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Moqué, pris pour un idiot, qui a connu son heure de gloire par le passé, agé d'une cinquantaine d'année et bientôt remplacé, Dan.... Heu... Chris Chibnall nous apparait dans sa forme finale, dans une espèce d'ultime acte rédempteur.
Alors oui, les Chibnalleries sont toujours là : les noms improbables, les méchants un peu carton-pâte, les personnages qui expliquent à l'écran comment ils en sont arrivés là (la scène d'intro honnêtement, c'est une masterclass d'écriture) et les incohérences (le Karvinista qui veut tuer Yaz dans la scène d'intro alors qu'il explique plus tard que le but de son espèce est de protéger... les humains).
Mais, Chiboss se donne à fond. Il ouvre pas moins de cinq arcs scénaristiques (soit l'équivalent de faire une syncope pour lui), créé une menace à une échelle jamais établie jusqu'à là (avec cette espèce de Galactus qu'on croirait sortie du film de Tim Story) et parvient même à donner de l'épaisseur aux deux compagnons. Les deux emprunts clairs à Steven Moffat, les Anges et surtout cette impression générale de saison finale dans un oppening, dynamise vraiment l'ensemble et fait de ce premier épisode une espèce de course en avant effrénée. Le problème est que j'ai bien peur que cette prise de vitesse finisse un peu dans le mur, quand Chiboss aura joué toutes ces cartes. En attendant comme on dit, i'm here for the show... And for Dan (qui est ultra bg).
WoW. Deux épisodes pas ratés de Chibnul de suite. La folie.
Cela reste globalement un épisode de remplissage et l'aspect pédagogique de la série n'est pas vraiment rempli, notamment sur Mary Seacole (et son parallèle avec 13) et sur la guerre de Crimée : la fin de l'Empire Ottoman / la chute de Gallifrey (en plus, la première apparition des Sontariens dans la série est aussi la première mention de cette planête) et l'alliance des deux forces opposées (France et Angleterre) pour lutter contre un ennemi commun (la Russie). C'est donc un script qui n'est absolument pas abouti, mais qui distille continuellement une forme d'energie de fuite en avant. Se faisant, Chibnall semble faire une sorte de sythènse entre le côté très terre à Terre de RTD (l'invasion de la planête, les parents d'un compagnon) et l'ambition Moffatien de fragmentation du temps et du récit. Les deux précédents showrunners ont eu ce point commun de ne pas toujours réussir leur finalité de récit / de saison : parfois très bêta chez RTD et souvent trop compacte chez Moffat. Il faudra espérer (sans doute très fort) que Chibnul ne tombe dans aucun de ces deux pièges et puisse (enfin !) trouver sa propre voix / voie.
L’épisode fonctionne comme une sorte de mise en abyme permanente. Comme la Doctor, on est complètement perdu du début à la fin. Et évidement, on se fout un peu des trois autres histoires, autre que celle de Ruth. 13th le dit elle-même : « Put me back. I want to see more. I want to see the end. » Il n’empêche que les trois autres histoires viennent quand même combler le principal reproche qui a été fait à Chris Chibnall : de ne jamais donner du fond à la Fam. Yaz hérite ainsi - et enfin ! - de quelques matières intéressantes. Cela ne va évidement pas assez loin et il est bien trop tard pour exploiter sa position de membre des forces de l’ordre, dans une fonction par essence punitive, face à une Docteur qui, par définition, guérie.
Alors forcément, à force de l’infinité des mystery box, l’épisode se perd un peu. Ce n’est pas hyper clair dans la façon dont les Mouri ramènent leur 4ème membre, ni pourquoi Vander fait une sorte de fixette sur Yaz dans sa propre timeline, ni qui est cette mystérieuse femme qui apparait à la fin de l’épisode. Sur ce dernier point, je crains un peu que Chibnall face une sorte de grand reboot de l’univers tel qu’on l’a connu pour laisser une table propre à la suite et donc à RTD.
Vous savez pourquoi j'aime Doctor Who ? Parce qu'il permet un dialogue entre les artistes. C'est Eric Saward, qui reprend Terry Nation. C'est Steven Moffat qui utilise le matériel de Robert Holmes. Ici, c'est Chris Chibnall et Maxine Alderton, qui reprennent RTD et Steven Moffat.
L'enjeu pour ces deux deux scénaristes est de taille : reprendre LA création de Moffat, celle qui l'a sans doute fait avoir le poste de showrunner. Il était très facile de se planter et honnêtement, personne ne leur en aurait voulu. Le résultat est franchement époustouflant. Non seulement, les deux scénaristes gèrent parfaitement tout l'aspect horrifique propre aux Anges, mais ils parviennent même à créer de la nouveauté : la règle d'être une seconde fois touché par les anges, l'image de l'Ange dans un esprit, l'ange qui se reforme sur papier (visuellement, une scène magnifique), etc. Chibnall et Alderton jouent avec les règles établies et parviennent à créer un épisode ultra ludique et visuellement parfait. Il y a même un énorme travail fait sur la mise en scène qui parvient à faire exister un village entier avec deux maisons, une église, de la lumière et de la brume. Cela tente toujours d'être innovant en terme de réalisation : le léger travelling avant en contre-plongée quand Claire se regarde dans le miroir, le surgissement de l'Ange dans la télévision et ce fake plan séquence / travelling circulaire sur la transformation du Docteur à la fin. Je ne pense pas avoir vu un tel travail depuis le début du run de Chibnall (à part un dernier plan dans The Ghost Monument).
Il y aurait tant de choses à dire sur cet épisode formidable, mais le plus important n'est pas là. En effet, Chris Chibnall et Maxine Alderton vont même jusqu'à donner une origine aux Anges. Selon moi, il est largement sous entendu, à la fin de l'épisode, que les Anges sont des anciens docteurs (et time lords) qui n'ont pas réussi à fuir The Division. Il y avait cette scène à la fin de The End of Time où la mère (?) du Docteur se cachait les yeux, après avoir été condamné par Rassillon. Beaucoup à l'époque avait supposé que cela voulait dire qu'elle se transformait en Ange. Chibnall et Maxine reprennent cette théorie. Il y a aussi cette explication poétique (merci au passage à Galax de me l'avoir fait remarquer) du pourquoi les Anges se cachent les yeux. Ils le font parce que les Time-Lords se voient en train de se transformer en pierre.
La série n'est jamais meilleure que lorsqu'elle permet ainsi un dialogue de l'art, que lorsqu'on sent qu'un scénariste est fan du travail d'un autre scénariste et va essayer de développer une idée de base. C'est le propre de Doctor Who, d'être perpétuellement en mouvement dans un élan toujours plus créatif. C'est l'essence même de la série et cet épisode le prouve à merveille.