J’avoue toujours avoir de la peine à comprendre la hype sur cette saison. Je savais en avance qu’à partir de cet épisode c’était censé être le climax, donc ça n’a pas dû aider cela dit.

L’épisode passe énormément de temps à monter une tension qui, on le sait, aboutira forcément à une issue assez prévisible. Et ça ne dépasse jamais ce stade. Mon principal problème de cette saison est et restera l’attachement aux personnages et ça transparaît à fond ici. Après avoir ré-introduit plein de personnages l’épisode précédent, on dévie ici avec une unité de temps et de lieu qui axe beaucoup des enjeux sur tout un groupe des rebelles Ghorman qu’on ne connaît pas du tout. J’ai limite plus d’affection pour l’hôtelier, dont on ne voit pourtant même pas le sort final. Le personnage de Will est vraiment utilisé pour tout et n’importe quoi également.

C’est dommage car les thématiques de l’épisode sont intéressantes, et on peut clairement ressentir l’effroi d’un catalyseur d’un régime oppressif en action, d’autant plus si on tire les parallèles sur la réalité. Mais… mais ce n’est rien qui n’est pas fait juste quasi systématiquement dans Star Wars, en toile de fond. Et ça reste bien plus basique que les parallèles plus fouillés en saison 1, même si c’est toujours bon de rappeler les bases, j’imagine, comme avec la presse à la fin qui fait de l’Empire des martyrs. Mais cela reste vraiment assez macro et détaché.

Comme le seul personnage qu’on aime c’est Cassian et qu’il n’est pas en danger, bon… Ok, c’est certes une critique facile qu’on peut faire à toute oeuvre préquelle à une autre (ce dont Star Wars regorge), et la série ne peut pas faire autrement, mais je n’y peux rien, ici ça joue quand même, et il n’y avait pas ce détachement avant. Sans même se limiter à Cassian, le fait qu’on ait vraiment eu maximum 3 scènes de Sibyl sur son infiltration avec les rebelles Ghormans, et 5 scènes max de Sibyl avec Dedra, me fait me demander vraiment quel contenu on aura eu les 7 épisodes précédents, et si la série n’a pas voulu aller trop vite en besogne dans son dénouement sans passer par son développement.

La vérité c’est triste mais en parallèle l’épisode m’a semblé interminable à se mettre en place, pour finir par user de procédés dans les scènes d’action vraiment cheaps à base de délais (notamment à teaser un tir sur Dedra qui — évidemment — ne vient jamais), ou quelques sauvetages deux-ex-machina (deux fois pour Cassian).

Reste tout de même une vraie fin pour Karn avec évidemment la dernière phrase de Cassian très ironique (le titre de l’épisode) qui résume bien la fixette à sens unique du personnage. Je reste tout de même circonspect de cette décision vu ce que le personnage avait encore à apporter, avec une pseudo-redemption (ou, de manière plus nuancée, un changement d’avis sur sa place parmi l’Empire) qui aurait pu donner de belles choses et qui semble juste avoir été coupé court. J’imagine que c’est aussi ça le propos : parfois toutes les morts ne sont pas hyper satisfaisantes (même problème que l’épisode 6, en vrai). Et on peut se dire que, comme il retrouve Cassian par total hasard, son vieux démon de vengeance ressurgit, et ça annihile tout sens logique qu’il aurait pu avoir. C’est cohérent, mais cela reste une option de sortie qui ne me donne pas particulièrement envie de me repencher sur son arc vu le résultat.

L’épisode a aussi le mérite d’être bien réalisé (majoritairement, si on oublie quelques morts ou affrontements peu convaincants), disons qu’ils arrivent à donner de l’ampleur à un décor qui n’est finalement pas bien grand ni très intéressant. Les plans dévoilant le retour du droïde K2SO vu dans Rogue One sont très marquants par exemple. Il est clair qu’on assiste à un début d’opération “bouclons la boucle” avec la préparation du film, même si je trouve un peu forcée l’insistance avec laquelle Cassian s’intéresse à ce droïde — enfin, c’est surtout car la série est aussi pauvre en références et easter eggs à part ça, donc ça paraît un peu gratuit par rapport au reste, mais on est bien loin du traditionnel fanservice d’autres séries Star Wars, alors j’attends de voir. Big up à Tony Gilroy pour avoir complètement ignoré un comic racontant la rencontre entre Cassian et K2SO d’ailleurs, j’aime beaucoup quand on dit un peu fuck à l’univers étendu au profit d’une continuité visuelle plus cohérente.

Ok je suis un peu aigri. Mais c’est vraiment rien de spécial, je trouve. Tant mieux que ça plaise. Redonnez-moi plus de Mon, Luthen, même Bix, svp.

Le grand frère Bigger Harder Blooder de l'épisode sur Ferrix avec une montée progressive de la tension dont on sait qu'elle terminera par le sang, issue d'autant plus cruelle que tous tombent dans le plan en marche de l'Empire. Si je suis un peu réservé sur le revirement soudain de Syril (trop soudain, mal écrit peut-être ?), sa fin est marquante et l'épisode est remarquable et à couper le souffle, avec comme climax le lâché meurtrier des droïdes KX dans la foule et comme dénouement la version officielle du bain de sang érigé par les journalistes de l'Empire. Conclusion : méfiez-vous des médias gérés par un tyran fasciste, méfiez-vous de Bolloré.

L'épisode central de la série, visiblement fortement inspiré par l'épisode des "sniper de Maidan".

Toute la mise en scène est impeccable et fourmille de micro-détails fascinants à observer (comme le fait que les "CRS" soient des jeunes et donc plus enclins à déraper). Le moment ultime vient de ce combat entre Syril et Cassian, où ce dernier ne sait absolument pas qui il est (ce qui est terme d'écriture est assez fort).