Un épisode dans la même veine que le précédent : une aventure standalone de fin de saison où la team TARDIS est bien installée (même si Jodie n'arrive toujours pas à choisir un nom pour les désigner !). Le prochain épisode sera d'ailleurs sans doute similaire et l'ensemble des épisodes 7 à 9 formeront un autre trio "futur (le 7)/passé (cet épisode)/présent (le prochain)".
Malheureusement pour nous, The Witchfinders se révèle être très en-dessous du précédent épisode Kerblam!, et de loin le pire épisode historique des trois que nous avons eus cette saison.
Doctor Who qui voit les sexistes arriver
Un scénario très passable, mais...
Tout d'abord, si le contexte historique n'a rien d'original, Doctor Who n'avait pas vraiment exploré la piste de la chasse aux sorcières sous son angle politique dans la série. The Shakespeare Code, un épisode avec David Tennant et Martha en saison 3, avait en effet déjà des sorcières pour thème principal, mais un coup de neuf ne peut pas faire de mal. Le problème de The Witchfinders, c'est qu'on se doute immédiatement de la plupart des twists de l'épisode : le fait que la Doc va être prise pour une sorcière, le fait que la matronne du village est sans doute dans le coup, et bien sûr le fait que les "apparitions sataniques" de l'épisode vont sans doute être des aliens. Bon, je n'avais pas prévu le coup de l'arbre magique comme verrou à une prison d'une espèce toute entière d'aliens dans un jardin anglais au 17e siècle, mais à ma décharge, c'est un peu n'importe nawak comme idée.
En plus de son scénario assez prévisible, la fin de l'épisode elle-même est assez expédiée. L'idée des "torches de l'arbre" n'était pas mauvaise, puisque c'est un beau symbole par rapport à la véritable chasse aux sorcières et au bûcher, mais dans l'exécution, c'est trop rapide. On a l'impression tout au long de l'épisode que les scénaristes ont fait attention à leur scénario et prennent le temps de faire dire une ligne à leurs personnages pour expliquer tel ou tel truc, mais les personnages repassent ensuite tellement vite à un dialogue plus "naturel", qu'on dirait presque qu'ils s'en battent un peu les reins de l'histoire.
Il y a cependant une chose évidente : les messages féministes de l'épisode. Pour la première fois je pense cette saison, le fait que la Doc soit une femme a été un élément crucial de l'intrigue. Cela arrive à point nommé dans la saison (si cela avait été fait trop tôt, les détracteurs s'en seraient donnés à cœur joie pour critiquer la nouvelle Docteur). Ce n'est pas fait subtilement, mais le message est clair et honnêtement justifié. Tout le "milieu" de l'épisode où la Doc piétine dans son enquête parce qu'elle est accusée à tort de sorcellerie est vraiment bon, car très logique : la Docteur est maintenant une femme, la Docteur a toujours été une scientifique. Technologie avancée + femme = vile magie de sorcière pour les habitants de l'époque. C'est logique. C'est peut-être même tellement logique qu'on se demande pourquoi ni le roi, ni la matronne n'y pensent plus tôt – cela aurait permis d'accélérer le premier acte longuet de l'épisode. Pour illustrer : la première manifestation des zombies de Walking Dead de l'épisode auprès de la Docteur est à 20 minutes. Soit quasiment la moitié (l'épisode étant le plus court de la saison : ne durant que quarante-cinq minutes, à l'ancienne). C'est trop.
Au moins une qui s'amuse
Bref, pour en revenir sur les bons aspects de l'épisode, littéralement sauvé par le fait que le Docteur soit une Docteure et que Jodie Whittaker en a gros sur la patate : j'ai beaucoup apprécié tous les messages à ce sujet ainsi que le très bon speech de la Doc au Roi James lorsqu'elle est enchaînée. La Doc/la scénariste fait le choix très judicieux d'axer son pitch sur la compréhension d'événements qui nous dépassent, sur l'ouverture d'esprit et sur la confiance, et non simplement quelque chose de moralisateur sur les mœurs de l'époque. Ce speech "Doctoresque" est clairement la seule raison de voir cet épisode.
Un épisode historique mal calibré
Personnellement, j'ai toujours été bien friand des épisodes historiques dans Doctor Who. Je trouve qu'un épisode historique bien conçu donne toujours quelque chose de génial. Il y a peu de vrais chefs-d'œuvre dans le passé, principalement car les épisodes dans le passé représentent une minorité, à juste titre (il ne faudrait pas que le show néglige l'univers), mais je suis très bon client.
Mais là, je suis assez déçu. J'ai un vrai problème avec le début de l'épisode. La Doc débarque dans la campagne, voit qu'il y a des procès aux sorcières, décrète qu'il ne faut pas intervenir, intervient quand même. Jusque là, pas de problème, joli petit raccord avec les thèmes de la saison, tournure un peu différente des deux autres épisodes historiques où il fallait "préserver" le bon déroulement des faits, etc. Mais ensuite la Doc est persuadée que quelque chose ne va pas. Pourquoi ? Il n'y a absolument rien d'anormal dans cette chasse aux sorcières. Aucun anachronisme pour le moment n'a été vu. Aucun élément suspect. Mais non. La Doc décrète qu'une enquête s'impose car quelque chose ne va pas. C'est vraiment grossier comme écriture et c'est clairement plutôt la scénariste qui s'exprime à travers son personnage. Oui, on sait que quelque chose ne va pas, c'est Doctor Who. Pourtant cette saison a vu la plupart de ses épisodes ne posséder aucun alien méchant, c'est donc probablement le pire timing au monde pour sortir un épisode historique aussi classique.
Les Morax, ennemis ultra-anecdotiques malgré la bonne idée de la prison. En plus, leur nom est si ridicule. Quelle idée de terminer un mot par "ax" ? C'est censé faire menaçant ? Pfff
Il aurait été plus judicieux de tout simplement faire dire à la Doc (ou à Yas) qu'elle a envie d'explorer un peu les environs et interroger les habitants pour comprendre vraiment pourquoi de telles pratiques avaient été faites à l'époque, et pourquoi les gens étaient si certains de la présence de sorcières. Cela aurait en plus apporté ce joli aspect "éducatif" que le show a bien eu cette saison pour Rosa Parks et la partition en Inde. Et cela aurait très logiquement pu donner suite aux fausses accusations et au dénouement de l'épisode. Mais non. Au lieu de ça, on obtient une enquête classique motivée par la magie de la plume du scénariste. Je sais que tous les épisodes cette saison ont un peu pour pitch "quelque chose ne va pas, la team TARDIS mène une enquête", mais pour la première fois de la saison, j'ai trouvé cela forcé et j'aurais préféré avoir autre chose qu'une énième division de l'intrigue en deux groupes un peu trop pratique. Plus de motivations séreuses et moins de scènes plus cocasses qu'autre chose avec le comique Roi James (ou pas).
Idem, on a du mal à comprendre le véritable intérêt de James dans l'histoire, qui voyage seul, étrangement. Était-ce vraiment un personnage historique nécessaire, hormis pour avoir un personnage masculin permettant de parler un peu du sexisme de l'époque ? N'importe quel homme du village avec un peu de pouvoir aurait pu faire l'affaire. Alan Cumming, l'acteur écossais assez connu des britanniques qui incarne le personnage du roi, joue de façon assez extravagante et un peu déroutante, mais au moins il donne un peu d'âme et de vie au personnage, ce n'est donc pas plus mal.
Bref, c'est un épisode historique qui injecte une menace alien classique à l'origine d'étranges phénomènes, avec quelques personnages secondaires superflus et clichés, dont une figure historique pas nécessaire. C'est assez banal, malgré les bonnes intentions de l'épisode. C'est toujours mieux qu'un épisode dans le présent ou dans le futur super mal foutu (épisodes 4 et 5). En ce sens, heureusement que cet épisode est situé dans le passé car son contexte le sauve, mais ce n'est pas glorieux et c'est dommage que, par deux fois maintenant, Doctor Who ait eu le super concept de la chasse aux sorcières et n'ait pas su quoi en faire.
The Companions Conundrum
Et on conclut à nouveau cette critique avec un tour de notre loterie aux compagnons ! Quel élement du background de chaque compagnon va être super mal intégré à l'épisode aujourd'hui ?
Les lots sont (si l'image ne charge pas) :
- Yaz : "Ouin-ouin ma famille me soûle, je suis policière j'aime aider les autres... Mais je vous ai déjà parlé de ma famille qui me soûle ?"
- Ryan : "Wesheuh problème de coordination, « me nan and me mother are gone », Graham j't'aime pas tu n'es pas mon grand-père !"
- Graham : "J'ai survécu à un cancer apparemment, je suis en deuil de Grace mais pas trop, j'aime les chauffeurs de bus et les ragots."
Et le gagnant remportant la palme de pire utilisation de l'épisode est...
Yaz ! La seule compagne fille qui part toute seule parler à la petite-fille au début de l'épisode. Trop bonne idée dans un contexte de chasse au sorcières. Bien pratique pour éviter trop de dialogues de présentations avec les personnages du roi et de la matronne. Et elle revient pile au bon moment dans la maison de la matronne (qu'elle n'a jamais visitée). Oh et puis, sans être tombée sur la propriétaire ou le roi qui étaient au rez-de-chaussée... puis elle repart ensuite avec Ryan et Graham, laissant Jodie seule pour être accusée, car vraiment faire rencontrer Yaz avec les deux antagonistes de l'épisode, ça serait juste trop à gérer en quarante-cinq minutes.
Il est assez évident et un peu triste que le scénario se sert d'elle.
Je dois avouer cela dit que Ryan qui ne sert que de faire-valoir comique pour le Roi James n'est pas non plus un super rôle, mais au moins, cela m'a tout de même fait rire. Graham qui doit jouer le rôle du mâle blanc dominant malgré lui, récupère une fois encore DE LOIN le meilleur rôle des trois compagnons, même s'il ne fait quasiment rien d'autre de l'épisode.
Les compagnons doivent avoir un meilleur rôle par la suite sans quoi le show va vraiment commencer à gâcher son potentiel de nouveau départ.
The Witchfinders est un épisode historique classique, trop classique dans une saison qui veut s'éloigner des sentiers battus. La menace ne prend pas, la construction de l'épisode ne surprend pas et fait des choix très contestables, les personnages sont tous critiquables, notamment toujours le trio de compagnons qui fait de la figuration. Quelques bonnes scènes avec Jodie Whittaker, un lien crédible entre la chasse aux sorcières et le féminisme et deux-trois blagues sauvent l'épisode, mais c'est très maigre.
J'ai aimé :
- Le thème des sorcières
- Jodie VS le patriarcat, et le fait que ce soit le seul contexte de l'histoire de la série où le message de l'épisode peut vraiment passer par la Doc, puisque c'est une femme
- L'idée des aliens emprisonnés, sympathique
- Un épisode historique aura toujours ce "petit plus"
- Dans le fond, rien de bien nul non plus
Je n'ai pas aimé :
- Les Morax, menace alienne totalement oubliable
- Le début de l'épisode dont l'avancée fait forcée
- Les compagnons, qui n'ont toujours pas évolué d'un pouce depuis l'épisode 3
- Des raccourcis dans l'histoire, notamment sur la fin
- Dans le fond, rien de bien transcendant...
Ma note : encore à déterminer. 11-12/20 ?
Le Coin du Fan :
- Grosse opportunité manquée de faire une référence à The Shakespeare Code et ses sorcières cette semaine, ainsi que plus grosse opportunité encore de faire référence au diable de The Satan Pit lorsque la Doc parle de la non-existence de Satan (et cela arrive au moins cinq fois dans l'épisode).
- Néanmoins, une superbe référence à la troisième loi de l'écrivain de science-fiction, Arthur C. Clarke : « Any sufficiently advanced technology is indistinguishable from magic. » L'écrivain a déjà été référencé dans la série, notamment dans Dinosaurs on a Spaceship (écrit par Chris Chibnall, le showrunner de cette saison !).
- Je vous laisse enfin avec une théorie/blague, issue d'un post de SonofRojBlake sur Gallifreybase, un forum anglais dédié à Doctor Who. C'est assez fanfic, assez stylé, assez trollesque mais cela met le doigt sur certaines critiques potentielles du Docteur de Jodie :
Stay with me...
The BBC did cast a woman to play the Doctor. That woman is NOT Jodie Whittaker. The whole thing is a fakeout of massive proportions. The character we have been watching, whom I now refer to as the "Doctor" (with heavy quotes), has:
- declined to get involved in a blatant injustice because you can't rewrite history
- said nuts to that and got involved because reasons
- berated a man for attacking someone who had every intention of killing him and wearing his teeth as a trophy
- complained about someone quickly killing a spider who was going to die slowly and horribly of asphyxiation, after locking a bunch of other spiders in a room to suffocate and/or eat each other
- sided with a faceless, murderous corporation against a rebelling working class
Among other things. These are not the actions of a hero. They are the actions of a VILLAIN. A villain who can operate a TARDIS...
Jodie Whittaker is playing Missy, and has been all along and we've all fallen for it. Missy is trying to "be" the Doctor, and failing because of her personal weaknesses and inadequacies and, y'know, EVIL. And soon, the truth will be revealed. Phoebe Waller-Bridge will stride onto the TARDIS and demand angrily to know exactly what the HECK Missy thinks she's been doing all this time. And Missy will gurn and do that massively over-theatrical Play School presenter thing she does when she points the sonic at something, but the REAL Doctor, PW-B's Doctor, will snap her fingers and the sonic will crumble to dust. And the series we love will be back and the character we love will be back and Jodie Whittaker can be praised for playing the villain so well that none of realised the whole thing was a massive Marvel-Skrull-style fakeout.
And Chris Chibnall will appear after the show, and remove a Mission Impossible-style rubber face mask and turn out to have been Moffat all along.
À la semaine prochaine en Norvège !