Critique : Treme 2.01

Le 04 mai 2011 à 14:56  |  ~ 5 minutes de lecture
Plusieurs mois ont passé et la Nouvelle-Orléans a beaucoup changé, commençant lentement à se reconstruire. Un épisode de reprise complexe, touffu mais surtout agréable et bien rythmé, tissant de nouvelles storylines prometteuses. Au programme, une ville qui renaît petit à petit, Nelson Hidalgo, un personnage prometteur et la violence qui s'accentue.
Par sephja

Critique : Treme 2.01

~ 5 minutes de lecture
Plusieurs mois ont passé et la Nouvelle-Orléans a beaucoup changé, commençant lentement à se reconstruire. Un épisode de reprise complexe, touffu mais surtout agréable et bien rythmé, tissant de nouvelles storylines prometteuses. Au programme, une ville qui renaît petit à petit, Nelson Hidalgo, un personnage prometteur et la violence qui s'accentue.
Par sephja

Pitch renaissance

Quatorze mois ont passé depuis Katrina, la Nouvelle-Orléans fête la Toussaint sous le signe de la renaissance d'une ville qui voit petit à petit revenir toute sa population. Nelson Hidalgo, un jeune entrepreneur venu du Texas, arrive sur place avec l'ambition de bâtir un empire en proposant de soutenir la reconstruction de la ville. Tout est à reconstruire et l'augmentation des vols et des agressions met les nerfs de la police à rude épreuve. 

 

Le changement dans la continuité 

Après une première saison qui avait confirmé le talent de David Simon et Eric Overmyer, ce retour en Louisiane fait le choix d'un grand bond dans le temps, essayant avec réussite d'introduire du neuf tout en conservant les personnages qui ont fait la réussite de la première saison. De nombreuses storylines sont lancées et annoncent une saison prometteuse, peut-être même plus ambitieuse que la première. Tout comme le montre l'introduction avec le jeune trompettiste débutant, il faut du temps et du travail pour pouvoir jouer de manière harmonieuse. 

Parfaitement réalisé, porté par un casting toujours aussi juste, l'épisode s'avère très efficace et porté par une énergie surprenante. Les séquences à New-York mettant en scène Delmond et Jeanette sont beaucoup plus convaincantes que dans la première saison, la scène avec Delmond constituant même la pierre angulaire de l'épisode. La période de convalescence s'achève, le moment est venu pour la Nouvelle-Orléans de retrouver sa fierté en réaffirmant son identité.

 

Une ville nouvelle pour une seconde chance

 

Le choix de la Toussaint s'avère judicieux, car c'est le symbole d'une ville où l'on peut de nouveau prendre soin de ses morts. Au loin, un jeune trompettiste fait ses gammes, symbole d'une ville qui possède de nouveau un avenir et qui réaffirme son identité à travers le personnage de Delmond Lambreaux. Moins passif que dans la première saison, le jeune trompettiste se révolte contre l'orgueil des New-Yorkais et commence à se poser des questions sur ses propres racines, tout en envisageant un possible retour. 

Jeanette souffre elle aussi de l'agressivité New-Yorkaise, découvrant un monde où l'orgueil passe avant le plaisir du travail en équipe. Impersonnel et égoïste, la grande Pomme la dévore peu à peu, la jeune femme n'arrivant pas à s'adapter au mode de vie de la côte Est. Après avoir décrit un monde au bord du gouffre, David Simon fait le choix de s'interroger sur la notion de l'héritage, suite logique au thème du deuil de la saison précédente.

L'héritage sera aussi au centre de la souffrance de Sophie Bernette à qui son père a légué une colère qu'elle ne peut pas encore entièrement exprimer et qui l'oblige se montrer distante avec sa mère. Toni Bernette, en tentant de la protéger de la réalité, ne fait qu'accroître cette peine devant un monde qui devient insensible et cruel. Assez discrète durant la première saison, Sofia s'affirme désormais comme un personnage central, son interprète India Ennenga s'affirmant face à une Melissa Leo toujours impeccable.  

Le renouveau de la Nouvelle-Orléans inquiète surtout le lieutenant Terry Colson qui ne cesse de voir les incivilités se multiplier sans réussir à prendre le contrôle de la ville. Subissant une pression forte de la part de sa hiérarchie, il essaie toujours de travailler sur la prévention avant tout, mais semble de plus en plus dépassé par des faits divers imprévisibles, rajoutant chaque jour un peu plus à son sentiment d'impuissance.

Des thèmes forts (l'héritage et la renaissance), une volonté affirmée de ne surtout pas se répéter et une narration d'une efficacité étonnante, cette saison de Treme s'annonce clairement supérieure à la première. 

 

Nelson Hidalgo, un bâtisseur opportuniste

 

 

Nouveau personnage de cette saison, Nelson Hidalgo est un homme d'affaires qui compte bien faire fortune en obtenant les contrats de reconstruction de la Nouvelle-Orléans. Doté d'un charme certain, le jeune homme n'est motivé que par un sens des affaires décuplé, un pur produit d'une Amérique qui sait mélanger l'intérêt commun et l'enrichissement personnel. Sa capacité d'intégration montre l'ampleur de son ambition, le jeune homme essayant de séduire autant les investisseurs que les habitants des quartiers populaires.

Nouveau venu dans la série, John Seda est simplement étonnant, d'une énergie et d'un charme irrésistible, incarnant parfaitement ce pur produit du libéralisme, à la fois séducteur et ambitieux. Eblouissant, il s'impose d'emblée comme incontournable, confirmant avec un panache surprenant qu'il est un des acteurs du moment. 

 

La menace d'une violence sans visage 

Ecartée de la fin de la saison un, la violence ressurgit durant cet épisode, laissant craindre au lieutenant Colson un avenir des plus inquiétants. La tension monte entre ceux qui sont restés pour reconstruire et les opportunistes qui ont attendus que le plus gros du travail soit fait pour revenir. La frustration, la colère se mut lentement en une rage dénuée de visage, s'abattant de manière arbitraire.

Le final, très sombre, laisse présager une saison plus dure, où de nouveaux drames viendront frapper les habitants de la Nouvelle-Orléans.

 

J'aime :

  • l'ambition de la saison deux, supérieure à la première
  • John Seda remarquable 
  • une galerie de personnages toujours aussi attachants 
  • la scène d'ouverture remarquable

Je n'aime pas : 

  • non, j'ai tout aimé 

Note : 16 / 20 

(89) 

L'auteur

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