Pitch au pruneaux
Aprés avoir refusé de se coucher lors d'un match truqué, un boxeur est assassiné par pendaison dans son vestiaire. Le lieutenant Drebbin se lance alors dans une opération d'infiltration du milieu de la boxe afin d'identifier les coupables.
L'effet de surprise est passé
Aprés un premier épisode foisonnant qui multipliait les gags à toute vitesse, les créateurs, conscients de l'impossibilité de tenir toute une saison ainsi, choisissent de ralentir le rythme, essayant de mieux maîtriser le volume de gags au centimètre carré. Si l'idée de placer Drebbin en infiltration est toujours excellente, l'effet de surprise du premier épisode s'est évanoui laissant place à un récit qui laisse apparaître ses faiblesses.
Devant la nécessité de maîtriser plus leur démesure, les auteurs pourront compter à la réalisation sur l'excellent Joe Dante (Gremlins) qui apportera plus de crédibilité aux séquences plutôt narratives. A l'opposé du délire total du premier épisode, il propose d'ajouter aux séquences de comédie pure un background sérieux, qui certes ralentit l'action, mais permet d'éviter le sentiment de lassitude face au délire permanent des ZAZ.
Il en résulte un épisode de transition, pas très bien équilibré, tandis que la série cherche à trouver une nouvelle forme plus adaptée à la télévision.
L'humour absurde ou le théorème du Saint-Bernard
Malgré une tendance à la baisse après un pilote délirant, la série réserve malgré tout quelques séquences particulièrement remarquables d'humour absurde. Durant cette séquence (voir ci-dessus) dite du Saint-Bernard (ou de l'ananas), les ZAZ montrent l'ampleur de leur immense talent à se saisir des clichés du films de boxe pour produire une des séquences les plus invraisemblables qui soient.
La force de Police Squad ! réside justement dans cette capacité à prendre une scène un rien pathétique et à la transformer en délire invraisemblable dans une accélération incontrôlée et réussie. Apportant juste ce qu'il faut au récit pour le faire avancer, elle montre parfaitement comment faire d'une scène dramatique une séquence comique.
Et le chien ... il ne sert à rien, et est donc indispensable, surtout que son nom est Muffin ... tout simplement hilarant.
Quelques gags de trop
En produisant un pilote d'une grande qualité, les ZAZ ont placé la barre trop haut, et le second épisode pâtit évidemment du souvenir du pilote. L'humour reste d'un bonne qualité, mais une tendance à la répétition des plus déplaisantes se fait vite sentir. De plus, si Leslie Nielsen est toujours aussi bon, Alan North est ici sous-utilisé et occupe une place dans la série qu'il reste à définir.
Cet épisode laisse aussi apparaître quelques running gags intéressants comme le nombre de poubelles renversés en fonction du numéro de l'épisode ou la faux plan statique du générique de fin ici mieux utilisé que dans le pilote. Seulement l'épisode est aussi celui des occasions manquées, dont une scène dans le sauna particulièrement décevante.
De l'évolution des séries
Aprés une introduction en fanfare, Police Squad ! se cherche et peine à retrouve toute la folie du pilote. En choisissant de donner une vraie place aux scènes "normales " et en réduisant l'espace laissé aux séquences humoristiques, les auteurs sont dans la bonne voie pour éviter de lasser trop rapidement le spectateur. En mettant la barre trop haut, les ZAZ ont commis l'erreur de créer un précédent et surtout une attente difficile à combler.
Ce sera la leçon de cet épisode: il est facile de faire rire une fois, beaucoup moins plusieurs fois car le public devient vite exigeant.
J'ai aimé :
- La scène du Saint-Bernard
- Leslie Nielsen
- quelques bonnes trouvailles (voir la gag de l'ombre et du boxeur)
- la réalisation de Joe Dante
Je n'ai pas aimé :
- quelques gags baclés, comme la séquence du sauna
- un récit mal équilibré
- un vilain sentiment de déjà-vu
Note: 12 / 20