bien les dernières, le fait de le sentir si proche et autant à bout m'a fait vraiment craindre le pire personnellement. Bien sûr, il a appris de Walt et son dernier coup d'éclat lui fait clairement hommage.
L'évolution de Jesse reste aussi belle que celle de Walt dans Breaking Bad, peut-être même plus pour ma part (j'ai toujours préféré en soi le personnage de Jesse et je me rappelle avoir dit dans mes premiers avis de Better Call Saul que ce qui manquait au spin-off, c'est justement "un Jesse"). Quant à l'argument que ce film nous amène finalement dans la même position que celle de la fin de Felina, où Jesse retrouve sa liberté au volant d'une voiture, et donc que tout le film ne sert juste qu'à montrer le "comment" de l'affaire et n'est donc pas très pertinent... oui, un peu, c'est vrai, mais aussi : non pas du tout et vraiment les deux fins n'ont rien à voir. Hormis le fait que l'une soit purement fantasmée et que l'autre nous apporte quand même la satisfaction finale et la garantie que tout va bien pour Jesse, le Jesse d'El Camino n'est plus du tout le même que celui de Felina (blague puérile sur son changement d'apparence et le """faux-raccord""" à insérer ici). On passe d'un animal qui survit à un homme apaisé qui retrouve sa vie. Visuellement les deux plans n'ont rien à voir et en fait tout avis sur le film peut bien se résumer à la comparaison entre ces deux scènes finales, et si on la trouve inutile ou pertinente.
Pour citer un autre scénariste de génie, on peut vraiment dire que parfois la raison qui nous pousse à voyager, c'est le voyage en lui-même. C'est peut-être pour ça que ce film épilogue divise un peu mais qu'il m'a plu : au fond ce n'était qu'un "chemin" ("duh, c'est dans le titre"), le départ et l'arrivée étant secondaire.
Pour finir, pour ceux qui espéraient des caméos relevant de l'univers de Better Call Saul, j'ai envie de dire : êtes-vous fous ?? Voulez-vous vraiment spoiler le sort de Kim ou de Saul, et tuer dans l'oeuf la seule once de suspens qu'il reste encore à ce spin-off qui s'éternise et ainsi ruiner le seul espoir de ne pas avoir perdu tout ce temps pour rien ? Pfeuh ! (quant à ceux qui répondent déjà au loin qu'on aurait pu voir "quelqu'un d'autre que Kim ou Saul", j'ai envie de dire que ça serait partir du principe que ce spin-off nous a servi au moins un personnage secondaire mémorable auquel on peut se raccrocher, et autant dire tout de suite qu'en ce qui me concerne, si Breaking Bad peut sortir de ma mémoire pendant 6 ans et nous resservir un film avec des personnages comme Todd ou Ed que je redécouvre totalement avec passion, Better Call Saul sera supprimé de mon disque dur interne le lendemain de la diffusion de sa dernière saison, et c'est déjà être ambitieux).
J'ai démarré par une pique à Better Call Saul et je finirai donc par cette pique à Better Call Saul. Tel El Camino qui repompe sa dernière scène sur le final de Breaking Bad, le reste de mon avis n'aura un peu servi à rien du coup ? Je vous laisse juge...
rès bon avis.
Mais je te trouve un peu vache avec BCS (rien de neuf, au final). Pour moi, la grande différence entre BB et BCS est que dans BB, Walter White est une saloperie à la base, un mec aigri qui déteste sa vie depuis le début. Le voir bsculer dans le côté obscur est logique. Alors que Saul est oui un magouilleur, mais un mec bien à la base. Le voir devenir un personnage sans foi ni loi est tragique. Et même si BB est souvent brillant (mais parfois chiant comme un dimanche de pluie), BCS a un côté tragique que je trouve plus touchant.
"l'histoire du magnet assez tirée par les cheveux dont on se moque un peu"
Je ne vois pas de quoi tu parles. Tu peux m'éclairer?
En début de saison 5 ya ce plan un peu foireux avec une camionette et un magnet pour braquer une banque ou je-ne-sais-plus-trop-quoi, un truc un peu cartoonesque comme BB faisait parfois (et que BCS ne fait jamais, privilégiant "l'hyper réalisme de Mike" qui se transforme toujours en "go go gadgeto technico bidule). C'était fun dans BB et je suis 1) ravi que ça soit bien repris dans ce film, preuve que ça fait partie intégrante de BB, 2) tourné un peu en dérision parce que ça reste des plans assez cartoonesques et dans El Camino on revoit le mécano de l'aimant qui dit une phrase en mode "ah oui je vous connais avec cette histoire de gros aimant, lol c'était un plan un peu bancal mais bon ça a marché".
Bien que tu n'adhères pas au ton et rythme de BCS, c'est cohérent que Mike ne soit pas dans la logique des plans cartoonesques de BB. Il est caractérisé par son pragmatisme, et s'oppose d'ailleurs au plan de l'aimant que proposent Walter et Jesse, qui sont eux plus dans une logique d'impulsivité et de réaction que de réflexion. Le cartoon, il est plus du côté des plans de Jimmy. Mais pas assez, j'en conviens.