Pitch à la CIA un jour, à la CIA toujours
Un bateau transportant de l'armement pour venir soutenir des activités terroristes est en route vers les Etats-Unis avec comme seule information le nom du trafiquant d'arme : Hasaan Waleed. Pour avoir des renseignements supplémentaires, Annie va être envoyé à la rencontre de Christopher Mc Auley, un ancien agent infiltré de la CIA qui a quitté l'Agence et refuse d'entendre parler de quoi que ce soit en rapport avec l'Agence.
Un épisode mythologique efficace
Après deux standalone convenables, Covert Affairs revient avec un épisode assez complet qui laisse entrevoir l'entame d'un récit plus ambitieux que d'habitude. Toujours en retrait, Annie va se retrouver confrontée à un ancien agent qui n'a pas pu accepter la corruption et les mensonges de l'agence, incarné par un Eriq La Salle très charismatique. Leur rencontre va occuper une bonne partie de l'épisode et replacer l'histoire d'amour d'Annie avec Ben Mercer au centre de l'intrigue.
En effet, si la menace terroriste occupe les esprits des agents, les scénaristes s'intéressent beaucoup plus à la façon dont Annie évolue au sein de l'Agence, fréquemment confrontée à des individus qui n'ont pas su résister à la pression. Son duo toujours efficace avec Auggie est légèrement laissé de côté pour proposer une coopération avec Jai Wilcox qui va s'avérer parfaitement efficace. Piper Perabo semble avoir ce talent particulier de savoir parfaitement s'adapter au comédien à qui elle est associée, ce qui confirme son statut de centre de gravité de la série.
Même si l'intrigue du marchand d'armes est clairement trop artificielle et cliché, les auteurs tentent de donner plus d'ampleur à leur intrigue, ce qui était plus que nécessaire. Un peu plus de soin dans les différents éléments du récit pour les épisodes à venir permettra peut-être au show de trouver la crédibilité qui lui manque encore. Le final avec Ben Mercer est un bon exemple d'instant très réussi où la série laisse entrevoir le potentiel qu'elle possède. Il reste donc aux auteurs à prendre enfin le risque d'adopter un plan d'ensemble plus ambitieux afin d'acquérir ce style légèrement feuilletonnant indispensable aux séries d'espionnages.
Un conflit entre le bien et le juste
Plutôt que de parler de guerre de civilisation et de l'importance d'un pays sur un individu, Covert Affairs propose une fois de plus une intrigue à taille humaine, où la motivation réelle d'Annie va être mise en cause par Mc Auley. Plus réaliste, voire même cynique, l'ancien agent prend le parti du juste contre le bien, là où Annie n'est pas encore capable de voir la différence subtile entre les deux. Conservant jalousement son libre arbitre, Mc Auley incarne le contraire de Jai Wilcox, un homme qui place sa propre intégrité au dessus de tout là où Jai doit perpétuellement faire preuve d'un vrai sens de la diplomatie.
Ce conflit sera parfaitement incarné par Henry Wilcox (Gregory Itzin, impeccable), un ancien chef de la CIA qui a fait le choix du juste contre le bien, du devoir contre la morale. Cette idée forte constitue l'un des axes principaux de la série et mériterait d'être mieux exploitée en poussant Annie à faire son choix et à en payer le prix. Encore en rodage, la série semble pourtant hésiter à obliger Walker à prendre vraiment position, attendant le dernier moment pour la faire choisir la voie des sentiments contre celle du devoir.
Une thématique forte pas encore assez mise en avant, mais qui justifie le potentiel que l'on pressent dans la série. Un épisode agréable qui doit beaucoup à son casting et à une scène d'action finale au culot étonnant.
La CIA et le poids du passé
Il serait possible de reprocher à la série les nombreuses zones d'ombre du scénario, mais le choix initial de faire d'Annie une débutante (en comparaison à une Sydney Bristow plus active et charismatique) oblige les scénaristes à limiter les informations qui lui sont fournies et donc à ne faire avancer l'intrigue que par petites touches. Car la CIA est une agence avec un passé fort, des tensions internes importantes et des secrets plus ou moins avouables que Jai est plus à même de percevoir qu'elle.
Il est important pour Covert Affairs de continuer à proposer des collaborateurs confirmés à Annie afin de permettre à l'intrigue d'aller au-delà de son seul niveau d'accréditation. Plus humaine et réaliste que d'autres espionnes, Annie Walker doit avant tout son succès à l'humanité qu'elle injecte au sein d'un monde souvent trop froid et impersonnel. Car on devient espion comme on rentre en religion, prisonnier ensuite d'une foi qu'il est dangereux de remettre en cause, ce qu'Annie commence petit à petit à comprendre.
J'aime :
- une thématique forte
- un casting impeccable
- revoir Eriq La Salle, trop discret depuis ER
- une scène finale surprenante et très réussie
Je n'aime pas :
- un contexte assez artificiel
- certains pans de l'intrigue mal exploités
- Une intrigue fil rouge pas encore très cohérente
Note : 13 / 20
Un bon épisode sur fond de lutte entre la morale et le sens du devoir particulier au monde de l'espionnage. Un casting impeccable tient de bout en bout une intrigue un peu mince qui peine à vraiment décoller. Un épisode qui laisse présager du potentiel du show, Piper Perabo confirmant une fois de plus tout son talent.