La première fois que je l'avais vu, je ne l'avais pas aimé mais après l'avoir revu, je me rends compte qu'il est pas si mal en fait. L'équipe Mixar est à mourir de rire.

Beaucoup de gags très enfantins, mais un véritable effort au niveau de l'animation. Un épisode en soi très étrange, que j'ai plutôt apprécié ... Je pense tout de même que l'ensemble aurait pu être écrit avec plus de finesse, pour devenir véritablement culte.

Ou comment le show "les Simpsons" décide de consacrer un épisode entier... à se remercier lui-même.

Cet épisode démarre de manière classique et tombe limite dans le mauvais goût parfois à cause de guests inutiles.

Mais il est au fond une formidable expérience de mise en abyme de la série à travers le court-métrage de "Papa Furax" (Angry Dad), qui devient la métaphore du show. C'est pour cela qu'il a toute mon affection. (je développe cette idée plus bas...)

Acte I :

+ C'était très certainement du remplissage, n'empêche que le Itchy et Scratchy parodiant l'histoire de la Chine est l'un des meilleurs que j'ai vu depuis un bail. Enfin un I&S qui a une vraie histoire ! Il faut dire qu'il était assez long mais tout de même beau.

+ J'adore l'idée de faire de Papa Furax, le dessin animé de Bart de la saison 13, un film, 9 ans plus tard. Voilà un scénario ambitieux ! Un peu casse-gueule aussi car déjà que l'épisode de base est - je trouve - surestimé, les suites ne sont jamais à la hauteur de l'original, mais il y a des exceptions et je suis prêt à voir...

Acte II :

+ D'ordinaire je n'aime pas voir Homer être montré comme hyper stupide car ce n'était pas vraiment dans son personnage original, mais cette fois-ci je laisse couler pour deux raisons : 1) cela fait en quelque sorte partie du contrat de voir un Homer en colère (de par le titre du film "Angry Dad") et 2) les gags sont assez drôles pour la plupart.

+ Le scénario reste un peu irréaliste (ce n'est pas du tout comme ça qu'on fait un film et surtout pas aussi rapidement) mais pourquoi pas. En plus les deux actes sont très rapides, on ne s'ennuie pas une seconde.

Acte III :

+ Cet épisode c'est l'histoire d'un court-métrage de Bart qui est nominé aux Golden Globe et Lisa qui se fait attaquer par les héros de Pixar. Cet épisode est complètement absurde mais il a son charme...

- Par contre la guest-star que je ne connais pas qui parle pendant UNE MINUTE ET 5 SECONDES (oui j'ai compte) sans s'arrêter c'est insupportable. Cela représente tout de même 5% de l'épisode où on se fait chier. J'ai appris par la suite que c'était Ricky Gervais. Non content d'avoir déjà gâché un épisode entier en étant à la fois la guest star principale et le scénariste (dans la saison 17), maintenant il se permet de revenir ? C'est un culot monstre.

+ Les deux courts-métrages en concurrence avec Angry Dad sont plutôt bien réalisés. Ensuite, Bart veut récupérer ses prix mais c'est Homer qui lui vole la vedette alors qu'il n'a rien foutu comme travail. On part sur un scénario plus centré sur les personnages, c'était nécessaire vu que pour le moment l'épisode ressemblait juste à une suite de gags.

- L'épisode est bien, mais quelque chose me gêne à ce stade. L'histoire de rivalité entre Homer et Bart a plus des allures d'histoire secondaire. En fait il manque un but à cet épisode. Le quatrième acte nous éclairera sans doute...

Acte IV :

- Décidément les guests dans l'épisode ce n'est pas le point fort. Le passage avec les rappeurs n'est pas terrible.

+ Le court-métrage de Mixar est excellentissime. Des ustensils de cuisine animés qui parlent, voilà une parodie inspirée des studios Pixar (malgré la reprise du nom...). Notons cette excellente réplique d'un pot de beurre de cacahuète : "My God, I'm empty! Don't let 'em put pencils in me!"

+ Celui en claymation n'est pas mauvais non plus. Mais c'est bien celui de Papa Furax qui nous intéresse ensuite !

Et là c'est la révélation : le court-métrage de Papa Furax est NUL. Vraiment nul.

C'est à ce moment que j'ai compris le but de l'épisode. Car le court-métrage animé de la même manière (plus ou moins) que les Simpsons est nul... mais volontairement.

Car en fait si tant de genres différents étaient représentés juste avant, c'est pour représenter l'ensemble de la comédie animée. Cet épisode n'est autre qu'une auto-critique de la part des Simpsons. Le passage où Bart peut enfin prononcer un discours pour obtenir un Oscar en est la preuve : "I mean, isn't the idea of one person taking credit for an entire movie the stupidest thing you ever heard?".

Ici, ce qui est fait référence n'est autre que le nom de Matt Groening que tout le monde connaît de nom, alors qu'il est loin d'etre le génie tant imaginé à l'origine de tous les épisodes, celui qui a tout conçu, qui écrit et dessine tout à la main. Bien au contraire.

Les Simpsons, c'est avant tout un travail d'équipe. C'est ce que Bart tient à souligner. C'est ce qu'on nous rappelle par deux fois dans le dialogue : "films are a collaborative art form".

C'est ce que représente la scène finale de l'épisode où, après une remarque expliquant qu'il faut trouver des noms car on ne peut pas donner un Oscar à tout le monde, Bart décide de scier sa statuette et de la remettre à tous les gens ayant contribué à son film.

Du coup, ces dernières scènes donnent un sens à l'épisode. Elles font oublier l'invraisemblance du scénario. Elles justifient toutes les scènes limite cross-over avec d'autres univers. Elles justifient le fait de transformer Papa Furax en court-métrage en vantant les mérites des courts-métrages.

Papa Furax, le court-métrage, c'est les Simpsons dans les Simpsons : c'est, au milieu de tant d'autres show animés, le court-métrage nominé le plus proche graphiquement et dans l'humour de ce que font les Simpsons, et ce n'est pas pour rien. C'est ici que je vois la fameuse mise en abyme que fait cet épisode. Papa Furax, qui était un dessin animé à la base en saison 13, avant de devenir un film, c'est la métaphore du show.

Je crois que cela démontre une nouvelle fois du génie de John Frink, le scénariste à l'origine de ce scénario (qui démarre, rappelez-vous, du pitch : "on fait un film autour du dessin animé de la saison 13 ! Yeah !"). Il a certes eu un cahier des charges à remplir question guests-stars et références cinématographiques (que je n'ai pas tout le temps saisies...) mais il en a profit pour faire une étude de la série.

Car en fait, cet épisode, c'est une formidable auto-étude de la part de la série, qui se sert, un peu comme Itchy et Scratchy dans l'ère classique, d'un vulgaire dessin animé (Angry Dad, qui plus est ayant déjà fait une apparition plus tôt dans la série), pour parler de l'existence de la série elle-même.

Cet épisode, bien loin d'être un festival de guests inutile, et malgré son absence de scénario classique ou de gags hilarants, est avant tout une pause. Une pause dans le rythme des épisodes ordinaires, une pause que se sont accordées les personnes produisant les Simpsons actuellement.

Bien sûr on est tout de même divertis par de très bonnes séquences animées d'autres gens. Mais cet épisode est conçu avant tout pour remercier toute l'équipe ayant jamais participé aux Simpsons, comme le montre la scène finale où Bart décide d'offrir un bout d'Oscar à chaque personne ayant contribué au film et donc d'honorer le travail de tous les gens ayant contribué aux Simpsons.

Je trouve ça sobre, subtil et respectueux. Bravo.