Critique : Treme 1.08

Le 25 avril 2011 à 06:16  |  ~ 4 minutes de lecture
Pour faire une pause avant le grand final, Treme renoue avec sa nature documentaire en filmant le mardi gras de l'intérieur. Au programme : la Nouvelle-Orléans comme si vous y étiez, un portrait croisé de Sonny et Annie et le début de Carême, qui annonce des drames à venir.
Par sephja

Critique : Treme 1.08

~ 4 minutes de lecture
Pour faire une pause avant le grand final, Treme renoue avec sa nature documentaire en filmant le mardi gras de l'intérieur. Au programme : la Nouvelle-Orléans comme si vous y étiez, un portrait croisé de Sonny et Annie et le début de Carême, qui annonce des drames à venir.
Par sephja

Pitch Fat Tuesday 

La Nouvelle-Orléans fête Mardi-Gras avec ses défilés, ses beuveries et son esprit de liberté. Obsédé par son addiction à la drogue, Sonny va abandonner Annie, préférant célébrer sa propre liberté en partant à la recherche de paradis artificiels. De son côté, Annie va rencontrer Davis et part avec lui à la découverte des concerts de la Nouvelle-Orléans. 

 

 

Un épisode particulièrement immersif 

 

Avant un final qui s'annonce comme assez sombre, David Simon propose de mettre certaines histoires en veille tandis que le Mardi-Gras commence. Suivant les péripéties de la famille Bernette, Davis, Sonny et Annie, on est transporté au milieu de cette débauche de colliers et de musique digne d'un documentaire tant la reconstitution est crédible. Rappelant sur ce point les premiers films de Paul Greengrass, la réalisation navigue d'une rue à l'autre tandis que les chars défilent dans un mélange de Zoulous et d'indiens. 

Au niveau narratif, l'histoire va se limiter à un état des lieux des personnages, chacun vivant de manière différente cette fête populaire. La rencontre entre une Annie déboussolée et un Davis toujours en pleine forme constitue l'événement marquant de cet épisode, Steve Zahn possédant encore une fois cet enthousiasme incroyable qui convient parfaitement à l'ambiance de cette fête populaire.

Mais Mardi-Gras, c'est aussi l'alcool et la drogue, un monde de débauche dans lequel va plonger Sonny, choisissant son addiction plutôt qu'Annie qu'il abandonne dans les rues de la Nouvelle-Orléans. Fête à haute portée touristique avant tout, Mardi-Gras attire des amateurs de musique mais aussi des vendeurs d'alcool et de drogue en ce jour où tout est permis. 

Employé intelligemment, chaque personnage va nous faire découvrir un aspect de cette fête hautement païenne, la série proposant de nombreux numéros musicaux. Jamais ennuyeux, cet épisode se focalise sur la musique et l'ambiance colorée d'une ville qui peut encore faire la fête, malgré les difficultés du quotidien.

 

Annie et Sonny, un couple au bord de la destruction

 

Annie et Sonny (Michiel Huisman toujours juste et la formidable Lucia Micarelli) forment un couple d'artistes de rue attachant qui va, petit à petit, partir à la dérive. Sonny est un européen venu à la Nouvelle Orléans avec des espoirs plein la tête, et il a fait preuve d'un réel héroïsme durant la tempête en sauvant de nombreux habitants. Mais il est loins d'avoir le beau rôle : il sombre lentement dans l'abus, drogue et alcool lui faisant perdre de vue ce qu'il était venu chercher, détruisant au passage la carrière de sa compagne. 

Car si Sonny réalise son rêve, Annie fait montre d'une grande fidélité et d'un fort attachement envers son compagnon en mettant sa carrière en sourdine, alors que la jeune violoniste posséde un talent incroyable, archer à la main. Sonny devient jaloux de sa puissance d'interprétation, et tente par tous les moyens de jouer avec ces sentiments pour la déstabiliser, et utilisant les faiblesses de la jeune femme. Sonny montre une face vraiment sombre de lui-même, celle d'un homme jaloux qui s'amuse à sacrifier le bonheur des autres au profit d'un plaisir égoïste et mesquin. 

 

Carême commence et les nuages s'amoncellent

Treme s'approche lentement de son final tandis que Carème commence pour tous les Chrétiens, et marque une pause dans l'ambiance festive qui régnait depuis le début. Tout est en place pour un final qui s'annonce à la fois dramatique et intense. Cet épisode, à la fois léger et enthousiaste, aura permis de mettre en avant ce décor incroyable qu'est la Nouvelle-Orléans, rendant un ultime hommage à la source de l'inspiration de créateurs du show. 

Car les auteurs aiment cette ville et désirent avant tout faire partager leur passion pour un monde qui semble condamné, comme si la fête n'était finalement qu'un révélateur de l'échec du combat de ses habitants. Creighton Bernette est encore le seul à voir au delà des apparences le désarroi d'un monde qui semble incapable de résister aux sombres jours à venir. 

 

J'aime : 

  • une reconstitution remarquable 
  • Steve Zahn toujours aussi enthousiasmant
  • un décor incroyable
  • un épisode de transition remarquable

 

Je n'aime pas : 

  • le chef Lambreaux assez sous-exploité 

Note : 14 / 20

(79)

L'auteur

Commentaires

Pas de commentaires pour l'instant...

Derniers articles sur la saison

Critique : Treme 1.10

Final de la saison un, d'une durée exceptionnelle de quatre-vingt dix minutes. Une superbe conclusion où la Nouvelle-Orléans montre qu'elle sait dire au revoir à ceux qui partent. Au programme, une première saison sur le thème du deuil, le portrait du Lieutenant Colson et une parade d'indiens qui donne comme un avant-goût de la saison deux.

Critique : Treme 1.09

Ultime mise en place avant le final, cet épisode à la tonalité plutôt triste parle d'abandon et de désespoir. Au programme, des personnages en fin de course et le destin, qui finit toujours par remporter la partie.

Critique : Treme 1.07

Un épisode d'une force incroyable sur le thème du deuil, qui n'est à aucun moment tire-larme. Au programme : des personnages qui perdent leur équilibre, un chef indien qui tente de ressusciter un monde perdu et un final bouleversant.