Jail Time
Michael tente de rentrer en contact avec Fiona et cherche un soutien au sein de la CIA qui possède l'influence pour lui accorder cette faveur. Westen propose donc ses services à l'agent Card, son ancien instructeur au sein de l'Agence qui lui propose une mission consistant à aider la DEA à intercepter un transfert de cocaïne de plusieurs millions de dollars. Pendant ce temps, Fiona tente de survivre dans sa prison de haute sécurité où sa situation parait des plus compromises.
Résumé de la critique
Un épisode solide que l'on peut détailler ainsi :
- un héros qui possède une forte pression sur les épaules
- une mise en avant de Jesse judicieuse
- un séjour en prison qui joue intelligemment avec les clichés
- un épisode solide et efficace
L'importance d'avoir un objectif concret
Après un season premiere réussi, Burn Notice revient à sa routine, mais souligne d'entrée l'importance qu'aura Fiona dans la progression de la saison. Ainsi, toute la mythologie se centre autour de sa situation en prison, donnant la motivation à Michael pour partir à la recherche de nouveaux alliés au sein de la CIA. Une ouverture très réussie qui permet de donner une certaine profondeur plaisante au personnage joué par Gabrielle Anwar et une intensité suffisante à l'épisode, la scène de la table donnant clairement la sensation d'enfoncer inutilement le clou.
Le choix d'un nouveau partenaire au sein de la CIA va s'avérer intéressant, limitant l'agent Pearce à l'affaire Anson et à des opérations en dehors des terres. Le personnage de Card est très classique sur le papier, mais profite d'un interprète de choix pour l'incarner, à savoir John C. Mc Ginley, son rôle de mentor renvoyant clairement à son personnage mémorable de Cox. Possédant un style toujours aussi inimitable, le comédien apporte son dynamisme et lance une histoire de trafiquants classique par son principe, mais particulièrement efficace dans son écriture.
Reprenant la routine avec une mission à accomplir, Michael est motivé par son désir de sauver Fiona, montrant une détermination de tous les instants, suivi par une équipe aussi concentrée que lui. Un peu en retrait cette semaine, Sam et Madeline apporte de petits éléments de comédie et de mythologie qui confirme le sentiment que les scénaristes savent parfaitement où ils vont. Le but n'est plus comme l'année dernière de révolutionner la série dans son architecture, mais de proposer des épisodes suffisamment bien construits pour offrir un divertissement optimal.
Cette parfaite connaissance de la mécanique du show se ressent parfaitement tout du long, offrant une intrigue parfaitement calibré avec des comédiens parfaitement employés. Si l'histoire ne réserve pas de grosses surprises, elle reste malgré tout prenante et captivante grâce à de petites variations qui vont donner toute sa saveur à cet épisode. En effet, les scénaristes vont laisser Michael de côté pour laisser les commandes à Jesse, offrant à Coby Bell l'occasion de déployer son style particulier.
Porter, l'agent au sang-froid
Passant à la réalisation pour cet épisode, Jeffrey Donovan profite de sa position en retrait pour prendre la casquette de réalisateur, offrant à Jesse le soin de mener la danse. Si Michael sait utiliser les faiblesses et forces de son ennemi pour se jouer de lui, son coéquipier montre un réel sens de l'improvisation et un naturel remarquable mêlé à un sang froid hors norme. L'épisode va donc s'efforcer de le placer dans des situations périlleuses certes classiques, mais en mettant en avant la singularité de sa stratégie reposant sur une apparente décontraction et un sens de la répartie particulièrement efficace.
Incarnation de cette cool attitude qui définit la série, Jesse montre combien la violence et la menace sont des preuves de faiblesse, là où l'humour vient désarmer les situations les plus extrêmes. Cette façon remarquable de gagner sans arme ni violence gratuite fait le charme de Burn Notice et apparaît comme un élément décisif dans l'explication de sa popularité. Certes, dans cet épisode, les ficelles sont connues et prévisibles, mais les enchaînements sont suffisamment bien soignés pour offrir un bon divertissement, exemple parfait d'une mécanique parfaitement rodée arrivée à son maximum d'efficacité.
Le méchant du jour est volontairement choisi pour son comportement psychotique, utilisant les armes pour s'affirmer et masquer son manque de confiance, son impulsivité engendrant une perturbation dans sa perception de la réalité. Du coup, les coups de sang du début d'épisode Westen sonne légèrement faux, les héros du show de Matt Nix défendant une "cool attitude" où l'usage de la force ne doit être motivé que par l'instinct de survie. Une approche de la violence qui donne toute sa force à la série, comme cette scène d'explosion de la camionnette, spectacle où Rafael Montero voit l'expression de sa puissance, mais qui révèle pour le spectateur l'aspect profondément pathétique de son personnage.
Personnage devenu régulier, Jesse s'impose comme un pilier de Burn Notice, adaptant la philosophie du show grâce à son style fait d'un baratin raffiné et d'un sens du paraître particulièrement efficace. Surtout, la série possède ici un personnage qui peut mourir, là où la moindre mise en péril de Michael est aussitôt contrebalancée par la certitude qu'il va y réchapper. Avec cet épisode, le show de Matt Nix confirme son talent dans l'art de la variation, modifiant de légers détails pour briser le sentiment de monotonie inhérent à une formule de départ désormais bien connue du spectateur.
Un univers carcéral en demi-teinte
Pour compléter l'épisode, les scénaristes se penchent sur le cas de Fiona, prisonnière dans un bâtiment de haute sécurité et qui perd lentement l'espoir de pouvoir se sortir du piège d'Anson. Vraie réussite formelle, la première scène pose la crédibilité de cet univers et une force étonnante en s'appuyant sur la bonne interprétation de Gabrielle Anwar. En quelques minutes, l'univers carcéral et son inhumanité est brossé, détruisant l'idée de sécurité et d'intimité pour ne laisser que la peur et un profond sentiment de solitude.
Moins subtile, la suite va jouer sur les clichés concernant l'univers carcéral, avec les prisonnières qui vont aussitôt la tester pour déterminer sa résistance à l a pression et son aptitude à se soumettre. Pour une femme habituée à vivre dans le décor particulier de Miami, cet univers paraît assez asphyxiant, l'obligeant à affirmer sa capacité à se défendre par le biais d'une scène d'incendie plutôt réussie. Seulement, si l'ensemble reste plaisant, il laisse apparaître des ficelles assez évidentes, même si la fin parait assez inattendue, augmentant la pression pesant sur les épaules de Glenanne.
Au lieu de temporiser, Burn Notice accélère en faisant monter les enjeux dans une saison qui montre d'entrée toute son ambition, en espérant que les auteurs parviendront à tenir toute l'année sur ce rythme. Même si la scène de l'incendie est un peu excessive et poseuse, l'ensemble reste cohérent, révélant le goût des auteurs pour le film de genres et ses codes, que ce soit le film de gangster ou le drame carcéral. Une saison qui démarre pour le mieux, montrant que la série est encore loin de s'essouffler, lançant une nouvelle storyline ambitieuse avec le retour du frère de Michael.
Réussi et très maîtrisé
Si le départ de Fiona a privé Michael d'une partie de son self-control, le retour de Nate arrive à point nommé pour lui apporter ce réconfort personnel que Sam et Jesse ne peuvent lui apporter. Un retour intéressant qui va permettre d'évoquer des sujets plus intimes qu'il refusait d'aborder avec Madeline, permettant de développer la relation entre les deux frères. Nul doute que la question du père va ressurgir, la révélation d'Anson jetant Michael dans un mélange de rage et de culpabilité qui le dévore peu à peu.
En tant que grand fan de Burn Notice, difficile de ne pas s'enflammer pour ce début de saison ambitieux et surprenant qui renoue avec l'esprit premier du show tout en offrant un nouvel univers avec Fiona et de nouveaux personnages avec Card. Si certains effets dramatiques sont parfois un peu trop poussés, le show conserve cette touche de légèreté qui fait sa force, cette capacité à ne pas se prendre au sérieux tout en offrant un final efficace et bien pensé. Un signe de bonne foi envoyé à la CIA comme un mal nécessaire, seul moyen pour ouvrir la porte vers Fiona et indirectement, vers Anson Fullerton.
J'aime :
- une intrigue parfaitement maîtrisée
- Coby Bell impeccable
- la scène d'ouverture très réussie
- pas le moindre temps mort
Je n'aime pas :
- quelques facilités dans le déroulement
Note : 14 / 20
Un épisode de Burn Notice réussi qui confirme le bon niveau de ce début de saison avec une intrigue du jour parfaitement maîtrisée sans le moindre temps mort. Fort dans sa mythologie et ambitieux, un début de saison six prometteur, preuve que les scénaristes sont encore capables de nous surprendre.