Critique : Treme 1.02

Le 31 mars 2011 à 21:24  |  ~ 4 minutes de lecture
Deuxième épisode dans les quartiers de l'ancienne Nouvelle-Orléans. Treme fait toujours le choix d'une certaine lenteur, en continuant à plonger le spectateur dans une culture et un univers particulièrement réussie. La série est ambitieuse et a clairement l'intention de tenir son rang.
Par sephja

Critique : Treme 1.02

~ 4 minutes de lecture
Deuxième épisode dans les quartiers de l'ancienne Nouvelle-Orléans. Treme fait toujours le choix d'une certaine lenteur, en continuant à plonger le spectateur dans une culture et un univers particulièrement réussie. La série est ambitieuse et a clairement l'intention de tenir son rang.
Par sephja

Pitch K-City

Dans le quartier de Treme, les habitants continuent d'essayer de reconstruire leur existence, mais sont confrontés à des politiques qui ne semblent pas désirer la reconstruction de la ville. Ce sentiment d'abandon, de rage et de frustration poussent certains habitants à se battre pour faire renaître leur ville. 

 

Survivre plutôt que vivre

 

David Mc Alary (Steve Zahn, excellent) était DJ sur une radio locale avant que l'ouragan n'arrive. Maintenant il se retrouve incapable de vivre de sa passion. Mis au pied du mur par sa famille, dont il espérait un soutien financier, il va devoir accepter un travail en dehors du quartier : gérer le passage de touristes plus ou moins conscients du drame qui se joue dans cette ville. Entre des groupes de Texans prétentieux et de jeunes chrétiens venus faire acte de charité, David découvre une Amérique inconsciente du drame de la Nouvelle-Orléans.

Car la ville se vide lentement, mais sûrement, l'état fédéral deplaçant petit à petit toutes les institutions vers les villes voisines. Loin de proposer une gestion locale de la situation, elle propose une solution globale en comptant sur la disparition des services publics pour faire partir les derniers résistants. David Mc Alary a beau s'accrocher à cette culture qui le fascine, à cette identité dans laquelle il se reconnaît, il est contraint lui aussi à survivre plutôt que vivre, tandis que la Nouvelle-Orléans se transforme lentement en carte postale pour touristes.

 

Le peu de fierté qu'il leur reste

Durant tout l'épisode, la narration va fortement insister sur la différence entre vivre et survivre, et la manière dont le besoin de survivre prend rapidement le pas sur la fierté des hommes. Derniers spectateurs d'une débâcle que nul ne semble vouloir empêcher, les quelques habitants qui restent en viennent à souhaiter le départ des dernières institutions, souffrant de voir un Etat laisser mourir ainsi toute une culture.

Lors d'une confrontation entre Albert Lambreaux et un jeune voleur, on ressent que l'opposition entre les habitants qui veulent reconstruire et les profiteurs qui ne songent qu'à leur propre survie va lentement aboutir à un drame terrible. La frustration des uns est si forte qu'elle finira un jour ou l'autre par s'exprimer dans la violence sur ceux qui apparaissent à tort comme les responsables. 

Le peu de fierté qu'il reste à chacun des personnages leur donne cette dignité plus que touchante, chaque interprète montrant une grande authenticité dans son interprétation. La ville n'évolue plus et l'équilibre de son existence ne tient à pas à grand chose. Le drame se nourrit de frustration et de colère, et ce monde est presque prêt à basculer dans la violence.

 

Une ville comme un purgatoire

Treme est une série ambitieuse dont l'objectif est de montrer au spectateur une réalité, celle d'un monde en train de mourir. Tous les personnages se battent avec courage pour conserver leur vie passée, refusant de faire le deuil d'un monde que tous semblent condamner, car lutter contre la fatalité est ce qui fait la grandeur de l'homme.

La série prend son temps, choisissant de mettre une bonne part de son intrigue en attente pour nous faire partager les dernières traces d'une culture aux portes de la disparition. Conscient du temps nécessaire pour se familiariser avec le grand nombre de personnages, David Simon construit lentement son édifice tout en laissant poindre un avenir plus sombre, celui d'un drame inévitable vers lequel la série nous emmène, avec malgré tout l'espoir d'une possible rédemption. 

 

Un épisode remarquable 

Portée par une musique toujours aussi sublime, Treme raconte l'histoire d'un monde aux portes du purgatoire, luttant avec l'énergie du désespoir contre un destin injuste et dramatique. Le récit totalement maîtrisé, la mise en scène formidable et la conviction extraordinaire des comédiens permet à la série atteint un niveau de qualité remarquable. Il ne reste plus que quelques rouages à mettre en place et l'histoire pourra enfin commencer, avec une force digne d'un ouragan.

 

J'ai aimé :

  • un récit riche qui sait prendre son temps
  • une réalisation exemplaire
  • une musique vraiment superbe
  • un casting remarquable

 

Je n'ai pas aimé : 

  • que les gens connaissent plus Glee que Treme

Note: 16 / 20

L'auteur

Commentaires

Pas de commentaires pour l'instant...

Derniers articles sur la saison

Critique : Treme 1.10

Final de la saison un, d'une durée exceptionnelle de quatre-vingt dix minutes. Une superbe conclusion où la Nouvelle-Orléans montre qu'elle sait dire au revoir à ceux qui partent. Au programme, une première saison sur le thème du deuil, le portrait du Lieutenant Colson et une parade d'indiens qui donne comme un avant-goût de la saison deux.

Critique : Treme 1.09

Ultime mise en place avant le final, cet épisode à la tonalité plutôt triste parle d'abandon et de désespoir. Au programme, des personnages en fin de course et le destin, qui finit toujours par remporter la partie.

Critique : Treme 1.08

Pour faire une pause avant le grand final, Treme renoue avec sa nature documentaire en filmant le mardi gras de l'intérieur. Au programme : la Nouvelle-Orléans comme si vous y étiez, un portrait croisé de Sonny et Annie et le début de Carême, qui annonce des drames à venir.