La pizza c’est bon. C’est pourtant un plat très simple et vulgaire, mais quand on en mange, on n’en demande pas plus. Doctor Who, après nous avoir servi sur deux épisodes des filets de saumons pochés à la sauce de groseille dans leur lit de poulet, choisit aujourd’hui de nous proposer une pizza. Ne vous détrompez pas. J'aime la pizza. Je veux dire, honnêtement, même si c’est une recette populaire et tout, ça ne me dérange pas, il m’arrive même d’apprécier autant qu’un truc sophistiqué. Il suffit que ce soit bien fait en fait. Hors, l'épisode de Dr Who, en plus d'être en partie raté, semble avoir été fait par un débutant (bon j'arrête avec les métaphores culinaires).
Pourtant la recette avait tout pour plaire : un épisode entièrement sur un bateau pirate. C’est original, et ça ne s’était jamais vu dans la série. Il y avait de quoi faire quelque chose de très plaisant, sans être exceptionnel. Il est vrai que de passer après les deux premiers épisodes était un challenge, surtout pour un scénariste qui n’avait encore jamais fait ses preuves dans Dr Who (ce qui n’était pas censé être le cas, l’épisode étant supposé être le quatrième). Mais cela n’excuse pas quelques erreurs de réalisation flagrantes et une certaine abondance de clichés.
L’histoire est en apparence originale : des pirates coincés sur un bateau sont harcelés par une sirène qui vient les chercher dès qu’ils sont malades ou blessés. Le Docteur découvre ensuite que la sirène ne peut se déplacer qu’à travers les reflets. Soit. Ca fait de l’épisode un petit conte simple et candide, auquel se mêle un petit côté survival. Je n’ai pas honte d’avouer que j’adore ça. C’est simpliste, c’est tout con, sans être déjà vu, et en tant que concept ça peut donner un truc auquel j’aurais facilement mis 14. Le problème c’est que le traitement est maladroit. Les rebondissements sont prévus longtemps à l’avance, les supposées surprises ne nous happent pas comme prévu, bref, tout est plus ou moins téléphoné alors que la chose aurait pu être passionnante.
La partie survival (on va l’appeler comme ça) ne fonctionne pas car tout ce que font les personnages c’est aller du pont à la cave, où ils se contentent de discuter. Les pirates sont trop mal écrits pour être crédibles, et leur pseudo rébellion en devient du même coup complètement dispensable car incapable de susciter le moindre stress chez le spectateur. C’est la même chose pour le capitaine et son fils, qui au lieu de représenter l’attache émotionnelle habituelle d’un stand alone, nous ennuient. Le rôle d’un père, l’abandon de l’enfant, ces thèmes sont traités avec bien trop peu de finesse pour nous intéresser et nous impliquer. Et puis soyons sérieux cinq minutes, je doute fortement que les hommes de l’époque se souciaient des enfants qu’ils semaient un peu partout dans le pays.
Le fait est que le confinement du décor n’aide pas non plus à l’immersion. Le bateau est minuscule, et il fait constamment nuit ou brouillard. Les limitations du budget sont cette fois-ci un peu trop évidentes et empêchent de donner une véritable ampleur à la chose. La majorité de l’épisode a été tourné à quai, et ça se voit.
Mais, malgré tous ces défauts, malgré toutes ces erreurs maladroites, l’épisode reste plaisant à regarder. Peut être est-ce grâce à l’affection que l’on porte aux personnages, à la qualité de la photo, aux moqueries gentillettes à l’encontre des pirates, ou peut être aussi grâce aux nouvelles compositions de Gold Murray (le filou avait arrêté de travailler pour les deux premiers épisodes, on nous servait du recyclé). Mais c’est avant tout grâce une résolution très sympathique, qui fait ressortir l’originalité de l’histoire et qui montre la volonté de bien faire du scénariste. C’est bien trouvé, pas trop déjà vu, tout en permettant une conclusion très satisfaisante aux matelots.
Cette fin n’en demeure pas moins imparfaite, car elle insiste avec un peu trop de force sur les différents mystères lancés lors des deux premiers épisodes (la grossesse d’Amy et la femme avec le cache œil). Il reste à espérer que ce défaut ne perdurera pas lors des prochains stands alone, et que les scénaristes sauront nous rappeler la mort du Docteur et tout ce qu’il y a autour avec suffisamment de subtilité, sans sombrer dans le cliffangher facile et répétitif comme ce fut le cas avec cet épisode.
Un stand alone absolument pas mémorable reprenant les recettes classiques de Dr Who, sans parvenir à y ajouter un peps et une originalité qui auraient permis d’exploiter pleinement le concept de l’épisode. Je m’attendais à une bonne pizza bien goûteuse, j’ai eu celle qui datait d’il y a quinze jours.
J’ai aimé :
- La BO
- La photo
- Des dialogues assez drôles et auto dérisoires
- La résolution
- La bande annonce du prochain épisode
Je n’ai pas aimé :
- Le mauvais traitement de l’intrigue
- Un décor minimaliste
- Un cliffangher déjà vu et manquant de subtilité
12/20