Avis sur les séries
Il y a quelques semaines je discutais avec Puck, et on se disait que ça faisait bien longtemps qu'on n'avait pas été emportées par une série - qu'on continue de voir avec plaisir des séries de grande qualité, bien écrites, intelligentes, bien réalisées - mais qu'il y avait une certaine lassitude, probablement due au fait que toutes ces séries occidentales sont malgré tout assez formatées, et que nos fictions obéissent à des règles dont peu d'oeuvres s'éloignent. Du coup, après 20 ans à dévorer des séries, on se retrouve à rechercher l'émerveillement premier ressenti en découvrant SFU ou the Wire, ou la première saison de Game of Thrones, sans jamais le trouver.
C'est un peu cette lassitude, et un certain concours de circonstances, qui m'ont amenée récemment à m'intéresser aux séries chinoises, histoire de changer - et bien m'en a pris.
En particulier, Nirvana In Fire est "la" série encensée de tous, l'incontournable classique à côté duquel on ne peut passer quand on commence à l'intéresser au genre... et j'ai en effet retrouvé devant cette série cet émerveillement passionné que l'on peut avoir quand on découvre une oeuvre qui vous touche et dont on sent qu'elle marquera un avant et un après dans votre vie.
Bref, c'est peu de dire que j'ai adoré. Pour moi c'est clairement une des meilleures séries que j'ai vues de ma vie.
Il faut un peu de courage cependant pour s'attaquer à ce monument - la série a un seul mauvais épisode, et manque de pot c'est le premier. Elle a énormément de personnages, et au début il est difficile, surtout pour une occidentale comme moi qui n'est pas familière avec les noms et cet univers, de s'y retrouver. Bref, il faut un peu s'accrocher - mais ça en vaut la peine, car quel pied après ça !
Nirvana in Fire repose sur une galerie de personnages romanesques tous plus fascinants et attachants les uns que les autres. Même si ce sont les deux personnages principaux qui portent la série sur leurs épaules et qui vous feront ressentir mille émotions, les personnages secondaires ne sont pas en reste - tous ont une personnalité distincte et un arc narratif qui leur est propre, et la somme de leurs histoires forme une toile chorale maîtrisée d'un bout à l'autre de la série.
Mais le plus fort dans cette série, c'est qu'elle repose sur un personnage censé être un stratège de génie, mettant en oeuvre un plan non moins génial - et qu'en effet, le moindre de ses actes, la moindre de ses paroles (et il parle beaucoup !), transpire l'intelligence. L'art de la manipulation verbale de Mei Changsu est une arme de destruction massive qui va mettre sans dessus dessous la cour, et ses plans à tiroir font tous tellement sens que l'intrigue se déroule de manière naturelle, progressive et logique - et qu'on est stupéfaits de constater à la fin de la série le chemin parcouru depuis le premier épisode. Et contrairement à Game of Thrones (c'est de saison), la fin remplit TOUTES ses promesses, et même plus.
Le tout est servi par un casting impeccable, avec des acteurs tous parfaits, une photographie superbe (une fois passées les kitscheries du premier épisode), une musique émouvante.
Un monument.
Avis sur les saisons
Dire qu'on a dévoré cette première saison d'"Alchemy of Souls" est un euphémisme ! 20 épisodes de plus d'une heure pourtant ce n'est pas rien, mais une fois commencé, il est impossible de s'arrêter - surtout dans la deuxième partie.
J'imagine que la série ne sera pas pour tout le monde - il s'agit d'un drama, et même si on est plutôt dans le haut du panier niveau budget on reste sur une série vite filmée et vite produite, dans un univers fantasy un peu kitsch à mi-chemin entre la k-pop et la Corée historique, avec des ralentis cheveux au vent, de la musique "émotionnelle" et beaucoup trop de flash-backs. Personnellement j'adore !
Parce qu'au fond, ce qui compte c'est d'avoir des personnages ultra-attachants portés par des acteurs excellents, une intrigue rythmée, pleine de rebondissements pour la plupart imprévisibles, et beaucoup, beaucoup d'humour et d'émotion. Et puis ce qui est bien quand le scénario va à tout allure, c'est qu'on n'a pas le temps de réfléchir aux facilités scénaristiques ! On est dans un divertissement populaire dans le meilleur sens du terme, généreux, foisonnant, parfois chaotique mais toujours excitant.
Mais fondamentalement, ce qui fait que la série fonctionne aussi bien, c'est son duo de héros. Le scénario est très malin et permet de créer une dynamique réjouissante entre les deux personnages - avec un jeu d'alternance de rapport de domination entre le jeune maître capricieux et sa servante effrontée - qui est en fait une magicienne surpuissante et hors-la-loi, privée de ses pouvoirs mais ni de son intelligence, ni de son assurance. Ils sont tous les deux bourrés de défauts et ont un compas moral parfois douteux, ils passent leur temps à se chamailler, et la complicité et l'attachement qui se développent rapidement entre eux apparait de manière organique et naturelle. On y croit complètement. Ils sont archi attachants, et très, très mignons.
Arg, grosse déception que cette deuxième saison.
J'imagine que le succès de la première saison les a poussés à en modifier la fin pour préparer une suite. Au début j'étais plutôt séduite, surtout par la version "dark et badass" de Jang Uk, il faut bien avouer.... mais au fur et à mesure que les épisodes passaient j'ai de plus en plus lâché l'affaire. Au fond cette deuxième saison illustre en creux les qualités de la première :
- ils ont choisi un ton résolument plus sombre, une image plus travaillée et plus cinématographique... Bref ils se sont pris au sérieux. Et du coup, autant en saison 1 les facilités scénaristiques faisaient partie du charme de ce joyeux bazar, autant en saison 2 elles plombent l'intrigue. surtout que le rythme est plus lent, on a plus le temps de réfléchir entre les scènes. Et puis bon, globalement le scénario est beaucoup moins bon, il y a tellement de fois où on se dit "mais ???? pourquoi ????". Et les images sont devenues plus jolies mais très statiques - on a perdu cette impression de virevoltement permanent.
- corrolaire du premier point, l'humour ! C'était un point fort de la première saison - mais là il y en a beaucoup, beaucoup moins. et c'est vraiment dommage parce que quand il réapparaît c'est comme un rayon de soleil, les acteurs ont un vrai talent comique !
- Mais surtout, le fait de changer d'actrice pour Mudeok/Buyeong/Naksu... même si c'est justifié par le scénario par une explication capillotractée et que ça pouvait potentiellement mener à des scènes intéressantes (pratique d'avoir une héroïne dont l'âme vagabonde de corps en corps), pour moi ça ne fonctionne pas du tout. La nouvelle actrice est pas mal, mais elle n'a juste pas le charme, l'humour, l'effronterie et l'oeil pétillant de celle qui jouait Mudeok. Et elle n'a pas du tout la même alchimie avec l'acteur qui joue Jang Uk. Et autant dans la première saison leur couple était organique, complice, naturel - autant là on se demande vraiment pourquoi Jang Uk retombe amoureux d'elle. Et mettre ça sur le dos du destin, c'est vraiment une énorme paresse scénaristique.
Bref, une déception. Mais la saison 1 était vraiment jouissive et chaudement recommandée.
Avatar est une série dont la qualité croit crescendo. En effet, si la saison 1 était déjà très chouette et au dessus du lot des productions télévisuelles lambda, cette saison 2 permet de franchir un gros gap en qualité, tant du point de vue graphique que de l'écriture.
Cette saison sera en effet celle de l'arrivée de deux des personnages les plus emblématiques de la série, la très badass maîtresse de la terre Toph, et la redoutable soeur de Zuko, Azula ; celle d'un développement assez génial de Zuko l'anti-héros complètement perdu dans son exil et de son magnifique oncle Iroh, modèle de patience et de sagesse ; celle de la découverte d'un royaume de la terre bien plus cohérent, construit et complexe qu'en saison 1, avec notamment une moitié de saison centrée sur la ville de Ba-Sing-Se et sa terrifiante police secrète.
Graphiquement, on n'atteint pas encore les sommets de la saison 3 mais il y a déjà des passages absolument incroyables dans la qualité de la mise en scène et de l'animation.
Par contre, est-ce parce que j'aime tellement Toph ? toujours est-il que je trouve le début de saison assez laborieux avant son arrivée à l'épisode 6.
Avatar est une série que j'adore et que je connais par coeur, pour l'avoir vue lors de sa première diffusion, puis revue régulièrement avec mes enfants au fur et à mesure qu'ils étaient en age d'apprécier la série.
Pourtant, cette première saison est celle que j'ai le moins revue - tout simplement parce qu'elle est de loin la moins bonne. Je ne sais pas si c'est une question de budget ou d'expérience des studios, mais graphiquement cette saison est très inégale - et très loin de la qualité qu'elle atteindra par la suite. Le ton est encore très gamin : malgré la gravité des évènements dépeints, la série a tendance à souvent trop désamorcer l'émotion avec une blagounette, et c'est un peu dommage. L'équilibre humour/émotion sera bien meilleur par la suite. Et l'univers d'avatar est encore bien vide : on ne ressent pas encore l'ampleur du conflit entre ces quatre grandes cultures - chose qui sera merveilleusement corrigé dans les deux saisons suivantes.
Cependant, comparée à l'offre en matière de série animée familiale, cette saison 1 d'avatar est déjà très clairement dans le haut du panier : le monde est original et intéressant, avec une mythologie cohérente et bien maîtrisée; la maîtrise des éléménts est une super idée qui donne lieu à beaucoup d'inventivité graphique et scénaristique; et surtout la plupart des personnage est déjà là et ils sont déjà extrêmement attachants et intéressants. Iroh, Zuko et Aang en particulier ne ressemblent à aucun archétype que j'aie pu voir ailleurs, et sont des personnages merveilleux.
Enfin, il y a quelques épisodes objectivement très bons dans cette saison. L'esprit bleu et le final en 3 épisodes notamment figurent à mon avis dans le panthéon des meilleurs épisodes de la série, toutes saisons confondues.