Récit initiatique sur la quête du héros, récit noire d'une vengeance qui tourne autour du hasard, entre drame et récit légendaire, Daebak est une bonne pioche et un show qui, s'il ne transcende pas le genre, sait mélanger les genres sans perdre son équilibre.
Le récit Campbellien sur la quête du héros reste le point fort de ce drama tant Jang Geun Suk parvient à marquer les évolutions d'un personnage qui passe du statut de brute idiote à guerrier éclairé. Evidemment, c'est prévisible et fléché, mais voire un héros positif qui parvient jusqu'au bout à maintenir la balance entre ses actes et ses idéaux ancre parfaitement le récit dans l'affect du spectateur.
Le jeu et le hasard sont un autre thème important dans la série et le seul qui propose un problème car nous ne sommes pas familiarisés avec les jeux de hasard Coréens. Cette partie, volontairement grandguignolesque, est celle qui marque le plus l'identité Coréenne du show, avec jeux de regard et effet de manche jouissif et improbable. C'est surtout l'occasion de marque l'opposition entre plusieurs personnages et d'offrir quelques scènes magnifiques comme la révélation de Lame de Chien et la fille du Fourbe Golsa.
Ici, la série lie divertissement et drame antique, où les Dieux agissent sur les destinés via la chance d'un simple lancer de pièce. Voire le hasard comme un moyen de justifier les Deus Ex Machina, une belle idée, un peu trop suremployé à mon goût, mais plaisante.
Et puis le final entre Dae Gil et Yi In Jwa dans l'épisode 23 autour de la piège est juste énorme.
Le récit légendaire est le dernier de ce show, la série s'inscrivant dans l'histoire de la fin de règne d'un roi et l'avènement perturbé du prince à la couronne. Cette partie, plus politique, est aussi réussi avec des personnages secondaires nombreux et clairement identifiable via des couleurs ou des codes de mise en scène claires et bien pensés. Très visuelle et élégante, Daebak est une série réfléchie dans sa mise en scène qui sait jouer avec la palette des couleurs pour imposer les forces en présence. Yin In Jwa porte des couleurs ternes et secondaires, le prince des couleurs soyeuses qui jurent beaucoup, Dae Gil des couleurs monochromes et naturelles, tout est pensé pour clarifier les rapports de force entre le prince, le héros et le scélérat.
Mais, bien au-delà, Daebak pose la question du rapport de l'homme à la politique et de son caractère inhumain, où le mensonge et la trahison sont la norme et surtout le fruit des déceptions et des inimités autour d'un pouvoir si convoité, mais au final si vain quand même le monarque ne peut empêcher la mort de celui qui lui est le plus cher.
Au dessus du roi, il y a la force de Dieu qui s'exprime par la mort, un Dieu manipulateur à l'humour indéfinissable, cruel et versatile auquel le héros va apprendre à échapper pour construire un monde plus stable, loin d'une lumière divine certes fascinante, mais trop instable pour assurer la pérénnité d'un royaume.
C'est finalement cela la grande force de Daebak, savoir montrer que la quête du héros n'est pas de devenir un être de lumière, mais d'apprendre à comprendre que le bonheur et la maîtrise de sa propre destinée vont de pair. Et qu'il n'y a pas de terres plus corrompues que celles des Dieux dont les prophéties sont aussi inutiles que les les complots de palais entre puissants et jaloux.
Au final, Daebak est une série Coréenne par ses effets de style un peu outrancier, universelle par sa quête du héros et forte par la réflexion qu'elle mène sur la nature corruptible de l'être humain et sur la profonde faiblesse du politique. Mais surtout, Daebak, c'est juste kiffant, point barre.
L'avis de chevrere sur
Game of Silence
Pitch de départ : quatre amis d'enfance vont se retrouver suite à la mort de l'un d'entre eux, réveillant des souvenirs malheureux du passé. En effet, les quatre garçons ont été enfermés à Quittman, centre fermé privé pour mineurs où les violences physiques et parfois sexuelles étaient monnaie courante.
Voilà, ce n'est pas un petit thème, léger et mignon... non,non,non, on parle de violence sur mineurs perpétré par des adultes en connaissance de cause et d'une vengeance froide, sordide où des adultes en souffrance cherchent à expier leur rage envers leurs anciens bourreaux.
Pour parler de cela, il faut de la finesse, de la maîtrise et une mise en scène élégante qui sait donner du sens au silence et au non dit. Sauf que cette série est très loin du compte alors ce sera exposition à la matraque, facilité scénaristique et cliffhanger putassier.
Pourtant, le casting et bon, surtout le personnage de Shawn qui casse l'image du black side kick rigolo lors de scènes réussis avec la veuve de Botts. Mais, même le talent de Michael Raymond-James ne peut empêcher l'inévitable d'arriver : à force de twists improbables, on finit, la mort dans l'âme, à ne plus y croire.
Jamais les créateurs de ce show n'aurait dû choisir les networks pour diffuser un tel programme, tant l'autocensure ruine vite les bonnes idées de l'épisode trois. Au lieu de montrer comment l'incarcération a détruit les rêves et les espoirs des héros, le show fait une série comme les autres, avec une évolution prévisible et des tours de passe-passe à la limite du ridicule (la palme à la scène du coffre-fort avec Gil, grotesque).
Game of Silence aurait du passer sur le câble, faire moins de twist, prendre son temps, gagner en profondeur, garder cette ambiance du pilot qui rappelait Stand By Me. Au lieu de cela, un drame poussif sur l'obsession de la vengeance qui part d'un thème lourd pour produire du divertissement à la limite du putassier.
Un beau gâchis.
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Hostages (2013)
Ayant vu la série originale, je m'étais convaincu que l'adaptation ne pouvait qu'échouer en versant dans le grandguignolesque à outrance... malheureusement, j'avais raison d'en attendre moins. La faute à un pilot catastrophique, à une exposition des personnages très maladroites qui versent assez vite dans les backstorys inutiles pour gagner du temps.
Hostages lance beaucoup d'histoires en une saison et n'en exploite quasiment aucune pleinement, excepté l'intrigue familialedu personnage de Dylan Mc Dermott. C'est le principal problème de ce type de production moderne, ces dramas conçus autour de la multiplication de storylines pour permettre d'engendrer des twists parfois surprenants, mais sans réel intensité dramatique.
Même dans le final, la scène entre la femme du président et la doctoresse n'est qu'une façon artificielle de mattre la pression... et que dire de l'intrigue autour de la grossesse vite écartée sans jamais revenir. Trop inégale, Hostages peine à avoir des personnages assez attachants, à l'exception de la femme de Carlisle, et à se trouver une âme, une profondeur autre qu'une histoire de complot digne de 24.
Pourtant, les moyens ont été mis dans la réalisation, dans un casting assez pléthorique, mais le show est priss entre sa volonté de divertir et une histoire qui pose des questions intimes sur le bien, le mal et les limites de notre propre moralité. Incapable d'investir la psyche de personnages trop minces pour devenir attachants, Hostages échoue, malgré plusieurs efforts dans l'écriture qui ne suffisent pas à masquer les nombreuses incohérences du récit.
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Top of the Lake
Top of the Lake n'est pas une grande série, juste un joli exercice de mise en scène qui ne se montre pas à la hauteur de ses ambitions.
On en ressort frustrés, comme un gros mensonge, celui d'un objet souvent élégant, superbe par éclat, mais terriblement pathétique dans son écriture et son incapacité à se conclure.
La définition même du pétard foireux, comme quoi le style ne fait pas tout.
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The Gods of Wheat Street / Saison 1
Série Australienne au casting essentiellement aborigène, TGWT est un soap australien assez classique, l'histoire de la famille Freeburn et surtout de son ainé Odin. A la mort dans un accident de sa mère, il reçoit la lourde tache de garder la famille unie, malgré les embuches qui les attendent.
Avec seulement un frère, la tache serait facile... mais voilà, entre Ares, Tristan, Electra, Athena, Lizzy, Jaimie, (et j'en oublie), le nombre de personnages fait que les premiers épisodes servent surtout à nous laisser trouver nos repères. Mais la gestion intelligente des intrigues fait qu'on est jamais déboussolé, même si certains personnages paraissent un peu trop cliché pour générer un vrai enthousiasme.
Le problème de cette série va venir de la gestion de sa grande richesse, les auteurs choisissant la sécurité dans une seconde partie de saison qui laisse sur sa faim, après l'agression d'Odin. Sans grande ambition dramatique, la série est un divertissement intelligent, une série familiale au format assez classique et joliment mis en scène.
Malgré tout, on regrette que l'aspect tragique soit mis de côté, même si le cliffhanger final laisse pas mal d'espoir pour une éventuelle saison deux. avec sa résolution trop facilement exécutée, le show laisse le sentiment d'un manque, l'impression qu'il était possible de faire plus... en résumé, pas mal de frustration.
Malgré tout, je suis content d'avoir découvert une série qui possède son âme propre, une légèreté teinté de mystère qui m'a beaucoup plus. Pas un chef d'oeuvre, pas une grande série, mais un show qui sonne juste, malgré tous ses défauts. Et ces série là, imparfaites, bancales, discrètes et sincères, douée d'une personnalité propre et singulière, c'est celle qu je préfère.
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1 Litre of Tears / 1.03 Why did the illness choose me?
C'est difficile de parler de cette série, comme de tout mélodrame, car elle travaille sur notre sentiment d'empathie, souvent vu comme une faiblesse. Ce n'est ni larmoyant, ni putassier, juste un mélodrame honnête et digne sur la prise de conscience d'une adolescente que son temps est sur le point de se finir.
La qualité première est que le récit est très étiré, permettant de bien comprendre l'évolution des personnages... les parents pour le 1x02, la jeune femme ici. En ne cachant par la connexion du récit avec une histoire vraie, l'auteur fait un coup de force : celui de donner de la crédibilité à une histoire cruelle, celle de la prise de conscience par une jeune femme de sa mortalité.
En allant droit au but, mais avec pudeur et un soucis évident d'éviter les facilités qui ruineraient le récit. Certes, il y en a, mais le choix de refuser la litanie des révélations et de préférer raconter le parcours intérieur des personnages donne un ensemble séduisant et bien pensé.
Sans être parfait, un mélodrame digne et élégant, très japonais dans son esprit, mais totalement universel dans les thématiques abordés. A la fois beau et bouleversant.
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1 Litre of Tears / 1.04 The Loneliness of two
Un ton en dessous, avec une accélération de la chronologie qui emmène le show sur des clichés qui ne lui réussissent pas. La scène finale, joliment executée, rattrape le tir, mais l'ensemble reste trop balisée pour éviter un sentiment de routine qui s'installe peu à peu.
La partie d'Asou est surement la meilleure, avec un thème du deuil et de la culpabilité qui fonctionne pour le mieux. L'occasion de ramener un peu de légèreté dont le show aura besoin, les scénaristes risquant de se perdre dans un ton misérabiliste qui le condamnerait aussitôt à la médiocrité.
Au final, c'est bon, mais moins que les deux précédents.
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1 Litre of Tears / 1.05 A Disabled Person's Notebook
Un épisode qui n'a pas vraiment marché avec moi, malgré le thème très intéressant de l'acceptation du handicap. La faute à un choix de point de vue discutable, les auteurs peinant à garder la maîtrise sur la progression du récit.
Pour parler du statut des handicapés dans notre société, les scénaristes auraient du introduire d'autres personnages au sein de l'univers hospitalier. Hélas, c'est le point de vue d'Aya qui est matraqué, donnant un sentiment de redites gênant.
Le troisième tiers, où la jeune femme apprend à supporter le regard des autres marche mieux, grâce à de bons dialogues entre elle et Asou. Cela reste plaisant, soigné, mais le show a montré qu'il pouvait mieux faire.
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1 Litre of Tears / 1.06 Heartless glances
Très joli thème autour des regards portés par les autres sur un handicapé et sa famille, entre honte et compassion. La frontière apparaît alors, mince et fragile, posant toute la problématique d'un show qui cherche constamment le bon équilibre.
L'actrice qui joue Aya est très bonne ainsi que sa soeur qui va être au coeur de la meilleure séquence de l'épisode, une confrontation brutale avec son frère qui montre combien le handicap fragilise la structure familiale. Que l'héroïne tombe après avoir compris cela est un moment fort, ce qu'il fallait pour relancer le show.
Le personnage du frère est un peu trop mince pour tenir l'épisode sur les épaules, mais l'ensemble est très plaisant, avec une écriture qui retrouve son goût pour les non-dits.
Le show retrouve un second souffle et c'est tant mieux.
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