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Il est là, le divin enfant. Le fils prodigue, celui dont il ne fallait surtout pas provoquer le retour.
Le vieux Steve. Ce bon vieux Steven.
A l'époque, c'était son Doctor Who à lui qui me parlait le plus, résolument à la fois plus SF mais aussi plus intime, voir même psychanalytique, le big M est celui qui a défini ce qu'est la série et ce qu'est le personnage du Docteur à mes yeux.
Du coup, dans ce monde qui n'est pas le sien, il y est invité et il le sait. Il se débarasse de certaines de ses habitudes favorites et arrive avec quelque chose d'incroyablement simple, priver le Docteur de ce qu'il fait le plus : bouger.
Avec un Docteur qui ne bouge plus pour sauver autrui et passer à l'action, plus rien ne fonctionne, tout empire de manière constante (ROYALE prestation de Ncuti Gatwa)
Et là où plus rien ne fonctionne, là où les vieux tours de ce cher Steve n'ont aucun effet, il ne reste plus que la solution la plus simple du monde : l'amour, les liens entre un père et sa fille, plus forts que la cruelle et cynique logique d'un capitalisme devenu fou.
Malgré sa simplicité extrême, c'est quelque chose qui fonctionnera toujours et encore sur moi et qui ne peut être que raconté par ce bonhomme qui a tenu la série sur son dos pendant si longtemps.
Pas ce coup ci.
Exercice de style, bien qu'ambitieux, vain et au final sans vrai intérêt qui n'a pas l'avantage de son prédécesseur (Turn Left) et qui du coup n'a aucune base ou presque pour se construire une vraie force narrative.
En résulte un épisode conceptuellement assez faible qui ne va au final un peu nulle part et qui a un rôle anormal dans une saison déjà amoindrie dans son nombre d'épisodes.
73 Yards se permet même un twist relativement gratuit dans sa résolution qui a provoqué la même chose que le twist autour de Face de Boe en saison 3 : "Et donc ?", et c'est peut-être ce qui est le plus triste.
Reste une prestation qui force l'admiration de Millie Gibson, seule lumière qui guide un épisode aveugle dont le principe n'a pas la force nécéssaire pour se tenir seul.
RTD a eu les yeux plus gros que le ventre, au point de peut-être affaiblir cette nouvelle saison à long terme. (terme pas si long que ça)
RTD est revenu, aux commandes de pas moins de trois spéciaux, et d'une saison entière. Après tout ce temps.
Après ses spéciaux anniversaires qui avaient un regard sur la série toute entière, RTD se décide à introduire son nouveau Docteur via toute une panoplie d'émotions qu'il ressent lui même.
La joie (Ruby Road), l'émerveillement (Space Babies), la mélancolie (Devil's Chord), la solitude (73 Yards), et ici la colère et frustration.
Plus que jamais, RTD nous prouve qu'il est le Docteur de sa nouvelle ère et est bien décidé à nous emmener dans des recoins qui ne ressemblent à aucun des précédents
Mais la question qui se pose ici est de comment nous faire ressentir cette colère ?
C'est bien simple, RTD ici se pose avec un épisode hyper-intelligent qui aurait été catastrophique dans bien d'autres mains mais qui chez lui, adepte des satires, fonctionne parfaitement.
RTD nous montre l'absurdité de la société du paraitre, prédominante chez les élites, au point où cela déborde au travers de la structure de l'épisode lui-même qui apparaissait en premier lieu comme un épisode boomer sur le danger des écrans, avant de briser tout ça petit à petit et finir sur un grand coup de marteau dans la vitre : Dans ce monde du paraitre, ce qui diffère physiquement de la norme sera toujours vu comme une anomalie, comme inférieur. Dans ce monde du paraitre, le racisme systémique l'emportera systématiquement sur le bon sens, la raison et même l'instinct de préservation.
Quand le refus de voir la réalité, en dépit même de la moralité de chacun, quand la Bulle est impossible à percer, même le Docteur ne peut rien y faire.
L'imbécile préjudice l'emporte face à la raison, et c'est ce qui est aussi frustrant.
Royal épisode.