Critique : Better Call Saul 2.09

Le 23 avril 2016 à 13:37  |  ~ 6 minutes de lecture
Où ceci est la conséquence de cela et de cela.
Par Koss

Critique : Better Call Saul 2.09

~ 6 minutes de lecture
Où ceci est la conséquence de cela et de cela.
Par Koss

Depuis un certain temps, on sentait que quelque chose était en train de s’amorcer. Tout s'est méthodiquement et consciencieusement enclenché pour arriver précisément à cet épisode. Le spin-off rejoint ici la série-mère dans ce jeu tordu du « cause-conséquence » qui matérialise l’implacabilité du destin.

 

 

C’était Chuck

 

Rembobinons ensemble. Jimmy McGill fait le choix de ne pas aller aider son frère dans le magasin de photocopie. Chuck McGill s’y rend par fierté, pour prouver le bien-fondé de sa théorie. Sa quête de vérité, doublée de sa « maladie », le condamnent. Tout cela arrive parce que Jimmy soudoie le vendeur. Il le fait parce que Kim lui fait remarquer qu’avec Chuck, il faut vraiment effacer toutes ses traces. Il peut y avoir plusieurs explications à cette phrase de Kim : on peut estimer que c’est une forme de vengeance envers Saul, qui l’a poussée à mentir. Mais cela peut tout aussi bien être une preuve d’amour, afin de s’assurer que Jim fasse le job jusqu’au bout.

Si on remonte d’un cran supplémentaire, les fautes deviennent multiples : la fierté de Chuck et l’amour de Kim pour Jimmy la poussent à défendre ce dernier. Sauf que la fraude sur les contrats de Mesa Verde a été faite parce que Jim voulait que Kim les récupère comme clients. Et elle les a perdus à cause de Chuck… Qui a agi par haine de son frère. Et cetera, et cetera… Le fautif, ça peut même être ce type qui arnaque le père de Jimmy (« Il y a des moutons et des loups »).

 

Kim, Chuck et Jimmy

 

Comme dans Breaking Bad, la responsabilité ici, elle est collective. Tout le monde peut se décharger sur son voisin ou sur une cause supposée juste (« Everything I did, I did for my family »). Mais, c’est un mensonge (« All I did, I did for me »). Chuck est mort / griévement blessé parce qu’il a fait ce en quoi il est le meilleur : ne jamais lâcher ce qu’il croit être juste. « C’est le meilleur avocat au monde » dit d’ailleurs Jim à Kim. Et Saul a aussi tué / endommagé à vie son frère en mettant en œuvre sa meilleure compétence : la fraude.

Là-dessus, la série touche sa limite. En effet, tout ce déroulé, tout ce sous-texte, on l’a déjà vu dans Breaking Bad. Walter White n’est peut-être pas présent physiquement à l’écran, mais les enjeux sont strictement les mêmes. C’est précisément le piège dans lequel je craignais que la série tombe. Même si je continue de trouver Better Call Saul d’une régularité exemplaire, je préférerais qu’elle propose autre chose que la série principale. Une nouvelle pierre à l’édifice d’ensemble ferait en outre beaucoup de bien à l’univers des deux shows.

 

 

C’étaient les pneus

 

La semaine dernière, un bon gros mystère avait plané sur le début de l’épisode 8 : « Mais bordel, où ces gredins de Salamanca ont-ils caché leur drogue ? ». Magic Mike trouve la réponse en cinq secondes. Le chauffeur le lui fait même remarquer. Comme Nacho, j’ai beaucoup de mal à trouver un véritable fondement raisonnable dans cet acte de Mike. On dirait un truc de gamin qui a été vexé.  On est à des années lumières du Mike de Breaking Bad (voir ci-dessous). Notre chauve préféré paye même sa tournée après la réussite de son coup (ce qui est complètement stupide). Comment a-t-il pu croire que la police allait s’intéresser aux Salamanca après ça ? Une famille aussi méthodique et préparée…

 

Mike et Nacho

 

Mike commet indirectement deux meurtres : le chauffeur et ce témoin inconnu qui est supprimé par les Salamanca. Il est important, cet inconnu, dans le récit. Pour la seconde fois depuis le début de la saison, Mike s’en est tenu à des half-mesures et un « innocent » en a payé le prix fort. 

 

Dans cet avant-dernier épisode de cette excellente saison, Better Call Saul abat – enfin – ses cartes et nos deux héros se retrouvent pris dans deux engrenages qu’ils n’ont pas voulus. Deux mécaniques qui vont les conduire à la mort (réelle pour Mike et symbolique pour Gene).

 

J’ai aimé :


  • La scène du procès où Chuck perd tout crédit aux yeux de Mesa Verde. Assez jouissif.
  • ‎Rhea Seehorn. Chaque semaine, tu penses qu’elle ne peut pas aller plus loin et chaque semaine, elle te donne tort.
  • Michael Mando. Certes, Nacho a un rôle mineur dans la série, mais son abattage d’acting est vraiment d’excellente facture.
  • La scène de trio Chuck-Kim-Jimmy. Hyper maligne en position des acteurs dans le champ de la caméra.

 

Je n’ai pas aimé :


  • Le générique. C’est con, mais je n’arrive toujours pas à m’y faire. C’était encore bien laid cette semaine.
  • Une certaine forme de redondance dans le propos qui rapproche bien trop la série de Breaking Bad. Il serait tout à fait judicieux pour le spin-off de proposer quelque chose de neuf.

 

Ma note : 15/20.

 


Le coin du fan :

 

  • Mike se souvient. C’est désormais presque une spécialité de la série. Les histoires nébuleuses que racontait Mike dans Breaking Bad prennent une forme concrète dans Better Call Saul. Comme on peut le voir sur l’image ci-dessous, Mike met en garde Jesse, Mike et Lidya contre le fait de laisser des témoins. Un conseil tiré d’une expérience concrète, donc.

 

Breaking Bad Saison 5

 

  • La maladie d’Hector Salamanca. Pas vraiment un easter egg, mais lorsque Mike observe la famille Salamanca réagir à son coup, on voit que Tio est pris d’une forte quinte de toux. Sans doute annonciateur de sa condition dans Breaking Bad.

 

  • El Griego Guiñador. C’est l’entreprise de glaces qui sert de façade aux Salamanca. La traduction littérale nous donne : « Le Grec clignant de l’œil » ou « Le clin d’œil du Grec ». Or, on sait de Breaking Bad que Don Eladio Vuente, le boss de Tio, est d’origine grecque. Double clin d’œil, donc.

 

Better Call Saul le grec

Source : http://filmvideoarts.tumblr.com/

 

On se retrouve la semaine prochaine pour le dernier épisode de la saison qui devrait répondre à deux questions : Chuck est-il mort ? Bordel de bordel, quand est-ce que Gus apparaît dans cette série ?

L'auteur

Commentaires

Avatar pihug12
pihug12
C'est la critique du 2.09 et non pas du 2.08.

Avatar ClaraOswald
ClaraOswald
Haha moi aussi je déteste le générique ^^ Très bonne critique, hâte de voir le final !

Avatar Marie-Louise
Marie-Louise
@Pihug : Oui, effectivement ! On nous l'a également signalé sur la page Facebook, et ça a été corrigé dans la foulée. Merci d'avoir été attentif ! :)

Avatar Galax
Galax
Gros +1 pour Rhea Seehorn. Par contre, je trouve l'acteur jouant Nacho clairement le plus faible de tous dans la série... enfin c'est une question de goût.

Image Better Call Saul
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