Like a Flowing River
In a period of economic reform, three men will push the boundaries to reach success. Song Yun Hui is a highly intelligent man who becomes a technician and builds a great foundation for his career. Despite his success, he finds himself struggling to advance in rank due to discrimination against his poor background. Like ...
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En cours | Chinoise | 45 minutes |
Drama, Historique, History, Reality | BTV | 2018 |
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Et voilà, cette première saison est finie... On est désormais en 1988, 10 ans ce sont écoulés depuis le début de la série, et les personnages comme la société chinoise ont été transfigurés pendant ce laps de temps. La série a vraiment bien su rendre ces changements progressifs de société, la disparition des portraits de Mao et des affiches de propagande, les transports à pieds, puis en vélo, puis en cyclomoteur, la modernisation progressive des bâtiments du village de Xiaoleija et l'arrivée de camions, tracteurs... une myriades de petits détails qui font qu'on y croit du début à la fin.
J'ai trouvé les derniers épisodes un peu rushés - ils servent plus de transition vers la saison 2 (qui traitera de la décennie suivante) que de réelle conclusion à cette première saison. Mais néanmoins, des questions intéressantes sont lancées, et prometteuses pour la suite.
Du côté de Yunhui, tout va changer avec le départ en retraite forcée de son protecteur. Il faudra désormais qu'il aprenne à ne plus se faire manipuler et à lui-même prendre du poids politique s'il veut continuer de faire avancer ses idées novatrices. Par ailleurs, il est paradoxalement le personnage qui a eu la carrière la plus fulgurante, mais celui qui gagne le moins bien sa vie. Il est dans une entreprise étatique, soumise au plan, qui vend ses produits à des tarifs imposés par l'état et dont les salaires sont maigres - il a quelques avantages en nature mais il note lui-même qu'il commence à en avoir marre de gagner autant que ceux qui n'en foutent pas une alors qu'il fait en pratique le boulot de 2 cadres et qu'il est l'expert technique incontesté de l'usine. Et par rapport à Dongbao et Yang Xu, qui travaillent pour une entreprise paysanne qui a su saisir au bond les débuts de l'économie de marché, il gagne beaucoup, beaucoup moins, alors que son niveau de qualification est sans aucne commune mesure.
Dongbao a du mal à abandonner son veuvage mais commence à se rapprocher d'une veuve patronne de restaurant, qui a vécu et qui est aussi à son échelle une entrepreneuse. Même si je ne pardonne toujours pas à la série d'avoir tué Yunping, j'aime bien ce nouveau personnage. Par ailleurs la boucle est bouclée, il a racheté l'usine de cable électrique qui leur avait posé tant de soucis, l'entreprise villageoise de xiaoleja est plus que jamais le fer de lance de la modernité, alliant agriculture, élevage, usine électrique, et maintenant un retraitement des déchets et une gestion innovante de la pollution... L'entreprise est florissante, mais de nombreux challenges l'attendent encore : il va falloir intégrer une centaine d'ouvrier de l'ancienne usine au village, et c'est parti pour être compliqué. Et tout ce tas d'or et cette dérégulation des marchés amène corruption et dessous de table... probablement un des thèmes forts de la saison prochaine.
Du côté de Yang Xun, il a affirmé haut et fort son droit à gagner de l'argent pour lui-même, au cours d'une scène assez forte. Dans la Chine des années 80 encore bercée (sur le papier) d'idéaux communistes, les marchands sont perçus comme des parasites, les gens qui s'enrichissent personnellement comme des égoïstes, des suppots du capitalisme. Et en effet Dongbao et Yunhui, les deux autres héros de la série, ont sué sang et eau pour leurs communautés, mais pas pour leur gloire personnelle. Mais pour Yang Xun qui en a tant bavé et qui a connu toutes les galères liées à la misère, s'enrichir signifie mettre en sécurité sa famille, permettre à ses frères et soeur de faire des études, être indépendant, ne plus avoir à lécher les bottes et à courber l'échine. Et il a embauché Da Xun et ça, ça me fait hyper plaisir !
Vivement la saison 2, et les années 90 ! Je me demande s'il y aura des allusions à Tian an men... probablement pas :(
Quelques mots sur la censure : il y a encore dans ces derniers épisodes des coupes assez sèches sur des scènes d'émeutes, et quelques dialogues manifestement redoublés à la truelle. Même si "Like a flowing river" a réussi à maintenir le niveau de propagande au minimum tout en dévelopant un propos construit et critique, il ne faut pas oublier qu'hélas les règles de censure sont de plus en plus stricte en Chine, et que la liberté d'expression est plus que jamais limitée. Je suis persuadée qu'avec plus de liberté, les créateurs de la série auraient traité plus en profondeur de la question des droits de l'homme (via la condamnation de Da Xun) et celle de la tentation démocratique qui a mené à Tian an Men en 1989 - je suis sûre notamment que Yunhui, personnage accro aux idées modernes occidentales et qui a par au moins 3 fois défié l'autorité au cours de cette saison, aurait fait un formidable défenseur de la démocratie. Mais tenir un tel propos en Chine aujourd'hui est interdit, et dangereux. Hélas.
Il n'en reste pas moins que ce portrait de la Chine par les chinois est unique et passionnant.