Critique : Doctor Who Christmas Special 2012

Le 09 janvier 2013 à 15:08  |  ~ 6 minutes de lecture
Septième aventure du Doctor diffusée cette année, The Snowmen montre que 2012 ne fut décidément pas l'année de la qualité pour la série.
Par Koss

Critique : Doctor Who Christmas Special 2012

~ 6 minutes de lecture
Septième aventure du Doctor diffusée cette année, The Snowmen montre que 2012 ne fut décidément pas l'année de la qualité pour la série.
Par Koss

Ce qu'il y a de bien avec l'épisode de Noël de Doctor Who, c'est sa régularité : tous les ans, sous le sapin, un joli cadeau nous attend. Parfois, malheureusement et malgré un bel emballage, la tante Ilda vous offre un cadeau un peu pourri. Cette année, Doctor Who, c'est ce cadeau. Celui dont personne ne veut.

 

Strax, Vastra et Jenny

 

Sideckick, Clouds and Punchline

 

Comme l'an dernier, l'épisode commence très mal. Depuis la disparation des Pond, le Docteur se refuse d'intervenir dans les activités terrestres. Ayant planté son Tardis dans l'Angleterre victorienne, il reste dans les nuages. Seul.

À bien y réfléchir, on dispose là d'une assez bonne idée de départ qui aurait pu fonctionner si elle avait été correctement exploitée. Le problème avec une série aussi vieille que Doctor Who, c'est que certaines situations ont tendance à se répéter. Surtout lorsqu'il s'agit de faire le deuil des compagnons. Que ce soit dans l'épisode Rose ou Runaway Bride, à chaque fois le Docteur est triste. Et nous aussi, à force de voir les mêmes mouvements se répéter. L'approche qu'a Steven Moffat de ce deuil n'est ni originale, ni particulièrement passionnante. La frustration du spectateur nait surtout de la sensation que l'exploit de proposer quelque chose de neuf n'est pas loin. L'idée d'un escalier en colimaçon perdu dans les nuages montre la tentative de Moffat d'innover... Avant qu'il ne se replie sur ses habituelles techniques.

Je n'aurais jamais cru écrire cela un jour mais le showrunner anglais commence à m'agacer avec ses tics d'écritures. La caractérisation des personnages en est le plus parfait exemple. On passe l'épisode à se demander pourquoi et comment ils sont là (j'avais manqué la résurrection de Strax, pour ma part) avant de se rendre compte qu'ils ne reposent que sur du vide. Leur écriture est basée sur une seule idée, avec dans l'ordre : Starx l'idiot drôle, Vastra la mystérieuse détective et Jenny heu... la lesbienne sympa ? C'est franchement désolant de voir Moffat réduit à de pareils raccourcis bancals. L'accumulation de punchlines en mode automatique peine à masquer la faiblesse du scénario. Au bout du compte, l'intrigue ne décolle jamais vraiment et le spectateur plonge dans un ennui assez profond.

 

 

Clara, la nouvelle compagne

 

Clara Who ?

 

Comme l'an dernier avec l'apparition surprise des Ponds, l'épisode aurait très bien pu contenir ce petit quelque chose qui ne fait jamais perdre confiance dans la série. Cette année, ce truc en plus est tout trouvé : Clara Oswin Oswald est la nouvelle compagne. Mieux, elle est « the woman who died twice ».

Ah, c'est sûr que dit comme ça, ça claque pas mal. Mais sache que je t'ai vu venir de loin Steven et qu'encore une fois, tu me l'a fait à l'envers. Dans le cerveau de l'anglais, on imagine aisément la mécanique « Bim, nouveau personnage. Bim, une idée. Bim, une punchline ». Et caetera.

Cette fois, je ne marcherai pas, parce que je sais où tout cela va nous mener. Je continue de penser que l'idée de faire une septième saison est une mauvaise idée. Ces épisodes qui s'accumulent depuis septembre n'ont rien de commun avec ceux qui vont être diffusés au printemps. Si les premiers nous offraient un pot de départ (raté) des Ponds, les seconds se présentent comme une longue introduction aux cinquante ans de la série et la mort-résurrection du Docteur.

 

Le Docteur fait le guignol

 

Pour combler nos attentes entre-temps, Steven Moffat déballe un seul et unique fil rouge : Clara Who ? Qui est vraiment cette compagne et pourquoi peut-elle revivre deux fois ? Le problème ici, c'est encore une fois celui de la redite. Construire un mystère autour d'un compagnon du Docteur a déjà été fait deux fois par Moff : River Song et Amy Pond. Si la première a été utilisée jusqu'à l'écoeurement, la seconde n'a pas débouché sur grand-chose. Je continue de croire que quelque chose de « bien plus grand » était prévu pour la rouquine (il suffit pour cela de revoir The Eleventh Hour), mais que l'absence de temps et d'idées ont débouché sur une solution bâtarde. J'espère de tout coeur que Clara ne partira pas dans la même direction, mais rien ne me permet d'avoir confiance dans ce personnage.

Si j'avais adoré le personnage dans sa première apparition, tout chez elle, ici, m'a agacé. Clara est clairement too much. Tout dans son habitude, ses gestes, ses paroles et son baiser au Docteur (WTF ?) sonnent faux. Si j'avais une idée précise de ce que pourrait être le compagnon parfait pour Eleven, c'est immédiatement à l'over the top Clara que j'aurais pensé. Elle est exactement ce que Moffat veut. Elle est un miroir parfait du Docteur !

Or, la perfection ne m'intéresse pas. Les compagnons qui m'ont toujours le plus fasciné (Wilfried, Donna et Rory) sont précisément ceux qui avaient le plus de failles dans leur histoire personnelle. Avoir un double du Docteur du Tardis ne me parait nullement excitant. Quant à son intrigue, j'avoue que je m'en fous pas mal, Steven Moffat ayant depuis longtemps dépassé les bornes du retournement improbable de dernière minute.

 

The Snowmen pose les bases de ce que sera l'introduction à LA saison que tout le monde attend, sans se montrer absolument convaincant. Il faudra bien le talent conjugué de Mark Gatiss et de Neil Gaiman pour enfin apporter quelque chose de neuf dans la série. Car franchement, entre la réutilisation d'idées usées et d'anciens personnages et le recyclage de thématiques, depuis combien de temps Steven Moffat n'a-t-il pas pris de véritables risques avec « Doctor Who » ?

 

Bonus - le coin du fan :

 

  1. 1) La menace de l'épisode « The Great Intelligence » était déjà apparue dans deux épisodes classiques de Doctor Who : « The Abominable Snowmen » et « The Web of Fear ». Dans ce dernier épisode, le Docteur combattait l'ennemi dans le métro de Londres ; métro que le Docteur n'a de cesse de pointer du doigt dans cet épisode de Noël. Se faisant, Steven Moffat crée une sorte de préquel à ces épisodes classiques et complète la trilogie.
  2. 2) La seconde référence est faite pour les fans de la pause en milieu d'épisode comme moi. Ainsi, sur la tombe de Clara apparait sa date de naissance : 23 novembre 1866. Et le 23 novembre est la date de diffusion du tout premier épisode de Doctor Who. Joli clin d'oeil.

 

J'ai aimé :

 

  • Loin de l'aspect « visite à l'intérieur d'un estomac » du précédent, il est vraiment pas mal ce nouveau générique.
  • Le Tardis a un escalier en colimaçon ! Sur un nuage !

 

Je n'ai pas aimé :

 

  • Le sur-abus de références méta : trois « The Winter is coming », c'est sympa, cinq « Doctor Who ? » beaucoup moins.
  • Un épisode familial trop infantilisant pour être pris au sérieux, ne serait-ce que cinq minutes.
  • Strax, Vastra et Jenny : et si quelqu'un pouvait m'expliquer votre utilité précise ?

 

Ma note : 09/20.

L'auteur

Commentaires

Avatar elpiolito
elpiolito
Tu es aigri. D'accord avec toi sur la trois quart hormis : - Les sidekicks qui, pour un épisode de noel, étaient très bien là. Pour un autre épisode, je ne dis pas mais là, sachant qu'on était quand même en présence d'un épisode de noel, il ne m'ont pas choqué plus que ça (et ils sont toujours 1000000000 de fois plus intéressant qu'un mickey par exemple) - Clara : ok, c'est un clone du docteur mais pour le coup, vu que celui-ci est complètement amorphe la moitié de l'épisode, elle ne m'a pas choqué. Je l'ai même plutôt trouvé à sa place. Après, ce n'est pas encore la version finale de la compagne que l'on aura dans les prochains épisodes. A voir par la suite avec un docteur beaucoup plus réveillé si ça ne efra pas doublon à la River Song. Sinon, pour le reste, je suis plus ou moins d'accord : le docteur est amorphe, de bonnes idées mais aussi de bien merdiques. Tu ne parles nullement des méchants dans ta critique : tu les as vu au moins ? ^^

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Koss
Je ne suis pas aigri. Je suis réaliste. Et les méchants sont inutiles. J'ai eu honte pour Richard E. Grant d'ailleurs.

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Gouloudrouioul
Ouais t'es aigri D: Mais j'avoue que je suis plus ou moins d'accord avec ce que tu dis. Comme toujours Moffat n'exploite jamais ses idées à fond. Et ses manies commencent, moi aussi, à sérieusement m'énerver. J'en viens à attendre avec impatience un nouveau showrunner.

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Marino
Cette épisode est symptomatique des dernières saisons: je n'arrive pas à savoir si c'est génial ou carrément mauvais, poétique ou commercial. Moffat nous murmure de belles histoires, à travers l'avalanche d'effets de style. Problème:est ce que j'entend vraiment sa voix, et combien de temps pourrai-je me convaincre de tendre à ce point l'oreille? J'aime bien ce que tu dis sur les "fêlures" des compagnons. Rory s'est révélé être un personnage sensationnel, et il n'a été exploité qu'un strict minimum. River est parvenue à me toucher malgré elle-même, ses silences étant toujours beaucoup plus convaincants que ses verbiages intempestifs.

Avatar elpiolito
elpiolito
Je crois qu'en fait, si le méchant n'avait pas été Richard E. Grant, on n'aurai même pas su qu'il y en avait. Il a quand même une scène pas trop mal au début mais c'est vrai que c'était du gâchis de ce côté là.

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Galax
Hum, je crois que la magie de Noël n'a pas été saisie... "Moff ne prend pas de risques, encore une fois le Docteur est en deuil", mais ça ne serait pas anormal s'il ne l'était pas ? Et je pense qu'il a suffisamment pris de risques dans la saison 6, et en re-divisant la saison 7 en blockbusters. Tu critiques le scénario, qui n'est certes pas exceptionnel, mais ce n'est clairement pas le but d'un épisode de Noël... Chaque année avec Moffat, ce n'est qu'un prétexte à la magie et à la détente, et c'est pas plus mal vu les scénarios des 3 premiers épisodes de Noëls de RTD... Plutôt que de juger si les 3 persos secondaire ont une utilité, pouquoi ne pas se demander si on a rigolé ? Devant la scène du vers à mémoire ? Si ce n'est pas le cas, c'est soit qu'on a extrêmement peu d'humour, soit qu'on regarde l'épisode en se disant "je vais trouver les défauts''. Puis le scénario n'est pas si minable, je ne vois pas qui avait deviné la mort de Clara, on s'attendait tous à un truc comme River, le Doc l'invite dans le TARDIS, ils voyagent, et dans le finale la fous dans l'Asile des Daleks, mais non ! Elle est morte, et Moff nous a surpris. Quand à la répétition de Doctor Who, c'est un peu le fil rouge de la saison... Et j'avoue avoir bien ris devant ton commentaire de Mark Gatiss, c'est peut-être un bon scénariste, mais en observant les résultats de ses anciens épisodes, c'est pas à la hauteur. Bref je le redis, je pense pas que tu ai saisis le principe d'un épisode de Noël.

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Koss
Ben justement si puisque j'adore le Chrismas Special de 2010 (vérifie avant de balancer des phrases sentencieuses) qui est mon épisode préféré. C'est l'esprit de Noël (à supposer qu'il existe) c'est faire combattre de bonhomme de neige, je passe gentiment mon tour. Et non je n'ai pas ri et non ce n'est pas faire preuve de peu d'humour. Affirmer cela c'est, par contre, faire preuve d'assez peu d'ouverture d'esprit et c'est bien dommage. Pour ce qui est du scénario, je maintiens ce que je dis : c'était ennuyeux et les personnages secondaires sont mal caractérisés. Si un simple twist (la mort de Clara enl'espèce) suffit à faire d'un épisode, un sommet de surprise, alors The Walking Dead serait la plus grand série de tous les temps. Pour ce qui est de Gatiss, tu sais aussi bien que moi qu'il aide Moffat sur la trame principale. Je ne faisais donc pas référence à ces épisodes (qui ne sont pas bon), mais justement à cette aide.

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Galax
Je n'ai pas lu la critique du Xmas 2010, je ne parlais que de Snowmen. En fait, je crois que j'ai été un peu destabilisé, vu que c'est typiquement l'épisode où toutes mes conaissances (mêmes ceux qui ont énormément de mal avec cette saison, Clara ou Moffat en général) l'ont apprécié un minimum. J'ai quand même retrouvé la magie de Noël, avec l'escalier menant vers les nuages, le filtre bleu présent dans les Xmas de Moffat, et c'est un des seuls épisodes Xmas où on prend un élément de Noël (l

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Galax
(la neige) pour en faire un élément clé de l'histoire. Et puis, encore une fois, le scénario ici, c'est le chat et la souris entre Clara et le Docteur, avec un petit bout d'investigation entre temps, qui n'est globalement qu'un prétexte. Enfin, c'est toujours instructif d'avoir plusieurs avis opposés. (Désolé pour le post divisé en 2, il n'y a pas de fonctions Edit et j'ai appuyé sur la mauvaise touche...)

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