Seul face au reste du monde
Plus qu'un simple enfant normal, Allen Gregory est un De Longpre, une famille bourgeoise et mondaine dont le père Richard, homosexuel notoire et snob, est au bord de la ruine. C'est alors qu'il décide de retirer le jeune garçon de la garde de son époux Jeremy pour l'envoyer directement à l'école publique, permettant à son amant de se dégoter un travail. Prétentieux et habitué à être la vedette, le jeune garçon se retrouve perdu dans cette école où sa seule connaissance est Julie, sa soeur adoptive que son père a acheté au Cambodge.
Résumé de la critique
Un épisode convenable que l'on peut détailler ainsi :
- un héros particulièrement détestable et assez drôle
- une esthétique très figé pour une série très bavarde
- un univers un peu pauvre
- Allen Gregory, pour quoi faire ?
Allen Gregory et l'insolence des nantis
Allen Gregory est l'enfant unique de la famille des De Longpre ce qui fait de lui un être vraiment à part, élevé dans la conviction de sa supériorité sur l'être humain moyen. Prétentieux, insolent et dotée d'une autosatisfaction totale, il est clairement un enfant à part, mais pas dans le sens où il l'entend. Amateur de speech et convaincu que le centre du monde tourne autour de lui, le jeune blanc bec n'a jamais fréquenté l'école publique, profitant de Jeremy qui lui sert à la fois de tuteur et de souffre-douleur.
Seulement, son père n'est plus l'homme fortuné qu'il était auparavant, obligé de se résoudre à réduire ses coûts en envoyant son fils dans l'enfer de l'école publique. L'intégration va évidemment virer au désastre, Allen Gregory se conduisant envers chacun des adultes avec une condescendance qui est le moteur comique du show, le tout emmené par des dialogues dynamiques et quelques réparties bien senties. Pourtant, c'est le père d'Allen (qui me fait penser au doyen de Community) qui va montrer le plus grand potentiel comique, au contraire de son fils trop tête-à-claques pour être vraiment attachant.
Si la série possède une vraie dynamique et quelques bons moments de comédie, le potentiel humoristique du héros est trop discutable pour convaincre, en grande partie à cause de sa suffisance un peu répétitive. Si le concept de Allen Gregory est assez original sur le fond, la forme un peu particulière peut dérouter, surtout en comparaison des autres productions du dimanche soir sur FOX.
Une production singulière
Allen Gregory est un show en deux dimensions à l'esthétique qui mélange une construction en tableau à plat et une qualité d'animation absolument remarquable, appuyant parfaitement le rythme effréné des conversations. Très figée du point de vue spatial, la comédie repose essentiellement sur les dialogues et l'expressivité des personnages, résultat d'un travail très soigné de la part des auteurs. Très stylisé, la série se retrouve alors face à un problème de taille, car elle se trouve dans le programme de la FOX entre les Simpsons et Family Guy, deux shows qui ne lui ressemblent pas.
Malgré ses qualités, la série apparaît figée en comparaison, jouant sur un registre comique qui ne possède pas l'imprévisibilité des shows de Seth MacFarlane, ni la profonde humanité des Simpsons. Très froid, le design du personnage principal est à l'image de la série et manque cruellement de personnalité, incapable de s'imposer réellement. Du point du caracter design, Allen Gregory joue la carte d'une certaine sécurité, à l'exception du père et du conseiller d'éducation, seuls personnages à marquer leur différence dans l'épisode.
Au final, la série parvient à poser un univers, mais qui ne paraît pas suffisamment ambitieuse et riche en comparaison des autres shows de la FOX. La faute à certains choix scénaristiques discutables qui apparaissent par moment comme de vrais fautes de goût pour un show à la recherche de son identité.
Un héros trop distant
Reposant sur un concept clair, Allen Gregory raconte la tentative d'intégration d'un garçon hautain et méprisant dans le monde réel de l'école publique. Il s'agit pour ce garçon capricieux et prétentieux de se confronter à une réalité où il n'est qu'un enfant et non un roi comme à son habitude. Perdu dans son imagination, le petit héros de la série va utiliser son père pour tenter de soumettre le réel à ses désirs, offrant l'occasion de quelques délires assez farfelus, mais à l'humour assez limité.
Trop centré sur leur personnage principal, la série omet d'expliquer de nombreux éléments qui nous permettraient de mieux l'appréhender comme ses origines ou un rêve quelconque qui le pousserait à avancer. La séquence où il fracasse tout dans la maison en découvrant l'impuissance de son père à soumettre le monde à sa volonté est bien pensée et constitue un ressort comique assez intéressant. Seulement, dans cette histoire d'arrivée à l'école, Allen Gregory n'a rien à gagner, à l'exception d'une intrigue romantique assez pathétique avec sa principale.
Au final, même si l'épisode pose bien la dynamique de la série (les caprices d'Allen Gregory), l'histoire ne parvient pas à rendre son personnage principal attachant en donnant du sens à ses délires. Le fait qu'il soit amoureux de sa principale est plutôt drôle, mais l'exploitation de cette idée manque cruellement de finesse et d'émotion.
Pourquoi Allen Gregory ?
Si The Simpsons ou Family Guy ont su porter un regard acerbe et touchant sur la middle class américaine, Allen Gregory marque un vrai changement en proposant un héros à l'opposé des habituels animés de la FOX. A la fin du visionnage, il est difficile de savoir quel est le but de cette série qui possède malgré tout de vraies qualités, comme cette soeur cynique et réaliste qui devrait servir à donner un sens moral à l'épisode. En tant que tel, Allen Gregory a toutes les pièces pour faire une bonne série, mais malheureusement, les pièces ne parviennent pas encore à s'emboîter comme il faut.
En conclusion, un épisode convenable qui a le mérite de poser le décor d'une série singulière, très différente des habituels productions de la chaîne. Porté par un petit héros déplaisant et égoïste, la série est un peu bavarde, son humour reposant en grande partie sur le décalage entre le monde vu par le héros et la réalité. Trop antipathique, Allen Gregory peine beaucoup à s'imposer, son personnage restant trop hermétique au spectateur pour donner du sens à son sale caractère et à la série en général.
J'aime :
- l'animation remarquable
- certaines répliques font mouches
- la soeur d'Allen Gregory
Je n'aime pas :
- le héros (ce qui est normal, c'est fait pour)
- l'enjeu assez limité
- le manque d'interaction du héros avec les autres membres de sa famille
Note : 12 / 20
Nouvelle série animée proposée par la FOX, Allen Gregory possède pour elle un style assez singulier et une animation absolument remarquable. Hélas, l'histoire de ce petit garçon insupportable va se révéler assez moyenne, la faute à des enjeux confus qui ne permettent pas de comprendre l'objectif de la série. Le plus dur a été accompli en posant un décor, un style visuel singulier et quelques personnages assez attachants pour donner envie de revenir.