Pitch à la fraise
Frank Drebin est appelé pour mener l'enquête sur l'enlèvement de la jeune héritière Terry Burton. Lorsque les ravisseurs réclament une rançon d'un million de dollars, il comprend qu'il doit à tout prix la retrouver avant que l'échange d'argent n'ait lieu.
Un épisode bien plus maîtrisé que les précédents
Aprés un second épisode décevant où les créateurs semblaient en panne d'inspiration, Police Squad ! revient en bonne forme en misant intelligemment sur un sens aiguisé du décalage dans les dialogues et les situations. L'interrogatoire en pleine partie de basket (voir ci-dessus) constitue un vrai moment de comédie où Leslie Nielsen fait merveille dans une choregraphie particulièrement bien sentie. L'humour se renouvèle et l'on se surprend à retrouver par instant le sens du gag débridé des ZAZ, sans pour autant sombrer dans la géniale surenchère du pilote.
Conscients que le développement d'une série nécessite de fonder leur intrigue sur des bases sérieuses, les créateurs du show ont volontairement délesté les trois premières minutes de gros gag, l'humour absurde et débridé n'apparaissant qu'avec la scène du crime. La série peut ainsi s'appuyer sur une base convenable et condenser la place dédiée à l'humour, donnant de vrais moments de franche comédie.
Pour autant, la recette n'est pas encore parfaite, la première scène est trop lente et manque clairement d'efficacité dans l'exposition de l'intrigue. Le final s'en ressentira au travers d'une scène assez mal pensée, victime de cette introduction trop mollassonne pour laisser apparaître de réel enjeu.
L'héroisme involontaire de Drebin
Regardez bien la scène ci dessus et vous pourrez voir combien les ZAZ sont capables de truffer leur gag de différents niveaux de lecture. La grande nouveauté de cet épisode est le développement de l'aspect gaffeur de Drebin, en particulier dans son interaction avec les portes (voir l'introduction du premier "Y-a-t-il un fil..."). Avec Frank, un simple mouvement devient une source de grand danger, le tout accompli avec une inconscience plus que remarquable.
La série évolue et son héros fait preuve d'une perspicacité de plus en plus discutable, incapable d'utiliser correctement les preuves qui lui sont fournies. Drebin n'est meilleur que quand il n'a pas totalement conscience de ce qui se passe autour de lui, agissant au hasard avec un manque de perspicacité flagrant.
Des personnages secondaires qui font l'ossature de l'épisode
Depuis le début, la série essaie d'imposer deux types d'humour, entre les instants de délire généralisé et des petits sketchs qui se justifient par la nature parodique du show. Reprenant la structure des séries policières de l'époque, la série utilise tout une série de personnages secondaires :
- le professeur Olsen, créateur d'expériences idiotes, parodie d'une émission pour enfants de l'époque.
- Le chef Ed, joué par un Alan North qui semble ne pas vraiment comprendre le fonctionnement comique de la série. Son personnage sert uniquement à exposer la situation en résumant l'affaire à Franck. Vous remarquerez d'ailleurs que durant la scène d'ascenseur, les roses lui sont violemment jetées dessus, les ZAZ n'appréciant que moyennement les performances du comédien.
- Johnny le cireur de chaussures, parodie du fameux indic qui fournissait toujours au policier l'info indispensable pour permettre de l'orienter vers le bon suspect. L'humour vient le plus souvent de sa capacité à répondre à toutes les questions allant du sportif au métaphysique.
- N'oublions pas Al, personnage gigantesque source inépuisable d'un humour "hors champ", qu'affectionnent particulièrement les ZAZ.
- Abraham Lincoln apparaît dans le générique à chaque fois.
Un sens de la réplique vraiment remarquable
Malgré une histoire un rien bâclée et une scène finale d'une subtilité vraiment discutable, Police Squad retrouve une partie de la force du pilote en générant de vrais moment de comédie. L'apport de Norbert s'avère plus que substantiel, le personnage apportant un réel enthousiasme se mariant très bien avec le style très sérieux de Drebin. La série évolue et trouve petit à petit une forme moins chaotique, plus en phase avec le public assez conservateur de la télévision.
Mais le meilleur aspect de cet épisode reste quand même un sens de la réplique vraiment remarquable qui influença nombre de comiques. La scène de l'interrogatoire est encore une fois une pure merveille du genre par l'utilisation de la réponse hors contexte, consistant à répliquer à une question sans tenir compte de la logique de la conversation. Ces phrases idiotes et saugrenues, lancé par un Leslie Nielsen avec un sérieux remarquable, transforment à merveille une simple scène d'exposition en grand n'importe quoi estampillé ZAZ.
Un gyrophare sur un zèbre ou un singe dans le commissariat
Pour ce troisième épisode, Police Squad retrouve une partie de l'énergie du pilote, tout en proposant un récit plus structuré. Le comique fonctionne toujours à plusieurs niveaux de lecture et Leslie Nielsen compose un Frank Drebin qui se rapproche de plus en plus du personnage qui fera de lui une vedette. La série s'appuie surtout sur une routine très marquée, parodiant ainsi l'aspect très formaté des séries de l'époque.
Mais malgré ses efforts pour s'adapter à un public plus coincé que celui du cinéma, les audiences du show demeurent très faibles et vont rapidement condamner la série. Car nous en sommes à la moitié de Police Squad, et il reste encore trois épisodes pour profiter de ce qui fut et demeure une des rares séries à avoir oser un humour aussi expérimental.
J'ai aimé :
- l'apport comique indéniable de Norbert
- un sens de la réplique imparable
- une séquence du laboratoire très réussie
- un humour et une inventivité retrouvés
Je n'ai pas aimé :
- un final mal pensé et pathétique
- une introduction trop lente qui distille peu d'informations
- certains jeu de mots légèrement honteux (on deteste, mais c'est justement ce qui les rend drôles)
Note : 14 / 20