Critique : Desperate Housewives 8.03

Le 13 octobre 2011 à 10:10  |  ~ 9 minutes de lecture
Grosse année pour Desperate Housewives : dernière saison et nouveau showrunner. Après être allé tellement loin dans la médiocrité, le show peut-il seulement être sauvé ?
Par Koss

Critique : Desperate Housewives 8.03

~ 9 minutes de lecture
Grosse année pour Desperate Housewives : dernière saison et nouveau showrunner. Après être allé tellement loin dans la médiocrité, le show peut-il seulement être sauvé ?
Par Koss

Résumé des épisodes précédents : Après une première saison plutôt bonne, Marc Cherry, le créateur de la série, décide de saboter son propre show en faisant n’importe quoi pendant les six saisons suivantes. Alors que le show tire à sa fin, ce dernier, pris d’un soudain et surprenant élan de lucidité, décide de passer la main à Bob Daily, nouveau showrunner de la série.  Bob fera-t-il mieux que Marc ? Le show n’aurait-il pas du s’arrêter depuis déjà 5 saisons ? Bree va-t-elle se réfugier dans les cookies afin de masquer son absence d’intrigue à jouer ? Lynette va-t-elle nous casser les couilles pour la Xème fois ? Teri Hatcher aura-t-elle fait un nouveau ravalement de façade pour cette année ?

Je crois qu’on va encore bien se marrer cette année !

 

Desperate Housewives S06E03

 

Chaque année, mon histoire avec « Desperate Housewives » se déroule de la même façon :

  1. Phase 1 : Je jure de tout mon être de ne pas me faire avoir et de viscéralement détester le show.
  2. Phase 2 : Le début de saison se déroule étonnamment bien et je me surprends à reprendre confiance.
  3. Phase 3 : Le show retrouve son niveau habituel et s’ensuivent une bonne quinzaine d’épisodes durant lesquels je souffre atrocement.
  4. Phase 4 : La série se conclue de façon très élégante dans un feu d’artifice de retournements improbables.

 

Cette saison n’échappe pas à cette règle. Les premiers épisodes se sont, par conséquent, avérés être de qualité. Cette constante de début de saison est renforcée par un retour aux sources opportuns. Le marketing  met souvent en avant, après quelques saisons, cet argument de vente imparable : le show, on vous l’assure, va revenir au temps de sa splendeur qui a fait sa renommée internationale. Cet effet de manche est, dans 90% des cas, bidon. Dans cette dernière saison, cette volonté du showrunner prend tout son sens. Bob Daily réussit même ce que Marc Cherry ne parvenait plus à faire : recoller à la noirceur sous jacente à la « American Beauty » qui n’aurait jamais du quitter le show.

Le postulat originel est particulièrement bien trouvé. Ce n’est plus le nouveau voisin qui a un lourd secret à cacher, mais ce sont les housewives qui doivent se taire et masquer leur crime à ceux qui les entoure. Cette trouvaille scénaristique bénéficie à deux personnages : Bree et la surprenante Susan.

 

Susan

 

Concernant cette dernière, j’avais depuis très longtemps  perdu tout espoir, lassée par sa bêtise, son inutilité flagrante et un jeu de Teri Hatcher de plus en plus navrant. Pourtant, Susan possède la meilleure intrigue de ce 3ème épisode.  Chose surprenante en ce début de saison, c’est l'un des deux seuls personnages à nous sembler humain. En effet, c’est une des seules à ressentir de la culpabilité pour ce qu’elle a fait. La noirceur convient particulièrement à Teri Hatcher qui se retrouve, du coup, à jouer les meilleures scènes du show. Le duo avec Carlos (l’autre dépressif) est particulièrement réjouissant. On perçoit tout l’amusement des scénaristes à jouer avec les combinaisons possibles du soap. Oui, Carlos + Susan, c’est hautement improbable. C’est justement que les scénaristes ont conscience de cette improbabilité que c’est intéressant.

Bree est la seconde à bénéficier de ce vivifiant coup de fouet.  Je dois confesser, en toute honnêteté, que ce personnage a toujours été mon favori. Ce n’est que lorsque son traitement, en fin de saison 3, est devenu n’importe quoi, que le show a cessé de me passionner. J’ai souvent souhaité la réapparition de la méchante, alcoolique et  dépressive derrière le verni de la splendide républicaine. Las, les scénaristes de DH ont constamment préféré jouer la carte de l’imagerie d’Epinal américaine. Cela pourrait peut-être changer. Alors que Bree fait tout ce qui est son possible pour sauver la mise entre elle et son boy-friend de flic et, ainsi préserver son lourd secret, elle s’attire justement ces foudres. Cette très rapide avancée de l’intrigue a le très net avantage de laisser, une nouvelle fois, Bree au bord de la route. Il reste 23 épisodes et je vois mal Bree finir heureuse. On parie sur son suicide final ?

 

Bree

 

Si on en était resté là et si l’épisode avait duré 20 minutes, j’aurais été très content. Problème : comme d’habitude, on assiste impuissant à une fragmentation de l’intrigue en quatre parties. Il nous reste donc deux autres storylines toutes pourries à étudier.

Que faire quand on ne sait pas quoi raconter ? Réponse classique « Desperate Housewives » : on fait revenir des personnages sous-utilisés. Démonstration en 2 points :

 

1) En début de saison 4, Marc Cherry décide d’ajouter au voisinage de Wisteria Lane, un couple de gay : Bob et Lee, où comment respecter les quotas dans une série. C’est bien simple, ces deux personnages servent de poubelle scénaristique. Ils héritent à chaque fois des intrigues toutes pourries dont personne ne veut. Cet épisode n’échappe pas à la sacro sainte règle. Lee demande à Renée (un autre personnage inutile du show) de s’occuper de leur fille et de lui apprendre des trucs de femmes. A vrai dire, j’avais totalement oublié le fait que ce couple avait adopté une petite fille, lors de la saison dernière. C’est dire si ils sont passionnants… L’intrigue est  gentiment sympatoche, mais vire au ridicule lors des 5 dernières minutes. Ce passage est, je dois le dire, assez mythique. Renée explique à Lee ô combien c’est un père merveilleux et ô combien leur petite fille est géniale ; car oui, (toi-même, tu l’avais compris) les homosexuels sont des gens comme les autres. C’est pitoyable, moralisateur et parfaitement hypocrite. Si l’adoption homosexuelle coulait de source pour les scénaristes, elle n’aurait même pas dû faire l’objet d’un arc scénaristique. Tous les personnages auraient dû l’accepter tacitement et ne jamais l’évoquer. C’est justement parce que c’est grossièrement surligné que ce type de discours puritain me révulse au plus haut point. Juste écœurant.

 

Bob et Lee

 

2) On assiste, également, dans cet épisode au retour de la  sœur de Lynette qu’on avait perdue de vue depuis un sacré p’tit bout de temps. Pour ceux du fond qui n’ont pas suivi, Lynette et son mari Tom (LE couple inébranlable du show) ont décidé de se séparer, en fin de saison dernière. Désormais, Lynette doit gérer seule sa séparation. Sa sœur, accompagnée de son nouveau boy-friend, vient donc lui rendre visite pour lui remonter le moral. Or, Lynette devient très vite jalouse du bonheur affiché de sa sœur (oui, ce genre de postulat de départ suffit à créer une intrigue dans DH). Cette partie de l’épisode est surréaliste. C’est un peu comme si on était sur une autre planète et qu’on se contrefichait totalement de ce qui se passait à coté.

Lynette fait sa Lynette et entre en conflit direct avec sa sœur. Attend, attend, on ne l’a pas déjà vu cette intrigue ? Ah mais si, dans le 1x03, 1X06, 2x11, 3x02, 5x04, … Bref, dans ¾ des intrigues concernant Lynette. Ce personnage est tellement insupportable que cela devient presque drôle de voir les scénaristes s’acharner à la faire passer pour la méchante dans des storylines de plus en plus improbables. Ce qui est agaçant, ici, c’est une nouvelle fois la morale, à savoir "Lynette commence à se remettre en question". En fait, clairement, on nous annonce que Lynette et Tom vont se remettre ensemble à la fin de la saison. Et ce, dès le 3ème épisode. Youpi ! Les gars, si vous aviez d’autres idées, pour tuer en moi  tout intérêt de suivre le show, balancez-les maintenant.

Par conséquent, on assiste à une parfaite leçon de scénariste sur comment remplir 42 minutes d’épisode. Je me prends d’ailleurs à rêver de saisons où DH ne durerait que 13 épisodes. Quelle purge aurait-on évité !

 

J’ai aimé :

  •  Susan qui n’avait plus rien à dire depuis 159 épisodes.
  •   Bree qui va surement finir la seule véritable DH de l’histoire.
  •  Le jeu scénaristique autour du champ de possible dans une série.

 

Je n’ai pas aimé :

  • L’habituelle fragmentation de l’épisode en 4 parties (je ne l’ai jamais aimée de toute façon).
  • La prévisibilité de quasiment toutes les intrigues.
  • Le retour de l’homo quota accompagné d’une storyline moralisatrice pathétique.
  • Renée qui n’a vraiment rien à faire depuis son arrivée dans le quartier (Si quelqu’un a des nouvelles de Nicolette Sheridan, je suis preneur).

 

Ma note : 10/20

 

On sent, dans cette saison, la volonté tenace de faire autre chose du show. Si la sombre moiteur des 2 premiers épisodes pouvaient s’avérer être une constante dans cette saison, j’en serais le premier heureux. Malheureusement, cet épisode bouche-trou de Desperate Housewives semble en annoncer bien d’autres.

L'auteur

Commentaires

Avatar CaptainFreeFrag
CaptainFreeFrag
Excellente analyse, mon brave Koss ! Et bon courage pour te taper encore 23 épisodes.

Avatar Altaïr
Altaïr
Oui c'est beau tant d'abnégation. Moi ça fait longtemps que j'ai abandonné la partie, avec desperate housewives !

Avatar funradiz
funradiz
Je te tiens compagnie Koss pour cette dernière saison.... on sera ensemble à s'infliger du Desperate !

Avatar Koss
Koss
Merci Funradiz. @ CFF : Avoue que t'as presque envie de mater la dernière saison avec nous, maintenant ...

Derniers articles sur la saison

Critique : Desperate Housewives 8.23

Cette semaine, après 8 saisons, 180 épisodes et 8100 minutes, c'est la fin.

Critique : Desperate Housewives 8.21

Cette semaine dans Desperate Housewives, un procès change la donne.

Critique : Desperate Housewives 8.20

Cette semaine, il ne se passe rien. Vraiment rien.