Parlons un peu de politique, si vous le voulez bien, c’est rare à Série-All. Qui a le meilleur programme, ce mois d’avril ?
Est-ce Macron ? Non.
Est-ce Hamon ? Non plus.
Fillon alors ? Toujours pas.
Le Pen donc ? Non.
Est-ce Asselineau ? C’est qui lui ?
Mélenchon, Poutou, Arthaud ou Lassalle ? Non, presque, non et non.
Est-ce Nicolas Dupont-Aignan, donc ?
Soyons sérieux.
Non, le meilleur programme pour le mois d’avril est celui du Vrickavrack ! Vous ne me croyez pas ? Lookez.
- American Gods saison 1 (30 avril)
- Better Call Saul saison 3 (10 avril)
- Doctor Who saison 10 (15 avril)
- Dix pour cent (date encore inconnue, mais en avril)
- Fargo saison 3 (19 avril)
- Prison Break saison 5 (4 avril)
Non pas Prison Break, c'est un gag.
- The Get Down deuxième partie (7 avril)
- The Leftovers saison 3 (16 avril)
Ce n’est pas énorme et plein comme un œuf (de Pâques), hein ? Donc, en avril, votez avec votre cœur, votez le Vrickavrack. Il ne vous trahira pas, ne vous décevra pas et a acheté lui-même ses costumes de campagne. En attendant ce mois d’avril alléchant, voici le numéro de février/mars qui est tout de même plutôt chiadé dans son genre.
Le Fonz du mois : Melinda Gordon (Ghost Whisperer)
Avis très favorable
Avis favorable
Avis neutre
Avis défavorable
Sommaire :
- 24: Legacy
- Baskets
- Beau Séjour
- Broadchurch
- How to Get Away with Murder
- Inside n°9
- It's Always Sunny in Philadelphia
- Legion
- Man Seeking Woman
- Powerless
- Riverdale
- Samurai Jack
- Santa Clarita Diet
- The 100
- The Americans
- The Expanse
- The Mick
- Trial and Error
24: Legacy
Nick : Au début, c’est sympa, c’est comme si on avait mis de nouveaux personnages dans les vieux décors de 24 et gardé les gimmicks visuels (chrono qui défile, split-screen et bip-bip). Exit Jack Bauer, c’est un dénommé Eric Carter qui est le nouvel héros, un ex-marine qui voit son ancienne unité se faire éliminer par un groupuscule terroriste à la recherche d’une clé USB contenant des informations ultra-secrètes. Les nouveautés étant très rares – des détails (la traditionnelle amourette à l’intérieur de la CTU est, cette fois, entre deux hommes ; ou Nicole, la femme d’Eric, se débrouille comme une chef et n’a pas besoin de son mari pour la sauver) – nous sommes donc en terrain connu : un héros invulnérable, obstiné et infatigable, de méchants arabes terroristes sans aucune pitié, des sénateurs menteurs et comploteurs, des traîtres partout, du patriotisme et toujours des histoires de famille en fond. On n’a finalement pas besoin de bien suivre attentivement ce qui se passe à l’écran tant tout est déjà couru et a été vu dans la série mère.
Mais peu à peu, le plaisir de regarder ce divertissement bourrin et bas du front décroît. Les enchaînements pour attendre les vingt-quatre heures sont vraiment poussifs et grossiers (le marine qui a la clé USB décide de faire chanter le gouvernement des USA, il faut donc attaquer un commissariat pour trouver l’argent de la rançon. Finalement, le marine se reprend mais se fait voler la clé par les méchants. Pas grave, il a réussi en l’espace de deux secondes et demi à identifier le revendeur (!) des fusils des assaillants. Ajoutons aussi à ce collier de péripéties crétines, les deux apprentis terroristes au lycée qui enchaînent boulette sur boulette. L’écriture est en pilotage automatique, les scénaristes ne s’embêtent pas pour créer de l’inédit, du suspense ou de l’émotion et se contentent paresseusement de recopier les recettes passées.
24: Legacy est un objet vide, sans âme, ni passion, triste comme un dentifrice qu’on aurait pressé jusqu’au bout, jusqu’à l’écœurement.
Avis défavorable
Baskets - Saison 2
Nick : Pour cette saison 2, Baskets n’est plus la série sur Chip Baskets, mais la série sur les Baskets, la famille – soit la mère, Chip & Dale, ainsi que dans une moindre mesure les deux autres jumeaux, la mamie et l’oncle. Le fait de démultiplier les personnages principaux et de reléguer le tourmenté Chip au second plan permet d’éviter les trous d’air et certains moments longs de la première saison.
Si Zach Galifianakis assure toujours en interprétant les deux frères jumeaux (qui dans un épisode se battent, belle performance), ces deux personnages sont souvent vraiment trop égoïstes et insupportables (pauvre gentille Martha qui s’en prend plein la tête une nouvelle fois), pour qu’on puisse réellement s’attacher à eux. Et c’est Louie Anderson qui profite de ce renversement des rôles pour faire éclater son talent au grand jour. En effet, l’acteur épouse à merveille les robes à fleurs, le ton gaillard et gouailleur de Christine Baskets, la maman de la famille, maman qui prend conscience d’avoir gâché sa vie à se faire sans cesse du mauvais sang pour ses ingrats d’enfants et décide de commencer (enfin) à vivre. Louie Anderson est vraiment parfait de justesse et rend touchante (et jamais ridicule) l’amourette que vit Christine avec un homme de Denver. Avec ce rôle, il mériterait vraiment une reconnaissance et de nombreux prix.
Définitivement plus un drama avec des gags épars qu’une sitcom comique, Baskets sort une saison 2 plus cohérente et plus positive qui tient chaud au cœur.
Avis favorable
Beau Séjour
Nick : Si Beau Séjour était une équation mathématique, elle serait :
(Broadchurch + Les Revenants) / Twin Peaks × ∫du générique de True Detective. En version belge.
Beau Séjour, diffusée sur Arte, est une série policière, à l’atmosphère lourde, qui mène bien sa barque parmi l’enquête sur le meurtre d’une adolescente à résoudre, les personnages aux motivations floues, et une liste des présumés coupables longue comme un bras. Parfois novatrice (ce sont deux femmes qui mènent l’enquête), parfois classique (l’attitude parfois maladroite de certains personnages ou le fait que tous ont fait quelque chose d’illégal ou de suspect la nuit du meurtre), la série arrive à tenir la distance sans vraiment chuter en tension.
De plus, une idée de génie permet à Beau Séjour de sortir son épingle du jeu : Kato la victime revient enquêter sur son meurtre sous la forme d’un fantôme. Certaines personnes peuvent la voir (dont son père ou sa meilleure amie) et interagir avec elle ou la toucher, tandis que d’autres non. De plus, Kato peut utiliser des objets (un téléphone portable ou une moto), dans une sorte de réalité parallèle, car pour les vivants, ces objets restent immobiles. Semblant de rien, ces deux caractéristiques donnent à la série un vent de liberté, une spécificité et de belles séances d’émotions (quand la mère de Kato parle à sa fille morte via son ex-mari).
Extrêmement bien rodé et agréable à suivre, Beau Séjour est un bon palliatif en attendant le retour de Twin Peaks.
Avis favorable
Broadchurch - Saison 3
Galax : Broadchurch revient confiante après une saison 2 qui avait voulu bouleverser les codes des séries du genre en basculant sur le procès de l’affaire Danny Latimer, mais qui s’était selon moi perdue sur la fin dans des intrigues sans queue ni tête. En choisissant d’axer son récit sur un postulat plus simple – une affaire de viol – mais tout aussi destructeur, la série renoue avec ses origines et recentre l’action sur les conséquences d’un acte bouleversant au sein d’une petite communauté, où tout le monde devient suspect. La saison 3 en est à sa moitié et pour l’instant gère d’une main de maître son enquête, tout en intégrant habilement les anciens personnages dans la nouvelle affaire (la mère Latimer devenant l’assistante personnelle de la victime de la saison). La machine est bien huilée, on est en droit d’avoir confiance pour la fin de saison ! Le plus dur sera de conclure la série dans son ensemble, puisque Broadchurch n’aura pas de quatrième saison.
Avis favorable
How to Get Away with Murder - Saison 3
Galax : La série saura-t-elle un jour nous offrir une saison qui reste bonne tout du long ? Après la bonne première partie de saison 3 qui s’était soldée par la mort très attendue d’un des personnages principaux, la suite s’est révélée plutôt décevante : assez mollasson, le fil rouge était maigre – il a fallu attendre le final pour découvrir l’identité du tueur – certes offrant des perspectives intéressantes, mais qui peinait à masquer l’essoufflement de la série. En ce qui me concerne du moins, la passion n’a pas vraiment été là. La fin de saison ne nous a donc pas réservé les habituels rebondissements ou affrontements de taille. Même si le bilan de cette saison 3 est tout de même positif et probablement meilleur que celui de la saison 2, on ressort à nouveau avec la sensation que How to Get Away with Murder tire sur la corde. To be continued...
Avis neutre +
Inside n°9 - Saison 3
Gizmo : L’excellemment méconnue anthologie des créateurs de The League of Gentlemen (série dans laquelle Mark Gatiss donnait libre cours à tous ses fantasmes de travestissement) revient pour une troisième saison aussi noire qu’un café sans lait. Le casting s’amuse toujours autant dans cet univers grotesque où l’on essaye de deviner quel twist pervers se cache au bout du tunnel. Alors si vous voulez voir un expert cruciverbiste et une jeune ingénue s’affronter dans un duel de mots croisés pervers, un slasher grotesque dans une galerie d’art ou bien un homme devenir fou à cause d’une chaussure abandonnée devant sa porte, peut-être devriez-vous tenter de vous immerger Inside n°9…
Avis favorable
It's Always Sunny in Philadelphia - Saison 12
Koss : Après douze ans de routine, la sitcom à l'humour noir s'est brusquement décidée à tenter du neuf, avec le départ d'un des acteurs du casting. Pari assez risqué car le show nous a offert sans doute sa meilleure saison. Globalement, It's Always Sunny In Philadelphia a beaucoup innové cette année en faisant évoluer chacun de ses personnages (sauf Frank bien sûr), en bouclant même une intrigue lancée depuis la toute première saison.
Excellente saison globalement. Un quasi sans faute même (moins un épisode). Il est peut-être un peu trop tôt pour le dire, mais il se pourrait bien qu'on ait assisté au summum créatif du show.
Avis très favorable
Legion
Altair : Ouahou… pour du bizarre, c’est du bizarre ! Mais en corollaire, c’est follement inventif et original, surtout si l’on considère que cette série appartient à l’univers par ailleurs très balisé des super-héros américains.
Mais reprenons au début : à la base, Legion est un personnage de comic, un mutant appartenant à l’univers X-Men. Mais au fond, la série se fiche un peu de cet héritage. Tout ce qui compte ici, c’est que Legion a un cerveau très puissant et très compliqué, labyrinthique, malade. Un véritable puzzle, fait de vrais et de faux souvenirs, d’hallucinations inquiétantes, de zones claires et de zones d’ombre, où il est difficile de démêler le vrai du faux. Sans compter des pouvoirs mentaux hyper puissants mais non maîtrisés, mal définis, aléatoires…
La série nous invite à visiter, littéralement, cet esprit torturé, interné au début en asile psychiatrique pour schizophrénie. Le voyage tient un peu du trip sous acide, ce qui ne sera probablement pas du goût de tout le monde… On pourra aussi reprocher à la série de tourner un peu en rond, et des personnages secondaires qui ont un fort potentiel mais qui pour le moment restent assez clichés, ce qui tempère un peu mon enthousiasme initial.
Mais pour le moment je pardonne aisément ces défauts tant la série est créative et maîtrisée par ailleurs. Reste à voir où l’on va…
Avis favorable à très favorable (ça dépendra de la fin de la saison)
Antofisherb : La série est clairement novatrice dans sa narration, sa mise en scène, bref sa manière de raconter son histoire en tant que série, en plus de coller à l’inventivité visuelle du comic. Après Fargo, qui s’était déjà fait remarquer par quelques inventivités narratives, Noah Hawley confirme ainsi sa place de nouveau créateur de génie du petit écran, au même titre que Bryan Fuller. Et ce que je pourrais reprocher à Legion rejoint justement les défauts que je trouvais à la saison 3 d’Hannibal : le désir de vouloir aller trop loin dans le cassage des codes narratifs sériels pèse un peu sur la progression de l’histoire et l’intensité des conflits dramatiques. Il faudra avoir un aperçu de la saison entière pour réellement en juger, mais pour l’instant la série a un peu tendance à répéter son exploration interne de David. C’est certes le sujet de la série, mais on a parfois l’impression que chaque épisode sert davantage à casser plus de codes et caser plus de délires qu’à introduire de nouveaux éléments narratifs ou psychologiques. Au final, peut-être bien que la série souffre surtout d’un visionnage hebdomadaire, et qu’elle gagnerait à être binge-watchée afin de mieux considérer l’exploration onirique du cerveau de David comme un tout.
Avis favorable (sous réserve de très favorable selon la fin de la saison)
Koss : Réalisation époustouflante, acteurs incroyables, montage parfait, sound design ultra travaillé et narration maligne. Chaque plan est une merveille.
La seule question qui demeure est la suivante : pourquoi vous ne regardez pas encore cette série ?
Avis très favorable (pour l’instant)
Nick : Oui, les séries sur les super-héros peuvent donner autre chose que le long tunnel rébarbatif d’Iron Fist ou celles gentiment cheap de The CW. Legion en est la preuve.
Commençant tambour battant avec la chanson Happy Jack de The Who, le pilote nous jette sans ménagement dans la tête d’un schizophrène pour une plongée intense et réussie dans son esprit. Ce format proche de l’onirisme se poursuit sur les épisodes suivants et donne un schéma très original, fait de successions de scènes en forme de puzzle. Et comme les pouvoirs de David ne sont pas encore tous définis, cela permet à la série d’emprunter pas mal de pistes très différentes au sein d’un même épisode, que ce soit des scènes d’action à la X-Men, des instants de cauchemar qu’on penserait tirer de Les Griffes de la Nuit ou des balades dans des souvenirs rappelant Eternal Sunshine of the Spotless Mind, le chef-d’œuvre de Michel Gondry.
Volontairement confuse, parfois répétitive ou souffrant à l’occasion de longueurs, Legion est surtout déstabilisante et surprenante, une série expérimentale passionnante comme rarement vue. Et comme en plus, il y a la craquante Aubrey Plaza (April de Parks and Recreation) et que la bande originale est top, on ne boude pas son plaisir et on se perd avec délice dans le dédale mental de Legion.
Avis très favorable
Man Seeking Woman - Saison 3
Koss : Fin de troisième saison pour Josh qui a finalement fini par trouver l’âme sœur, pour même se marier avec elle. De ce fait, à moins de basculer sur un Woman Seeking Man sur Liz, la sœur de Josh (oui !), le titre même de la série n’a plus vraiment de sens. Cette petite endive de Josh est arrivé au bout de son histoire. Il était peut-être même temps que tout cela s’arrête, vu le peu d’inspiration dont ont fait preuve les scénaristes, cette année.
En effet, la grosse majorité des vannes de cette troisième saison ont été faites en référence à quelque chose d’autre, souvent des films et/ou séries (Indiana Jones, Le Sixième Sens, Les Évadés, etc.). Il n'y avait plus de blagues originales. Plus de Tanaka. Ce n'est plus une série drôle par elle-même. Elle a complètement perdu son autonomie et s’est contentée d'enchaîner les clins d’œil comme le plus gros des forceurs.
Une saison 3 donc globalement plus faible que les précédentes. Il serait peut-être temps d’arrêter avant que ça vire vraiment chocolat, non ?
Avis (assez) favorable
Nick : Le poison du couple c’est la routine. Même si Man Seeking Woman l’assène assez souvent, les scénaristes ne l’ont pas appliqué à leur série. Car oui, cette saison 3, en se reposant sur ses acquis, a montré d’inquiétants premiers signes d’essoufflement.
Même s’il y a du changement au niveau de l’intrigue (Josh a enfin rencontré le grand amour), les épisodes sont construits sur le même format : quelque chose cloche dans le couple, l’un des deux surréagit, il y a des disputes, des questionnements, puis une remise en question et tout finit bien. L’enchaînement des épisodes manque déjà de variété, mais en plus, on finit par déceler certaines des ficelles de la série, notamment lorsqu’elle manque d’inspiration et qu'on la voit se réfugier systématiquement vers les gags scatophiles ou la parodie facile de films à succès.
Pour noircir un peu plus le tableau, les personnages ont été aussi plus down, cette saison, moins sympathiques. Ainsi, Josh se révèle un compagnon casanier et ennuyeux et Mick un ami lourd et vulgaire. Même Liz n’a pas atteint les hauteurs habituelles. Heureusement, il y a eu l’arrivée de Lucy, la fiancée et la révélation, un personnage attachant, charmant et vraiment drôle. Elle a vraiment permis de faire passer la pilule plus facilement et de nous faire continuer à fermer les yeux sur la faiblesse de certaines intrigues ou la répétition des thèmes abordés (quasiment tous les épisodes parlent des relations compliquées avec les parents ou beaux-parents).
Attention, Man Seeking Woman n’est pas devenue complètement nulle. Il y a toujours des gags très bons, des situations hilarantes voire des éclairs de génie, tout ne s’est pas perdu, mais la série devra sacrement se bouger le cul et faire des efforts pour retrouver la flamme passée si saison 4 il y a (avec probablement une arrivée de bébé à la clé).
Avis neutre (comme on met exprès une mauvaise note à un élève talentueux pour le faire réagir)
Powerless
Gizmo : En 2009 (Dieu que le temps passe vite) était sortie une sympathique petite série sur une entreprise inventant des gadgets loufoques : Better Off Ted. Elle était drôle, souvent très maligne et irrévérencieuse (je me souviens notamment d’un détecteur de mouvements qui ne repérait pas les gens de couleur), et surtout injustement annulée au bout de deux saisons. Powerless semble piocher dans des brouillons de scripts de Better Off Ted, avec son équipe cherchant à créer de nouveaux gadgets pour le compte de Wayne Enterprise. Sauf que Powerless n’est ni drôle, ni pertinente, ni bien jouée. Il est presque fascinant de voir une série passer aussi brillamment à côté de son potentiel, tant le projet semblait être une véritable mine d’or à gags et situations. Mais outre les défauts évidents de ses premiers épisodes, Powerless incarne aussi une mode qui s'essouffle, celle du super-héroïsme à toutes les sauces, à toutes les heures de la journée, sur tous les supports. Épuisant.
Avis défavorable
Koss : Powerless est une série qui commence de manière unique. C’est probablement la série nulle qui a le meilleur générique. Non mais franchement regardez-moi cette merveille :
En quelques secondes, on comprend tout le concept de la sitcom. C’est malin, précis, assez beau et prenant. Bref, tout ce que n’est pas la série elle-même. Les gags sont forcés, l’humour ne fonctionne pas, tout y est ultra cheap et les acteurs sont catastrophiques. J’ai même rarement vu un jeu aussi faux que celui d’Alan Tudyk. Il propulse le show vers des sommets de malaise inatteignables. Après le pilote, la série remonte un peu la pente, mais dieu que c’est laborieux. Bref, sortez-moi Danny Pudi (Abed de Community) de là !
Avis défavorable
Riverdale
Cail1 : Vous prenez un soupçon de Twin Peaks, une dose de One Tree Hill, une pincée de Veronica Mars, un zeste de Gossip Girl et vous obtenez Riverdale, la nouvelle série de la CW. Gros fourre-tout indigeste vous dites ? Eh bien non !
Si a priori elle n'a rien pour elle (pitch déjà vu une dizaine de fois, personnages caricaturaux, aspect too much), Riverdale fait partie de ces séries capables de transformer chacun de ses petits défauts en qualités. Il faut dire qu'elle assume pleinement le statut qui est le sien : un teen show à l'ancienne auquel on aurait seulement ajouté un peu de modernité dans son style visuel. Qu'on ne se trompe pas : Riverdale est avant tout un guilty pleasure destiné aux aficionados des séries un peu plus légères. Elle le sait pertinemment et en a fait sa force, en assumant toutes ses références et en accentuant volontairement son aspect too much et caricatural. Clairement, la série a été créée par des passionnés de la pop culture qui lui rendent ici "hommage". C'est d'ailleurs là que se situe tout le concept de Riverdale. On accroche ou on n'accroche pas, mais dans tous les cas, il n'y a pas tromperie sur la marchandise.
De là à dire qu'il n'y a aucun défaut, il ne faut pas exagérer non plus. Passé le plaisir de la découverte, ce mélange de références, ce style visuel glamour, ainsi que ce côté délibérément too much qui font partie de l'ADN de la série, ne suffisent plus à passer outre les nombreuses faiblesses et maladresses qui ternissent le scénario au fur et à mesure des épisodes. Le tout manque cruellement de subtilité, les relations entre les protagonistes sont souvent bâclées et maladroites, et les intrigues secondaires sont rarement pertinentes... À force de tout miser sur son univers référencé et de piocher des motifs à droite, à gauche, Riverdale oublie de développer correctement ses personnages et ses intrigues, de leur apporter le petit supplément d'âme qui aurait pourtant fait toute la différence. Si la présentation de son univers et sa petite touche esthétique sauve ses premiers épisodes, la série est vite rattrapée par les limites de son concept et ne parvient pas à transcender l'idée de base.
Cela dit, elle reste malgré tout une bonne surprise. Pas aussi grande que celle que j'espérais au départ, mais suffisante pour me donner envie d'en profiter encore un moment.
Avis favorable
Samurai Jack - Saison 5
Gizmo : Il existe des œuvres dont on n’attendait pas le retour, mais qui, une fois ressuscitées, s’imposent comme une évidence. Samurai Jack est l’une d’elles. À une époque où l’animation à la télé a acquis ses lettres de noblesse et peut désormais se permettre de véritables excentricités tout en trouvant un public fidèle, cette reprise parvient à trouver un équilibre entre l’esprit des précédentes saisons (le combat contre Scaramouche, ennemi aussi ridicule qu’inquiétant) et celui d’une série plus ambitieuse qui amorce sa dernière ligne droite. Avec un fil rouge plus prononcé (la perte de son sabre, l'entraînement de la secte d’Aku) et un univers plus sombre et désespéré, Genndy Tartakovsky revient en pleine possession de ses moyens. Le passage du temps a du bon, parfois.
Avis très favorable
Santa Clarita Diet
Nick : Santa Clarita Diet est un bateau sans pilote, ni carte, compas ou GPS. À la vision des premiers épisodes, il est très difficile de savoir si les producteurs et scénaristes savent où ils vont.
La série est-elle une satire de l’American Way of Life à la Desperate Housewives ? Pas vraiment, car la critique manque de mordant. Une série trash ? Certaines scènes sont bien crades, mais cela reste sage par rapport à Ash vs Evil Dead par exemple. Une sitcom décalée ? Un peu aussi, notamment à cause du comportement du père et de la fille qui acceptent très (trop ?) facilement le fait que la mère devienne du jour au lendemain anthropophage, mais la série reste trop à quai et refuse de partir dans un monde nonsensique pour que ce soit ça. Donc Santa Clarita Diet est un peu tout ça et en même temps rien du tout, un fourre-tout qui laisse dubitatif. Conséquence, sans direction claire à suivre, les acteurs semblent laissés à eux-mêmes, s’agitent et surjouent pour combler le vide, provoquant de la consternation chez le spectateur. Et comme l’humour est souvent bien gras ou lourd, le visionnage de la série finit par provoquer un ennui policé. Voire un agacement.
Drôle de concept marketing (zombie + banlieue américaine) qui ne prend jamais corps.
Avis neutre à défavorable
The 100 - Saison 4
Antofisherb : Un peu du même avis que Galax ci-dessous, en soi l’ultimatum apocalyptique était une bonne idée, mais le traitement d’un épisode à un autre est trop systématique. Du coup, malgré une évolution des personnages que je trouve pour ma part toujours autant réussie, cette quatrième saison a tendance à trop se répéter dans ses dilemmes moraux et la manière dont elle résout les conflits qu’elle met en place. C’est encore loin d’être déplaisant, mais il va falloir que le décor de la série évolue vraiment d’ici la prochaine saison.
Avis favorable (avec petit bémol)
Galax : Sur cette première moitié de saison, on aura eu plaisir à retrouver The 100 comme toujours, mais le show semble avoir un peu perdu de sa superbe. Le pitch de la saison – une catastrophe nucléaire venant bientôt éradiquer tous les humains – est bancal. J’en ai un peu marre de les voir trouver une solution à chaque épisode, avant de voir celle-ci anéantie par un rebondissement imprévisible sur le papier mais finalement très grossière, à l’image de la fausse mort d’Octavia ou de l’incendie de l’arc… Les personnages sont eux aussi bloqués dans un seul registre pour certains (Jasper le blasé, Raven qui en bave, Abby la médecin…). C’est toujours divertissant, mais le show semble être redevenu un peu con-con, c’est dommage.
Avis favorable (quand même)
The Americans - Saison 5
Koss : Comme chaque année, les scénaristes de The Americans ont jugé bon d’avoir un thème fil rouge sur la saison. Après les virus l’an dernier, cette année nous avons le droit à… l’agriculture ! C’est courageux de la part des showrunners d’avoir pris un thème aussi austère pour cette avant-dernière saison. Ce n’est pas inintéressant, car effectivement, ça a été un des nœuds de la fin de la guerre froide.
Mais quand même, ça reste peu sexy et globalement assez décroché des saisons précédentes. Du coup, les scénaristes font tout pour raccrocher au sujet, quitte à donner l’impression de forcing, parfois.
Cela dit, le show reste toujours de qualité et on sent progressivement, semaine après semaine, une certaine forme de montée en puissance qui devrait, inévitablement, conduire Elizabeth et Philip vers la catastrophe. De toute façon, ils semblent déjà à bout, comme exténués par l’ensemble des éléments qu’ils parviennent de moins en moins à contrôler. Et ça, ça reste toujours aussi fascinant à regarder.
Avis favorable
The Expanse - Saison 2
Galax : Les cinq premiers épisodes correspondent à la fin du premier roman dont la série s’inspire, et plus globalement constituent la fin du premier arc de la série, qui tournait autour de l’explosion du Canterbury, l’affaire Julie Mao et le conflit naissant entre Mars et la Terre pour les Belters (Ceinturiens). Et que c’était bon ! La tension du season finale n’est jamais redescendue un seul épisode durant cette première moitié de saison. L’introduction du point de vue martien a été un peu timide, mais sert sans doute à préparer le terrain pour la suite. Autrement, tout est globalement parfait, l’histoire est maîtrisée d’une main de maître et la série récompense presque le spectateur qui est arrivé jusque-là. Il aura donc fallu s’accrocher, mais The Expanse a enfin mis les gaz.
Avis très favorable
Koss : Suite des pérégrinations politiques des héros de The Expanse, toujours tiraillés au milieu de l'amorce d'un conflit qui les dépasse entre Mars et la Terre. La saison 1 avait été une vraie bonne surprise sur une chaîne (SyFy) qui ne produisait plus rien de bon depuis la fin de Battlestar Galactica.
La saison 2 confirme la bonne lancée en introduisant pile ce qui manquait un peu depuis le début : le point de vue martien. Ce basculement donne à voir l'autre versant fanatique de l'escalade dans la guerre et permet au spectateur d'appréhender ceux qui nous étaient présentés comme des méchants pendant une bonne partie de la première saison. L'intelligence du show c'est d'avoir toujours eu, et ce depuis le début, conscience de ses propres limites. Oui, c'est une série un peu fauchée. Oui, elle est un peu limitée parfois. Mais justement, The Expanse joue avec ces limitations pour proposer un spectacle honnête et franchement très réjouissant. Donc oui, je suis bien content que la série ait repris. On en reparle le mois prochain !
Avis favorable
The Mick
Nick : Au début, The Mick, c’est bof bof. C’est l’Amérique white trash déjà vue dans My Name is Earl ou Raising Hope, mixée à un script à la Une Nounou d’Enfer (une femme pauvre doit s’occuper de ses neveux riches et prétentieux). De plus, les personnages sont plutôt énervants (les trois gosses, au début, sont difficilement supportables tant ils crient beaucoup) et les gags ne sont pas très novateurs. Mais il y a un bon rythme qui fait qu’on ne s’ennuie pas.
Puis peu à peu, un certain charme opère, les acteurs investissent leurs personnages et leur insufflent de petits détails qui permettent à ces derniers d’exister et devenir plus sympathiques, le visionnage des épisodes se fait de manière plus enthousiasmante, plus fluide et on se surprend à sourire plus que de raison et voire même à lâcher un rire au détour de quelques gags bien trouvés. Au fur et à mesure, même si ce n’est jamais la série du siècle, il devient très agréable de suivre les tribulations de Mickey & Co.
The Mick est un paquet de bonbons laissé sur le bureau au boulot, on sait que ça colle aux dents et que ce n’est pas bon pour le régime, mais on ne peut s’empêcher de taper dedans, par gourmandise.
Avis favorable
Trial and Error
Gizmo : Oubliez The Good Place, la nouvelle série de Michael Schur diffusée en septembre dernier, Trial & Error est la véritable héritière de Parks & Recreation. Cette parodie de documentaire nous raconte comment un jeune et naïf avocat va tenter de défendre un professeur de poésie (John Lithgow) accusé du meurtre de sa femme dans la petite ville d’East Peck, en Caroline du Sud. Mais sa mission va s’avérer plus compliquée que prévu face à un suspect qui préfère ses rollers à sa femme, une secrétaire qui souffre de prosopagnosie (incapacité à reconnaître les visages) et un inspecteur dont la crétinerie confine au génie. Contrairement à Parks & Recreation, pas besoin ici d’attendre une saison entière pour apercevoir le potentiel de la série. Le premier épisode est solide, les personnages et le ton de la série sont clairement posés. Si vous êtes réfractaires à l’humour absurde, Trial & Error ne sera clairement pas votre came, les gags s'enchaînant sans répit avec plus ou moins d’intelligence, mais toujours avec assurance, notamment grâce à un casting totalement au service de la stupidité ambiante (j’apprécie particulièrement Bob Gunton et sa femme alcoolique). Bref, une nouvelle série comique prometteuse sur NBC, qui mérite plus d’attention que le pitoyable Powerless.
Avis favorable
Et n'oubliez pas de voter : Vrickavrack président.