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Jaimie qui lit le scénario de l'épisode sur une petite bandelette : j'ai mind-blown.
On repousse encore les limites du récit et de la fiction. Ce qui est génial ici, c'est le dialogue entre les arts : le pistolet anti-matière (le Docteur spécialiste du charabia scientifique dit que ça n'existe pas) m'a fait penser au pistolet anti-inertie de Don Rosa, la bibliothèque de tous les romans ayant jamais existé est aussi présente dans Sandman (N'allez d'ailleurs pas me dire que Gaiman n'a pas vu cet épisode) et puis bien sûr The Kartus. Le Docteur ne connait pas ce formidable personnage, mais Zoé qui vient des années 2000, période phare pour les super-héros, si. C'est comme si Doctor Who avait anticipé le MCU. J'exagère à peine, puisque tout est fiction.
Il fallait assurément que le dernier adversaire soit le plus prolifique des scénaristes. Le Docteur en effet, personnage de tous les possibles, de toutes les temporalités et de tous les genres, est le personnage ultime pour un écrivain. Une véritable page blanche qui ne demande qu'à délivrer tous ses secrets...
Doctor : Another two seconds and I should have turned myself into fiction!
Immense dernier épisode. On a rallongé artificiellement la sauce, en faisant fuir le Docteur, mais ces dix-huit dernières minutes, c'est du caviar. Car Doctor Who revient sur ces fondamentaux. Quand on est petit, on s'invente des histoires. Des histoires qui mélangent les genres, qui digèrent ce qu'on a entendu ou vu dans la journée. Des histoires dans lesquelles les personnages se croisent et où l'absurde peut surgir à tout moment : "Et là, on dirait que...". Et là, on dirait que d'Artagnan viendrait sauver le Docteur. Et qu'il serait combattu par Cyrano de Bergerac. Puis, par Barbe noire. Et puis, et puis... Le champ des possibles est infini et Doctor Who l'est aussi.
Et, je crois que, précisément, là est la clef du succès de Docteur Who. Une série bien trop effrayante pour les enfants et trop enfantine / carton-pâte pour les adultes. Un show qui, en réalité, confronte les enfants à la peur, utile pour grandir ("Fear makes companions of us" all") et qui, dans le même temps, ramène systématiquement les adultes, vers le pouvoir de l'imagination et l'enfant qu'ils ont été. On ne sait pas vraiment qui commande l'écrivain dans cet épisode, qui est réellement le méchant. Un ordinateur diabolique dira un enfant. Une métaphore du capitalisme (voire de la BBC elle-même) répondra l'adulte. Les deux sont possibles. Ils se complètent.
Doctor Who est ce dialogue par la fiction entre les enfants et les adultes ; dialogue qui vient presque réparer cette impossibilité de communication. Un vecteur d'union. Là, sans aucun doute, réside le véritable pouvoir du Docteur. Bien au-delà de l'espace et du temps.
Il y a une grosse vide BDSM chelou dans cet épisode : le mec torse nu attaché bras en croix, les hommes qui portent des espèces de combinaison de cuir en lanière, des masques en cuir partout, tout le temps, etc. Cet univers vestimentaire renvoie d'ailleurs presque à... Matrix, à l'utilisation double, à la fois oppressif et libérateur qu'en font les sœurs Wachowski.
Effectivement, comme l'explique très bien Galax, tout est méta, qui vient tout résoudre ici comme un deus ex metachina : des effets spéciaux cheap (c'est une illusion) jusqu'au formidable cut final (qui est vraiment un très grand moment). Ces effets ne passent malheureusement pas la phase de la crédibilité : il suffit juste que le gouverneur et sa clique regardent les écrans de contrôle pour prévenir les gardes de la localisation du Doc.
Réellement un chouette épisode qui tient à la fois de critique du divertissement occidental et aussi de la colonisation. Ce n'est pas toujours très fin, mais c'est fait avec cœur.
Bon par contre, Six continue de traiter Peri (la goat <3) comme de la merde, c'est vraiment chaud.
Ça vraiment été "The Truman Show" jusqu'au bout, avec une fin similaire : les spectateurs sont désœuvrés face à la fin, puis passe à autre chose. Comme nous devant cet écran qui grésille finalement.
Pour le reste, en revanche, ce n'est pas Jojo. Peri se fait capturer deux fois. On recourt dans les mêmes couloirs que la première partie et à la fin, on fuit des vieux hommes en slip et des lianes magiques empoisonnées (que le Doc touche plusieurs fois). C'est très anti-climatique, à l'image du deus ex-machina : l'entreprise a trouvé un nouveau filon et du coup propose de payer plein prix pour le Zeiton ?! Que quoi ? C'est dommage, car il y avait réellement moyen de faire un truc bien plus profond avec le Doc qui s'adresse directement à la caméra par exemple. L'acteur qui joue Sil m'a régalé jusqu'au bout, en revanche.
PS : Je comprends parfaitement le choix de cet épisode dans Tales of the Tardis, par RTD qui continue d'être fasciné par la relation entre le Doc et la télévision / l'écriture qu'on trouve à la fois dans The Rubber Mind, The Idiot's Lantern (écrit par le bon Gatiss), Bad Wolf et très probablement dans The Giggle.