Critique : Suburgatory 1.15

Le 25 février 2012 à 12:04  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode correct qui confirme la place de moins en moins importante prise par les Altman dans la série.
Par sephja

Critique : Suburgatory 1.15

~ 7 minutes de lecture
Un épisode correct qui confirme la place de moins en moins importante prise par les Altman dans la série.
Par sephja

Diviser pour mieux régner 

Le divorce de Dallas commence à faire des envieux, l'ancienne madame Royce affichant un bonheur visible avec sous nouveau petit ami Yoni. Blessée suite à une imprudence de son mari, Jill Werner se pose la question d'une éventuelle séparation pour reconstruire sa vie loin de Noah. Pendant ce temps, Tessa se fait voler Lisa Shay par Dahlia qui envisage d'en faire sa nouvelle meilleure amie. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une histoire avec Noah particulièrement amusante 
  •  une guerre entre Tessa et Dahlia peu convaincante 
  •  une storyline entre Georges et Dallas qui coince 
  •  un sentiment de continuité plaisant

 

 

Le divorce comme une épidémie 

Pour ce nouvel épisode, Emily Kapnek signe elle-même le scénario qui va s'avérer assez inégal, tant la storyline des Werner est largement supérieure au reste. Piégé par la routine du quotidien, Noah ne fait plus beaucoup d'efforts pour son épouse, son désintérêt s'exprimant au travers d'un pommeau de douche particulièrement dangereux qu'il refuse de réparer. La présence de sang lors de l'accident accentue l'ampleur de la faute du dentiste de Chatswin, justifiant totalement le choix de Jill de suivre l'exemple de Dallas en faisant le choix de sa propre liberté. 

En mari égoïste et négligeant, Alan Tudyk est tout à fait excellent, incarnant à merveille ce laxisme un rien hypocrite lors de la scène du post-it, symbole d'un mari qui a oublié que le bonheur de l'autre est l'élément moteur d'un mariage. Une intrigue à la fois drôle et touchante, permettant d'évoquer discrètement le passé de Georges avec la mère de Tessa au travers d'une réplique mystérieuse où il révèle être en partie le responsable de leur rupture. Hormis cette révélation assez peu mise en valeur, les gags sont amusants, offrant l'occasion à Gillian Vingman de développer son personnage d'épouse en quête d'une nouvelle jeunesse. 

Certes, l'ensemble est assez cliché, mais la qualité des comédiens fait clairement la différence, même si la séquence dans la boîte de nuit est clairement de trop. Sans arriver à convaincre totalement, cette storyline possède l'avantage de faire exister Georges, remplissant totalement son rôle de meilleur ami et de proposer quelques dialogues savoureux, comme celle où Noah cherche à convaincre sa femme de profiter de son opération pour faire de la chirurgie esthétique. 

 

Tessa n'est pas la reine du bal 

L'autre intrigue concerne la guerre que se mène Tessa et Dahlia, la fille de Dallas décidant de voler Lisa Shay à celle-ci en la transformant en sa nouvelle meilleure amie. Evidemment, la fille de Georges va d'abord chercher à jouer l'indifférente avant qu'elle ne s'aperçoive que sa voisine était ce qui tenait tout son groupe ensemble. Transcendée à l'idée de devenir une fille populaire, le personnage d'Allie Grant vole totalement la vedette à Jane Levy et Carly Chaikin, très touchante par son enthousiasme à l'idée de monter dans la hiérarchie sociale. 

Tessa devient alors assez secondaire, son personnage découvrant assez vite que l'absence de son amie la laisse dans un profond dépit, celui de pouvoir être si facilement remplacée par sa pire ennemie. Que Malik soit la raison du retour de Lisa au sein du groupe permet à l'héroïne de comprendre qu'au sein du trio, son rôle se limitait à tenir la chandelle, réduisant son orgueil en miettes. Une storyline intéressante qui remet enfin l'héroïne de Suburgatory à sa place, faisant des habitants du quartier les vrais personnages principaux d'une série qui se retrouve face à un problème de taille. 

En effet, en tant que narratrice, Tessa devrait être au centre de l'intrigue, mais Chatswin est lentement en train de lui voler la vedette, son personnage refusant d'évoluer avec la série. Simple spectatrice dans sa dernière scène, elle devient une narratrice très passive, son affrontement avec Dahlia apparaissant comme horriblement prévisible. Pas assez intéressant, les Altman se font lentement dévorer par des personnages secondaires au potentiel comique et dramatique largement supérieur, donnant le portrait pathétique d'une famille incapable de s'intégrer.

 

 

Les plaisirs du divorce

Pendant que Tessa s'efforce de regagner sa meilleure amie, Georges assiste à la libération de Dallas qui s'est trouvé un nouveau petit-ami en la personne de Wilmer Valderrama. L'occasion pour lui de marquer son désaccord avec son nouveau mode de vie, offrant une scène avec Iakult plutôt amusante et quelques répliques plutôt drôles. Malheureusement, cette storyline ne fonctionne pas vraiment, les intentions de Georges étant beaucoup trop floues, donnant l'impression d'un intrus se mêlant de ce qui ne le regarde pas. Difficile de savoir où veulent aller les scénaristes avec cet arc, hormis montrer l'incapacité de Georges à comprendre les femmes. 

S'il possédait le charme du fruit défendu au début, Georges est devenu un simple poisson dans la mare pour cette femme divorcée qui goûte à sa liberté retrouvée. L'idée de créer une tension romantique entre les deux est donc hors de propos, Georges donnant une impression gênante de n'avoir rien à faire dans cette histoire. Vide en contenu, cette storyline échoue à installer une vraie dynamique tant elle repose sur un principe de départ déplaisant, remettant en cause la bonne humeur pourtant communicative de Cheryl Hines. 

Il en résulte une storyline inutile, suite de scènes gênantes sans véritable idée directrice où le personnage de Georges s'avère lui aussi assez inutile. Au final, si la faune de Chatswin s'impose comme l'élément le plus intéressant de Suburgatory, la famille Altman peine de plus en plus à exister, personnages devenu trop fades dans un univers de plus en plus étoffé et réjouissant. 

 

Un début de continuité 

L'évènement de l'épisode est que l'intrigue s'inscrit pour la première fois dans une continuité, avec Dallas et son divorce, premier pas timide et peu payant pour quitter la construction trop conceptuel des épisodes du début de saison. Les personnages commencent à évoluer en dehors de la présence de Tessa et Georges, composant avec Chatswin un univers plus crédible qui parvient petit à petit à dépasser le simple étalage de clichés. La scène d'Ana Gasteyer, à mes yeux la plus drôle de l'épisode, prouve que les seconds rôles ont lentement pris le pas sur le duo vedette, plaçant les auteurs face à une difficulté majeure. 

En conclusion, un épisode inégal, avec une storyline amusante sur les Werner qui sont touchés par l'épidémie de divorce qu'engendre Dallas. Pendant que la ville évolue à toute vitesse, prenant son indépendance, les Altman paraissent figés et perdus, Tessa se faisant voler la vedette par Lisa Shay dans sa propre histoire. Toujours à la recherche du bon équilibre, Suburgatory nous offre un épisode plaisant, mais qui peine encore à mettre en place une vraie dynamique comique, Noah offrant les meilleurs moments de comédie. 

 

J'aime : 

  •  Tessa qui se fait remettre à sa place 
  •  Alan Tudyk excellent 
  •  une tentative d'inscrire le scénario dans une continuité 

 

Je n'aime pas : 

  •  Georges et Tessa dans des rôles secondaires 
  •  la scène entre Dallas et Georges très maladroite 
  •  l'humour assez peu présent 

 

Note : 12 / 20 

Un épisode inégal, mais qui réserve quelques bons passages grâce à la storyline des Werner particulièrement drôle et la qualité indéniable des comédiens. Hélas, quelques scènes peu inspirées comme la boîte de nuit ou la séquence de jalousie de Georges viennent souligner les difficultés rencontrées par les scénaristes pour maîtriser totalement la dynamique comique du show.

L'auteur

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