Je profite de la diffusion française de la série pour redécouvrir la première saison de ce bijou télévisuel (avant de me lancer dans la saison 2) et attribuer les notes que je n'avais pas encore attribué.

Et franchement, quel plaisir ! Quasiment un an après avoir découvert cet épisode la première fois, je le trouve toujours aussi brillant.

Le déliré hallucinatoire d'Eliott est parfaitement maîtrisé et apporte de nouveaux éléments sur la psychologie du personnage. Comme beaucoup, j'ai trouvé le dialogue avec son poisson tout simplement génial.

Mais pas que. C'est un tout qui rend cet épisode remarquable. Il y a des plans vraiment magnifiques, des choix de cadre qui sont juste fabuleux (il y a celui où Eliott retrouve Angela qui me vient tout de suite en tête : http://cdn.fansided.com/wp-content/blogs.dir/280/files/2015/07/mr.robot24.png)

Cet épisode est bien aussi parce qu'il permet d'approfondir aussi les autres personnages. Et je dois avouer que c'est super bien fait.

Pour tout vous dire, j'avais conseillé à un ami de regarder la série et c'est pour cette raison aussi que je regarde à nouveau cette saison. Après avoir revu cet épisode, je lui ai dit qu'en fait, j'adorais vraiment cette série.

ANGELA: You're not gonna do it, are you? Change the world. Figures. You were only born a month ago. You're afraid. Afraid of your monster. Do you even know what it is? (…) Isn't it obvious? You're not Elliot. You're the--

C’est un épisode génial qui arrive étonnamment très tôt dans la série. Cet épisode est une belle démonstration de style (le plan séquence de la section hallucinatoire et toute cette dernière), de quoi plaire aux cinéphiles en manque d’onirisme dans une série qui est avant tout un thriller techno-politique. Le soucis étant que cette pause apparaît comme assez frustrante et casse le rythme de la saison, d’autant qu’on ne connaît pas encore vraiment assez nos personnages pour comprendre les symboliques derrière.

Par contre, en ayant revu cet épisode après avoir vu toute la série, je ne peux me résoudre à ne pas l’aimer. Il est incroyable de voir que toutes les grandes lignes avaient déjà été détaillées sous nos yeux, à travers une phrase anodine extrêmement importante, et plein de symboles tantôt Lynchien (la scène du restaurant avec le poisson, ça fait très Twin Peaks absurde), tantôt métaphysiques et complotistes, mais en tout cas hyper intéressants.

Et puis même si je trouve ça un poil trop tôt dans la série comme trip, ce qui est hyper malin c’est que tout peut se lire comme un appel à la révolution, un trip anti-capitaliste anti-Evil Corp, etc. mais ça c’est la vision très “saison 1”. L’autre vision plus intimiste et personnelle se comprend en ayant bouclé la série. Sam Esmail a pris un malin plaisir, je pense, en écrivant cette scène, à naviguer la fine ligne entre foreshadowing/imageries futures, et thématiques très concrètes fidèles aux thèmes de la saison 1. Ce qui fait que cet épisode reste tout de même cohérent et agréable à suivre même sur un premier visionnage, même s’il est un peu OVNI et ne sera pas au goût de tout le monde.

Une des phrases clés est celle d’Angela dans l’hallucination d’Elliot qui dit à ce dernier "tu es né il y a un mois" ce qui correspond tout pile à l'écart entre le pilot et cet épisode, le quatrième : une vision meta qui m’a saisi la première fois, mais il y a plein d’exemples comme ça de double voire triple-sens à prendre en compte. La coupure pub de l’épisode, par exemple.

MR. ROBOT/ANONYMOUS: But first, a word from our corporate overlords !

La série se sert des pages pubs imposées dans le network pour envoyer des messages à ses téléspectateurs, ce qui est assez brillant. Nul doute que ça a été juxtaposé avec une vraie coupure pub (enfin, j’espère) de sorte qu’on distingue à peine la différence.

Quant au thème technique de l’épisode, ce sont les “daemons”, c’est-à-dire des programmes qui tournent en arrière-plan, invisibles de l’utilisateur, et c’est assez génial de voir à quel point ça colle ici avec le thème principal de l’épisode et la métaphore de la série télé avec l’utilisateur qui est ici, évidemment, le “voyeur”, l’ami imaginaire d’Elliott : le public. Si on prend en compte tous les twists à venir de la série, et le thème principal de celle-ci quand on a vu le dernier épisode, il est évident qu’un daemon ici fait référence aussi à autre chose, que je ne spoilerai pas.

Encore une fois, revoir la série non seulement après avoir vu les 4 saisons, mais aussi en ayant eu une formation technique depuis, que c’est plaisant !

Cet épisode brise le quatrième mur plein de fois donc, y compris hors de la séquence hallucinatoire, lorsque Romeo, un membre de la fsociety, évoque le show lui-même en disant qu’actuellement “un scénariste est probablement en train de travailler sur une série qui changera la perspective de la culture hacker pour sa génération”.

Tout de même, la séquence hallucinatoire n’est qu’une partie de l’épisode, le reste étant vraiment ce qui fait avancer l’intrigue. Ce sont majoritairement des personnages féminins qui ont le focus, en plus. Darlene et Trenton sont développées ici et se rapprochent de la Dark Army, tandis que Angela et Shayla ont leur propre trip expérimental en boîte de nuit.

Ce sont elles aussi des daemons en soi, qui tournent alors que le protagoniste est HS. Quoique, c’est absolument factice et très “fiction-centré” de se dire qu’un protagoniste est un protagoniste et que son histoire/point de vue aurait plus d’importance que celui de son entourage. D’ailleurs, ici il se passe probablement le plus de choses chez les personnages secondaires en termes de percée dans l’intrigue.

ELLIOT: I missed you. Where did you go? Did you leave, or did I? Maybe it was both. Or neither. Doesn't matter.

Excellent !