Filmer des êtres minéral, loin des clichés, des convenances ou des facilités habituelles, voilà la mission que s'est donné Campion dans Top of The Lake.

Il est question ici de la parole féminine, de la confrontation entre les ambitions matérialistes de Matt et la quête de plénitude plus diffuse de GJ.

Deux paradis s'affrontent, ici, entre l'emphatie de Robin parfaitement mis en évidence lors de la scène du visionnage (qui fait très Twin Peaks) et la recherche stochastique et mécanique des autres policiers.

Top of The Lake nous parle du rapport homme - femme, une relation qui se construit autour de l'échange verbal et le besoin primal du contact. Le sexe n'est alors qu'un climax purement mécanique, un micro évènement à la portée émotionnel réduite.

Chez Campion, la sérénade amoureuse n'existe qu'au travers des mots et des gestes, éradiquant tous les élèments secondaires pour ramener l'humain à sa nature propre. La scène finale est de ce point de vue magnifique, superbe moment où la grâce vient cotoyer le cynisme d'une réalité qui sait se faire poète par inadvertance.

Top of The Lake n'est pas une série policière, c'est l'histoire d'une femme qui veut rendre la parole aux victimes, fuyant une vie où ses mots sont devenus des mensonges, des moyens de fuir. Il n'y a pas de mysticisme ou de féminisme chez Campion, juste l'observation juste d'une idée : hommes et femmes se livrent une guerre silencieuse pour imposer une vision du réel, inconscient de la malice de celui-ci qui se joue des nos idées reçues. Et ça, c'est diablement intéressant.