Encore un super épisode qui continue de pousser au bout la réflexion sur un monde vraiment dominé par l'IA. Celle-ci s'approcherait tellement des humains qu'elle en copierait aussi ses perversités ?

Je suis absolument fan de l'inversion du rapport de forces entre humains et hôtes par rapport à la saison 1, dont cette saison est clairement le miroir sur plein de points (le twist timeline, Christina qui semble être une synthèse des personnages de Dolorès et Maeve, le fait de ne jamais savoir qui contrôle qui, New-York qui est un parc moderne et symbole d'une liberté hypocrite comme le rappelle ce sublime plan sur la statue de la liberté).

On sent vraiment que le chemin parcouru en saisons 2 et 3 aboutit naturellement à ce nouvel équilibre, ce nouveau monde, et cela rend tout ce qu'il s'y passe extrêmement excitant à suivre et stimulant à comprendre.

En plus de permettre beaucoup d'idées sur le libre arbitre, ce qui a toujours été une constante de la série, c'est aussi extrêmement intéressant d'un point de vue narration et méta de voir des antagonistes réussir à instaurer une dystopie et ne pas savoir quoi en faire/ne pas la maîtriser totalement.

Charlotte Hale est toujours un personnage fascinant sur ce point de vue, une antagoniste qui, comme la Dolorès saison 3, avait tout pour gagner mais semble retenue par une part incompressible de leur moralité, quelque chose sur laquelle elles ne feront aucune concession : la beauté du monde pour Dolorès S3, le libre-arbitre des hôtes pour Charlotte Hale ici, qui pourrait simplement forcer les hôtes à être transcendés mais ne peut se résoudre à le faire. Cela amènera inévitablement sa chute, et le spectateur le sait bien, comme si depuis le début, le code de Ford continuait à nous divertir.

Au passage sur les antagonistes, moi qui me plaignais que William n'était rien d'autre qu'un homme de main inutile cette saison, il trouve ici toute sa place en étant confronté à sa réalité, à travers ce subplot (génial) des hôtes qui "breach" et se mettent à se suicider.

À travers ça, la série aborde donc de plein fouet un thème totalement inédit pour elle je crois, à savoir la santé mentale, et elle le fait au service d'une vraie question sur la nature humaine comme bien souvent.

Je dois aussi en profiter pour saluer la gestion des personnages cette saison, assez exemplaire entre les épisodes. Ici, l'absence de Maeve, Bernard ou Caleb se fait à peine ressentir tant l'intrigue de Christina décolle. Toutes ses scènes méta sont super, et ça fait du bien d'avoir un épisode qui semble avoir la "tête sur les épaules" et où on prend le temps de développer le twist tout juste annoncé sans relancer plus de mystères qu'il n'en faut.

Cette saison semble comprendre que Westworld n'a pas besoin de 20 scènes d'action par épisode pour divertir, ou 10 scènes cryptiques pour intriguer : le simple fait qu'on questionne toujours tout ce qu'on voit de façon pragmatique ou même de façon meta (il est évident que Christina écrit toute la ville, mais il est aussi évident pour moi qu'elle écrit en fait Westworld), couplé à une petite poignée d'intrigues entremêlées, suffisent totalement à maintenir notre attention et à fasciner. Et les messages n'en ressortent que mieux retenus.

Bref, point de baisse de régime pour moi, le puzzle s'assemble et j'ai hâte de voir la suite !