Critique : Desperate Housewives 8.23

Le 24 mai 2012 à 20:02  |  ~ 13 minutes de lecture
Cette semaine, après 8 saisons, 180 épisodes et 8100 minutes, c'est la fin.
Par Koss

Critique : Desperate Housewives 8.23

~ 13 minutes de lecture
Cette semaine, après 8 saisons, 180 épisodes et 8100 minutes, c'est la fin.
Par Koss

Le monde des rédacteurs de Série All se divise en deux catégories : les rédacteurs lambdas et les rédacteurs qui ont critiqué des fins de séries. Fort de la critique qui va défiler devant vos yeux ébahis, je rejoins ainsi l’élite de Série All et CAD (« Tu ne peux pas test’, j’ai fait la critique de Lost ») ainsi que Sephja (« J’ai fait la critique de 48 Séries Finale dont la moitié pour des séries déjà été annulées ») m'accueillaient à bras ouverts dans le saint des saints. Pourtant, au regard des deux épisodes livrés par ABC, je me demande de plus en plus si je peux vraiment m’enorgueillir de cet honneur.

 

Premier Episode : De pire en mal.

 

L’avant-dernier épisode de Desperate Housewives a un peu la tâche ingrate de l’employé de ménage à 5h du matin : passer un dernier coup de balai avant que les employés n'arrivent. Partant de là, le cahier des charges est simple : il faut boucler cette intrigue de procès le plus vite possible pour passer enfin aux adieux, aux larmes et aux petits mouchoirs blancs.

Je l’avais déjà souligné dans ma critique de l’épisode précédent : le procedural show est un genre qui finalement sied bien à l’univers de soap de la série. Dès lors, tous les retournements improbables sont permis et tous les personnages cherchent tour à tour à porter le châtiment ultime sur leur dos. À ce petit jeu, c’est la mourante Karen McCluskey qui remporte le match. Hop hop, je te sors la carte : « c’était moi dans la cuisine et avec le chandelier ». Et Bam : « J’ai le cancer, je vais mourir, j’suis perchée et tu ne peux rien contre moi ». Trop forte en jeux de plateau, cette Karen ! La législation américaine est quand même la plus fascinante au monde : il est interdit aux hommes de chatouiller leurs femmes avec un plumeau (Maine), mais le fait d’avoir le cancer annule un meurtre. Le tout en trois scènes.

Plus sérieusement, cet avant-dernier épisode fait plutôt bien son job. Il était clairement établi depuis longtemps que la unhappy-ending était exclue. Peut-on dans ce cas en vouloir à ce final sur ce point ? Le duo de comiques troupiers Gaby-Carlos fait son show suffisamment longtemps à l’écran pour que l’ennui ne vienne nous surprendre. Non, ce qui me gène c’est davantage le discours bisounours de Karen devant la salle d’audience : « J’avais les meilleurs voisins du monde avec lesquels j’ai formé une communauté forte et unie ». Heu… Dis-moi, tu es sûre de ne pas avoir Alzheimer aussi ?

Parce que j'ai vu moi aussi les 179 épisodes et ce n’est pas vraiment cela qui se passe. Desperate Housewives, cela a toujours été des secrets, des mensonges et des trahisons à la pelle. J’ai fait le compte : Bree a dû mentir environ deux cent trente-quatre fois depuis le pilot. Je me suis d’ailleurs toujours demandé comment elles pouvaient rester potes aussi longtemps. C’est peut-être le fait de se mentir constamment les unes et les autres qui les a unies comme cela sur le long terme. Je devrais faire pareil avec mes amis. Pas sûr que cela marche.

Un petit mot avant de conclure sur Tom et Lynette. En définitive, tout cela s’est déroulé comme je n’ai eu de cesse de le rabâcher pendant mes quatorze critiques. Ils ont fini ensemble et cerise sur le gâteau, c’était ridicule. Je suis sûr que dans 20 ans, entourés de leurs milliards de petits enfants, Tom et Lynette se souviendront encore de cette époque bénie avec émotion : « Tu te rappelles quand on a fait chier les spectateurs avec notre faux-suspens à deux francs, pendant 23 épisodes ? ».

À ce stade-là, on pensait tous que cela ne pouvait pas être pire. Dieu qu’on se trompait…

La fin de BSG

Top 3 des Series Finales les plus nazes – Numéro 3 : Battlestar Galactica. Au début, on croyait avoir la réponse à tout (…and they have a plan). Au final, on a eu Ronald D. Moore lisant le National Geographic.

 

Deuxième Episode : De mal en pis.

 

Quand tu es scénariste sur une aussi longue série que Desperate Housewives, il est somme toute assez facile de réussir un season finale, si tu n’as pas d’idées. La recette est simple : il faut jouer la carte de la nostalgie. Cela marche à tous les coups : deux-trois apparitions de personnages phares de la série, une ultime séquence tire-larme et le tour est joué (voir les récents finals de One Tree Hill et de House). C’est tellement facile à faire que tu te demandes encore comment un season finale peut-être raté. Mais sache que le scénariste hollywoodien est une personne à part et que lui, il peut rater un final. Prenons donc le temps de décortiquer ce qui ne va pas.

Le premier point qui saute aux yeux quand on fait le bilan de la série. Lors des upfront de 2004, ABC nous avait vendu la série comme un show profondément féministe. C’était la douce époque des femmes désespérées, indépendantes, mais tellement fortes. En vérité, ils n’avaient pas complètement tort les bougres. Ce postulat commercial a presque tenu l’intégralité de la saison 1. À l’époque, chacune des héroïnes semblait vouloir sortir de sa condition initiale. C’est d’ailleurs particulièrement vrai pour Bree et Lynette. Si la mort du mari de la première apparaît comme une sorte de libération, la seconde n’a de cesse de sortir de son rôle de femme au foyer pendant toute la saison 1.

Que reste-il huit ans plus tard de cette idée ? À vrai dire, plus rien du tout. Le show a quitté le côté « Housewives » (de loin le plus intéressant) pour se concentrer sur le côté « Desperate » vachement plus propice aux retournements foireux, aux suspenses moisis et aux cliffhangers improbables (remember Carlos, l’aveugle plus aveugle). Il est par ailleurs amusant de constater qu’au Québec, le show s’appelle « Beautés Désespérées », preuve qu’ils ont compris plus tôt que tout le monde la vraie thématique du show. À la fin de l’épisode, le bilan n’est guère réjouissant.

 

Jack de Lost saute

Top 3 des Series Finales les plus nazes – Numéro 2 : Lost. À dire vrai, ce season finale fait ce qu’il peut après une saison catastrophique : c’est-à-dire pas grand-chose. Allez, ce n’était quand même pas si pourri et puis Kate a tué l’homme en noir. Avec son flingue.  

 

Etat des lieux avant clôture :

 

1) Gabrielle et Carlos sont encore plus riches qu’avant. Oubliez les quarante-deux résolutions de Carlos sur le renoncement au monde matériel, Desperate Housewives dans ses cinq dernières minutes saborde une longue litanie d’intrigues chiantes. Il est par ailleurs intéressant de constater que Gaby est un personnage qui s’est toujours construit autour de l’argent : en avoir ou pas. Au final, la situation est similaire à celle du pilot et Gabrielle n’a absolument pas évolué. Huit ans pour rien.

2) Susan est aussi symptomatique de cette absence de caractérisation. Le personnage de Susan a aussi toujours été défini en fonction des hommes. 90 % de ses intrigues tournaient autour de cela. Le côté maladroit du personnage servait en réalité de cache misère à une certaine misogynie caractéristique de beaucoup de personnages de fiction féminine. Au final, Susan redevient célibataire. Comme dans le pilot. Huit ans pour rien.

3) Lynette, quant à elle, souffre exactement du même symptôme que ses deux consœurs. Il suffit juste de remplacer l’argent/l’amour par la maternité. Alors que le personnage tente pendant douze ans de s’extirper de sa condition de femme au foyer, elle y parvient lors du dernier épisode. Et puis Marc Cherry bazarde tout dans les cinq dernières minutes : Lynette ne se plaît pas dans son travail (ah ces femmes, toujours insatisfaites…) et préfère élever ces quarante-deux enfants. Huit ans pour rien.

4) Le personnage de Bree s’apparente alors à une échappatoire pour le spectateur. Le naufrage total de la rousse en saison 4 a étrangement coïncidé avec la baisse drastique de la qualité de la série. Si cette ultime saison n’est pas entièrement gâchée, c’est bien grâce à Bree. Son acceptation de l’homosexualité de son fils et son refus de la religion (voir la très belle scène avec le pasteur de l’épisode neuf) tiraient incontestablement le personnage vers une fin d’évolution appréciable et logique. Quelle incompréhension alors quand on apprend qu’elle en déménage dans une banlieue encore plus réac et devient même sénatrice républicaine ! Oui, vous l’avez deviné : huit ans pour rien.

 

La fin de Smallville

Top 3 des Series Finales les plus nazes – Numéro 1 : Smallville. Il va en falloir de corones à la série qui fera pire que Smallville. C'est bien simple, absolument tout est raté de A à S, doublé d’une immonde arnaque sur le costume de Superman. Sacré Tom Welling.

 

À cet incroyable sur-place s’ajoute un traitement des personnages cul-cul et dégoûlinant de sucre. Si j’ai trouvé la scène de montage vie/mort/mariage sur fond de jazz assez belle (surtout le traitement du personnage de McCluskey), la dernière scène dites de « la voiture » était vraiment affreuse. Mettons gentiment de côté le fait que la série pompe totalement Six Feet Under et Scrubs, pour s’attarder sur le contenu de cette scène.

À ce moment-là, j’ai pensé à cette scène de l’épisode 5 de la saison 3 de Lost (les funérailles de la femme de Pickett). Mais si, souvenez-vous : Jack, Ben et la tribu des autres en pyjamas blancs et moches lors d’une cérémonie ridicule. Cette scène c’est exactement cela : sur le papier, c’est peut-être une bonne idée ; mais sur l’écran, cela déclenche juste une bonne grosse crise de fou-rire. On croirait assister à une scène de n’importe quelle émission de chirurgie esthétique américaine, avec un défilé de personnages post-opération chirurgicale ratée (sur ce point, George le pharmacien remporte la palme). Tout est moche, de la lumière au cadrage en passant par le montage. Alors que je pensais honnêtement être arrivé au fond du fond, Marc Cherry (scénariste unique dans cet épisode) ajoute une ultime couche de ridicule en reproduisant ce qu’il a fait dans tous les seasons finale de la série : la dernière voisine a un terrrrrrrrible secret.

Mais bordel, à quoi cela sert ! D’un point de vue du suspense, c’est zéro et d’un point de vue du discours véhiculé, c’est juste naze. Desperate Housewives nous aura suffisamment asséné son discours pro républicain pendant huit saisons pour qu’on ne risque pas de l’oublier : l’étranger, c’est le mal/le repli communautaire, c’est chouette !

Le pire dans tout cela, c’est que des bonnes idées pour ce final, il y en avait tellement. Le renversement de situation entre Gabrielle et Carlos ouvrant l’épisode en était d’ailleurs une très bonne. Mais, comme beaucoup de choses depuis le début du show, cette bonne trouvaille a été abandonnée sur un coin de table. Au lieu de cela, Marc Cherry a préféré faire revenir Katherine Mayfair pour lui faire dire que les Français étaient feignants.

 

Après huit ans de coucheries entre voisins, de tornade, de prise d’otage, d’avion qui s’écrase, de suspicions, de peurs, de secrets et de mensonges, Desperate Housewives s’achève en nous offrant son côté le plus caricatural et le plus obscène. Les fines répliques de Gaby me manqueront quand même…

 

J’ai aimé :

  • La saison 3
  • La saison 5
  • La moitié de la saison 4
  • Et surtout, la saison 1

 

Je n’ai pas aimé :

  • La saison 2
  • La saison 6
  • La saison 7 (pour moi, la pire de toute)
  • La saison 8
  • L’autre moitié de la saison 4
  • Et surtout ce final.

 

Mes notes :

- Episode 22 : 11/20

- Episode 23 : 08/20


Merci à Série All de m’avoir laissé raconter plus ou moins n’importe sur une série qui l’était tout autant. Un merci spécial à tous ceux qui ont laissé des avis et des commentaires sur mes critiques : Funradiz, Natas, Piouy, Taoby, Aureylien, Hérisson, Darkness et Toi. Un merci final à ma maman qui me regarde et qui est fière de moi.

Rendez-vous dans une semaine pour la saison 2 de Teen Wolf…

L'auteur

Commentaires

Avatar Jo_
Jo_
Merci de remarquer le pompage éhonté de Scrubs et de SFU. Je me sens moins seule !

Avatar Herisson
Herisson
Ton début de critique était pas mal, mais ton propos sur BSG décrédibilise irrémédiablement le tout !

Avatar piouy
piouy
Une bonne critique, je comprends ton point de vue. Pour ma part, ma nostalgie a parasité mon jugement, et j'étais triste à la fin, que j'ai pour ma part aimée. Mais c'est vrai que si on analyse plus finement comme tu l'as fait, et essaie de trouver un message plus profond, c'est quand même nul.

Avatar Altaïr
Altaïr
J'ai arrêté DH à la saison 2, et ta critique me fait penser que j'ai raison... ce qui est dommage, parce qu'elle est bien, ta critique :)

Avatar Taoby
Taoby
BIen joué Koss, tu a parfaitement traduis le fond de ma pensée. Par contre je lâcherais jamais l'affaire la saison 5 c'est de la merde et la saison 7 (le retour de Paul) c'est vraiment loin d'être la plus pourris.

Avatar Herisson
Herisson
Mais sinon la critique est quand même vachement chouette, hein ! :D Et pour le coup, je suis d'accord avec toi sur plein de choses. Et le coup du dernier tour en voiture, Susan nous l'avait déjà fait une saison plus tôt, donc bon... Pas aussi honteusement proche du plagiat, il faut le reconnaître...

Avatar Koss
Koss
Merci à tous. Pour ce qui est de BSG, j'attend toujours l'explication du pourquoi du comment c'est bien. @Altair : Mis à part 5-6 bon moment, tu as eu raison. @Taoby : La saison 5, ya vachement d'épisode super bien. Et la saison 7 ne tient pas le postulat de départ du retour de Paul. Après l'épisode de la manif, c'est du grand n'importe quoi (Gaby et sa poupée)

Avatar Herisson
Herisson
Hahaha j'avais oublié Gaby et sa poupée... SPOIL INSIDE: Si tu n'as pas versé une larmichette pour le last trip en avion d'Adama et de sa poule, t'as vraiment pas de coeur...

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