Critique : Doctor Who (2005) 10.05

Le 20 mai 2017 à 18:10  |  ~ 7 minutes de lecture
Des zombies de l’espace réveillent le côté marxiste du Docteur. Par contre, au niveau de la qualité, la révolution n’est pas encore totalement en marche.

Critique : Doctor Who (2005) 10.05

~ 7 minutes de lecture
Des zombies de l’espace réveillent le côté marxiste du Docteur. Par contre, au niveau de la qualité, la révolution n’est pas encore totalement en marche.
Par nicknackpadiwak

Euphémisme (définition internet) : Figure de style basée sur l'atténuation d'un mot, d'une expression qui serait trop choquante. Exemple : le début de la saison 10 de Doctor Who n‘est pas folichonne.

En effet, difficile d’être emballé par les quatre premiers épisodes proposés, par leurs intrigues simplistes, leurs déroulements convenus et leurs fins bâclées où tout se règle en deux coups de cuillère à pot. Cette dixième fournée, la dernière de Moffat, ressemble de manière troublante à ces groupes de rock qui, pour honorer leur dernier contrat avec leur maison de disque, sortent un album de faces B et de chansons trouvées dans les fonds de tiroirs. Alors cet épisode rompt-il la malédiction et renoue-t-il avec les épisodes vertigineux du passé ? Pas réellement.

 

 

C'est la même histoooooiiiire...

 

Oxygen commence dans l’espace sur une station spatiale. Devant un décor assez kitschouille (un fond noir pour l’espace infini suffira), des cosmonautes se font attaquer par des morts-vivants en combinaison spatiale, prolongeant le concept "behind the sofa" expliqué dans l’excellent article de Gizmo. Pendant ce temps sur la Terre, le Docteur, devenu professeur d’université, se morfond et est nostalgique de ses aventures interstellaires. Nardole le tient à l’œil, car ils ont pour devoir de surveiller un mystérieux coffre dans lequel est enfermé un non moins mystérieux hôte. Néanmoins, le Docteur n’écoutant que son courage (égoïsme ?), emmène Bill et notre gros chauve préféré vers la station de l’intro de laquelle est venu un message de détresse. Là-bas, les ennuis les attendent, sous la forme de combinaisons spatiales devenues autonomes qui assassinent les personnes qui les revêtent.

 

Une morte-vivante de l'espace.

 

Première remarque : cela fait longtemps – et du bien – que ce sont le Docteur et ses compagnons qui vont à l’aventure et non l’aventure qui va vers eux. Car niveau crédibilité, le fait qu’à chaque fois qu’ils mettaient un pied dans un endroit il y avait forcément un danger (même lorsque Bill fait cet acte anodin de louer un appartement), cela commençait à être dur à avaler. Mais ce petit changement n’empêche pas la série de vite retourner sur les sentiers battus. En effet, on retrouve un ennemi silencieux et obstiné qui traque les humains (celui de The Pilot est dernier en date d’une longue série), un groupe de survivants dont la moitié mourra dans l’indifférence et des courses dans des couloirs. Du grand classique. On se prépare donc à s’ennuyer gentiment, quand soudain le Docteur devient aveugle, et Bill meurt. Oui, oui.

 

 

C'est la lutte finale

 

Honnêtement, ces deux événements n’auront que peu d’incidence sur le déroulement de l’intrigue. Le Docteur, même sans ses yeux, arrive à détourner le cœur d’un réacteur nucléaire, il existe une machine dans le TARDIS capable de le guérir, tandis que Bill ressuscitera par miracle. Et une nouvelle fois, la menace sera neutralisée en une minute et deux trois lignes de dialogue. Des effets qui font plouf, donc.

 

Le Docteur et Bill en combinaison spatiale.

 

Regardons maintenant les aspects intéressants de l’épisode. Comme à chaque fois cette saison, l’épisode propose des idées retenant l'attention, malheureusement trop survolées (une société de bonheur forcé dans Smile ou le problème de logement chez les jeunes dans Knock Knock). Dans Oxygen, on évoque en rigolant le racisme entre peuples de l’espace (en même temps, c’est vrai que ces aliens à la face bleue ont tous la même tête). Plus incongru, l’épisode charge le système capitaliste. En effet, dans le futur, il faudra payer pour pouvoir avoir de l’oxygène, et les humains deviendront tellement négligeables dans le monde du travail que les grandes sociétés programmeront les machines pour les tuer quand ils risqueront de faire diminuer leur profit. Le Docteur prône une solidarité entre les travailleurs pour renverser le système. Karl Marx ou Poutou ne sont pas loin. Le message est certes assez simpliste, peut-être cynique, mais c’est assez étonnant.

 

 

C'est qui le boss ?

 

Enfin, le dernier point qui permet à la pilule de finalement bien passer est Nardole, notre Nardoudou. Là où Bill ne fait que se mettre en danger, il est une vraie plus-value car il arrive à créer de l’émotion : du rire (disons du sourire), de l’exaspération (car il est parfois lourd) mais aussi un peu de pitié tant le Docteur l’envoie régulièrement paître et le traite comme un chien. On arrive à être suspendu à ses grosses lèvres, car à chaque intervention, il amène un petit quelque chose, même lorsqu’il se confronte aux avis du Docteur. Nardole, c’est le meilleur, le plus beau (peut-être pas tout de même) il aurait mérité une place dans le gouvernement d’Édouard Philippe.

 

Un BG au milieu.

 

Le Docteur, à la fin de l’aventure, retourne dans le TARDIS et retrouve la vue grâce à une machine incroyable. Mais stupeur (et gros cliff), c’était du bluff pour tromper Bill et il avoue à Nardole qu’il est toujours aveugle. Avouons que l’effet est assez réussi et l’idée très maligne. Elle pourrait vraiment lancer cette saison 3 et obliger le trio à une redistribution des cartes. Donc à voir jusqu’où Moffat et ses scénaristes porteront ce retournement de situation.

 

Ce n’est toujours pas le top du top, mais la série semble enfin prendre une direction plus convenable, en espérant que le nouvel arc qui s’annonce permette un peu de changement.

 

J’ai aimé :

 

  • Nardole.
  • On ne s’ennuie pas trop.
  • Le twist qui peut changer un peu la donne.

 

Je n’ai pas aimé :

 

  • Bill qui ne sert à pas grand-chose, à part se mettre en danger.
  • Où sont les scénarios expérimentaux ?

 

Ma note : 12/20.

 

 

Le Coin du Fan

 

  • L'ouverture de l'épisode se fait sur ces mots : "Space : the final frontier", hommage direct à Star Trek où chaque épisode commence également par cette phrase annonçant un monologue.
  • Le crâne que dessine le Docteur dans son speech sur l'espace au début de l'épisode fait-il une référence à cette chanson ?
  • Référence la plus explicite de l'épisode à la série elle-même : avant de décoller, Nardole prétend que le Docteur est coincé sur Terre car il s'est assuré de retirer le "fluid link" du TARDIS, une composante qui remonte à l'époque du tout premier Docteur dans la deuxième histoire du show, The Daleks – où apparaissaient les Daleks pour la première fois. Le Docteur a d'ailleurs déjà prétendu dans la même histoire ne pas pouvoir décoller sans ce liquide, alors que ce n'était pas le cas.

 

 

Le Coin du Nardole

 

Nardoliens, Nardoliennes, Nardolistes de la première heure ou nouveaux convertis, l’heure est grave !

"Time is wibbly wobbly" comme dirait Moffat. En effet, notre Master à tous, le Grand Nardole, admet dans cet épisode qu’il a changé de visage. Cela veut donc dire que cette si sympathique tête qui a servi de vecteur de conversion pour nous autres les Nardolistes, n’était... qu’un vil mensonge ! Tout s’écroule… Le peu d’informations dont nous disposons sur notre maître à penser est-il encore viable ? Quelle est la vérité ? Sommes-nous définitivement entrés dans un monde de fake news ?

Oui, l’heure est grave… "Time is a complicated thing" comme dirait Steven.

L'auteur

Commentaires

Avatar Koss
Koss
"Car niveau crédibilité, le fait qu’à chaque fois qu’ils mettaient un pied dans un endroit il y avait forcément un danger (même lorsque Bill fait cet acte anodin de louer un appartement)" Ben en fait, ça, c'est expliqué tout le long de la série (et c'est même répété dans l'épisode précédent) : c'est le Tardis qui les conduit là où le Docteur doit être. Bonne critique sinon :)

Avatar nicknackpadiwak
nicknackpadiwak
"Ben en fait, ça, c'est expliqué tout le long de la série (et c'est même répété dans l'épisode précédent) : c'est le Tardis qui les conduit là où le Docteur doit être. " Ah ok. Mais bon, cela n’explique pas Knock Knock par exemple où c'est Bill qui trouve l'appart. "Bonne critique sinon :)" Merci, parce que j'avoue, je me sens pas super à l'aise dans les critiques DW.

Avatar 4evaheroesf
4evaheroesf
Sympa comme critique, tu devrais en écrire plus.^^ Sinon juste un petit détail : "que ce sont le Docteur et ses compagnons" Ce serait pas plutôt : "que ce soit le Docteur et ses compagnons" Mais peut-être que je me trompe.^^

Avatar nicknackpadiwak
nicknackpadiwak
En effet, ça sonne pas mal. J'attends que notre correctrice en chef statue sur la question. :)

Avatar Marie-Louise
Marie-Louise
Ah oui, c'était bancal. J'ai modifié la construction de la phrase pour : "cela fait longtemps – et du bien – que ce sont le Docteur et ses compagnons qui vont à l’aventure et non l’aventure qui va vers eux." Merci 4eva ! :)

Image Doctor Who
13.18
11.52
14.18

Derniers articles sur la saison

Critique : Doctor Who 10.13

Mieux que la fin, c’est la Moffin.

Bilan : Doctor Who (2005) saison 10

Le bilan audio de la dernière saison de Doctor Who avec Steven Moffat.

Critique : Doctor Who (2005) 10.11

Quand un épisode est tellement bon que même en ayant été spoilé de partout, il reste génial...