Critique : Game of Thrones 8.4

Le 15 mai 2019 à 13:55  |  ~ 25 minutes de lecture
Où le dernier épisode de Game of Thrones occasionne une grosse déprime.
Par Altaïr

Critique : Game of Thrones 8.4

~ 25 minutes de lecture
Où le dernier épisode de Game of Thrones occasionne une grosse déprime.
Par Altaïr

 

C’est nouveau, pour moi, ce sentiment de déprime en regardant Game of Thrones.

J’ai pu éprouver auparavant un amour passionné pour cette série, au début surtout. Par moments aussi, de la colère, en saisons 5 et 6 notamment. Puis un détachement amusé pour une série qui, depuis le début de la saison 7, perd beaucoup de sa cohérence, et donc de son identité. Mais, dans cet univers de plus en plus pauvre scénaristiquement, il me restait encore une ancre, une amarre : mon attachement profond pour ces personnages qui m’accompagnent depuis vingt ans (à travers les livres), et l’espoir de connaître la fin de cette belle histoire.

C’est cet attachement aux personnages qui a fait que j’ai notamment beaucoup aimé le deuxième épisode de cette saison : même si on pourra toujours critiquer la qualité des dialogues, au moins les personnages étaient fidèles à eux-mêmes, écrits avec amour et l’épisode avait su réellement m’émouvoir.

Mais avec cet épisode-ci, The Last of the Starks (pourquoi ce titre ?), on a touché le fond en termes de qualité d’écriture.

 

Thormund & The Hound

Cette image n'a rien à voir avec l'épisode mais elle me met de bonne humeur.

 

Une écriture catastrophique

 

C’est bien simple : niveau écriture, rien ne va. Moi qui lis des fanfics, qui regarde des dramas – toutes ces œuvres populaires qui sont généralement méprisées parce que sensément mal écrites – je vous le dis, je connais des centaines d’auteurs amateurs ou payés au nombre de lignes qui auraient pu vous scotcher sur vos chaises. Une émotion, ça se prépare scénaristiquement. Il faut créer une tension, une attente chez le spectateur, travailer le rythme, les ellipses, la logique du récit. Mais à la place, on a eu… ça.

Westeros n’est plus qu’une coquille vide où on brade rien moins que deux royaumes au premier personnage venu. Vous savez, deux de ces sept royaumes qui constituent le monde du Trône de Fer, tenus par ces sept familles puissantes qui s’affrontent dans un jeu des trônes complexe et réaliste depuis le début de la série ? Ah, ben, y’en aura un en cadeau pour Gendry et un autre en cadeau pour Bronn. Comme ça. Hop. Et les scénaristes ont l’audace de faire dire à Daenerys que sur le coup, elle est trop trop intelligente ?

C’est un monde où quand une reine perd la majeure partie de ses armées dans une bataille sordide, de son peuple qui l’a suivie avec dévotion au-delà des mers, elle ne verse pas une larme. Daenerys ne pleure que Ser Jorah, mais pas ses Dothrakis, ni ses Immaculés. Les scénaristes s’en foutent complètement, et j’avoue que je trouve ça consternant. Globalement, la scène qui ouvre l’épisode aurait dû être tragique, poignante, les personnages et l’état du monde auraient dû être bouleversés, et nous avec ! Au final, l’impact émotionnel est nul, et les cartes à peine redistribuées.

C’est aussi un monde où un dragon n’est pas tué par une horde de morts-vivants qui commencent à le grignoter vivant, ce qui aurait été une fin acceptable, mais par une flèche sortie de nulle part lancée par un tocard dont tout le monde se fout. Qui, mais QUI a pu penser que c’était une bonne idée, du point de vue scénaristique ? Où est l’impact émotionnel ?

Et c’est un monde où, quand vous apprenez que votre frère est en fait votre cousin, et qui plus est l’héritier du trône, ça vous émeut à peu près autant qu’un sermon de messe. Comment ont-ils pu traiter hors-champ la scène où l’identité de Jon est révélée à Arya et Sansa, et neutraliser ainsi tout impact émotionnel ?

Un monde où quand vous apprenez que vous couchiez en fait avec votre tante, ben ça vous en touche une sans bouger l’autre.

Je pourrais continuer pendant des pages avec des exemples de cet acabit – on pourrait parler du mauvais traitement réservé aux vœux sacrés de la Garde de Nuit (quels vœux ? lol), des téléportations de personnages (Bronn, lol) et d’armées, de la relativité du temps westerosien (elle est enceinte depuis combien de temps Cersei, au juste ?), du fait que King's Landing ne ressemble plus à King's Landing... Le monde du Trône de Fer, si riche et si complexe sous la plume de George R. R. Martin et dans les premières saisons, se retrouve vidé de sa substance, de ses habitants, de sa raison d’être. Il fut un temps très lointain où on pouvait lire des articles universitaires sur la réflexion sur le pouvoir, les pressions sociales, l’éducation, dans Game of Thrones. Quand on voit cet épisode, il y a de quoi rire jaune… ou pleurer.

Mais le pire reste le traitement réservé aux personnages…

 

Sansa Stark

Sansa, tu as toujours été forte. Je t'aime.

 

Des personnages trahis

 

La scène avait pourtant bien commencé… Après des années de séparation, le Limier et Sansa Stark évoquent la bataille de la Blackwater, en saison 2 – peut-être le meilleur épisode de la série, le mieux écrit en tous cas – et ce moment où elle aurait pu s’enfuir avec lui. La conversation est plaisante et amène un brin de nostalgie bienvenu. Jusqu’au moment où Sansa, MA Sansa, dit au Limier que, sans Littlefinger et Ramsay Bolton, elle serait encore « un petit oiseau ».

...

MAIS BIEN SUÛÛÛÛR, rien de mieux qu’un mentor libidineux et un mari sanguinaire et violeur pour faire de vous une femme forte !

J’avoue qu’à ce moment en particulier, j’ai failli vomir. Ce n’est pas possible d'écrire un dialogue pareil en 2019 !

Qu'on se le dise, Sansa a toujours été un personnage fort. Au moment de la bataille de Blackwater, elle a déjà vu son père décapité sous ses yeux, été torturée psychologiquement par Joffrey, mariée de force à Tyrion. Elle a survécu à King’s Landing, là où la totalité de son clan a péri ou a fui. Elle a tenu le coup, elle a été résiliente, elle a regardé et appris. J’ai toujours détesté que les scénaristes de la série la marient à Ramsay (ce n’est pas le cas dans les livres), et c’est d’une indécence révoltante de sous-entendre que c’était nécessaire à l’épanouissement du personnage.

Et s’il n’y avait que Sansa...

J’ai très peur de l'évolution de Daenerys et de son glissement vers la folie. Même si je n’ai jamais été une grande fan du personnage, elle est un symbole fort dans le Trône de Fer – et si la fin de la série se résume à un affrontement entre deux reines folles et indomptables, pour mettre un homme sage et raisonnable à leur place sur le trône de fer, le message "féministe" de la série sera pour le moins... trouble.

S'ils avaient au moins pris l’angle de la tragédie d’une reine déracinée, qui perd son peuple, ses dragons, sa raison, dans la quête de la régence d'un peuple qui ne l’aime pas... Cela aurait pu être beau et émouvant (je soupçonne que c’est l’angle de George R. R. Martin). Mais ici, on nous assène que Jon ferait un meilleur roi (ah bon ?) et personne ne semble être un tant soit peu reconnaissant du sacrifice gigantesque qu’elle a fait lors de la "longue nuit". Les Stark sont même carrément ingrats pour le coup.

Les autres personnages ne sont pas en reste… Tyrion se comporte comme un pré-ado en moquant de manière anachronique la virginité de Brienne, Jaime joue les girouettes, Varys est le pire maître-espion du monde, Missandei meurt comme une merde, Cersei qui était si complexe et passionnante est désormais un épouvantail, Bronn est un clown ridicule, et Jon abandonne sans état d’âme son loup... Dur épisode pour les personnages du Trône de Fer !

 

Brienne & Jaime

Ce gif aussi me met de bonne humeur. Finalement je devrais regarder la série en gif, ce serait meilleur pour mon moral.

 

Un potentiel gâché

 

Mais le pire, c’est que malgré tout on entraperçoit des pistes qui auraient pu être intéressantes en termes de dramaturgie. On sait que George R. R. Martin avait donné à Benioff et Weiss les grandes lignes de la fin de l’histoire, et ce sont à mon avis ces résidus que l’on devine en filigrane.

Le sentiment de déracinement de Daenerys, qui se retrouve isolée au début de l’épisode, la perte de ses armées, de ses dragons... L’histoire de la chute d’une reine qui aurait pu conserver le pouvoir à Meereen, mais qui s’est perdue à cause de miroirs aux alouettes... Cela aurait pu être poignant. Tout comme l’histoire de Jon, dont le monde aurait dû être chamboulé par la révélation de sa véritable identité, leader malgré lui, homme du Nord plongé dans les intrigues du Sud... Et l'amour de ces deux personnages qui se transforme en opposition politique. Il y a là matière à un drame littéralement shakespearien, qui vous prendrait à la gorge !

La trahison de Varys, et peut-être de Tyrion, bien amenée, dissimulée, présentée progressivement avec quelques indices pourrait mener à un de ces moments où les personnages de l’ombre font basculer l’ordre du monde sans en avoir l’air. Un de ces moments tellement typiques du Trône de Fer. Mais pour cela, il aurait fallu qu’ils ne dévoilent pas tout de la manière la moins subtile du monde ! (Encore une fois, QUI a pensé que c’était une bonne idée de dévoiler toutes les ficelles dès maintenant ?)

Jaime et Brienne, je vote pour ! C’est un de ces moments où le Trône de Fer "ose", et c’est complètement inédit dans une fiction grand public de voir un homme beau s’éprendre d’une femme jugée "laide". Et ça s’insère bien dans l’histoire, après tout ce qu’ils ont vécu, et les acteurs ont une vraie alchimie... Mais une amourette, ça se construit d’un point de vue dramatique, pour que le spectateur partage l’émotion des personnages quand enfin ils franchissent le pas ! Et surtout... faire de Jaime une girouette qui se barre dix minutes après sous les pleurs (!) de Brienne, c’est catastrophique en termes de développement de personnages.

Le dernier potentiel gâché, pour moi, est le cas de Missandei et Ver Gris. Ils n’ont jamais été correctement écrits dans la série (et pour être tout à fait honnête, c’est un peu mieux dans les bouquins mais ce n’est pas la panacée non plus), mais pourtant dans l’épisode A Knight of the Seven Kingdoms, les scénaristes avaient enfin réussi à toucher du doigt quelque chose d’intéressant : ce sentiment d’évoluer dans un monde qui leur est étranger, où on les regarde de travers, où ils mènent ce combat qui n'est pas le leur... Il y avait là aussi matière à développer des thèmes riches, sur l’altérité, la xénophobie, le déracinement...

Hélas, cela n’arrivera jamais.

Parce que couic Missandei.

Et donc, je déprime.

 

Certains parlent du pire épisode de Game of Thrones, puisque c'est celui qui a, de loin, la pire note sur imdB (6.6...). Pour ma part je ne saurais dire, il y en a eu d’autres qui m’avaient à l'époque atterrée. Mais cet épisode me fait craindre que la fin de la série ne vienne détruire tout l’édifice construit jusqu’ici... et comme je doute de plus en plus que les deux derniers tomes du roman voient le jour, cela m’attriste profondément.

 

J’ai aimé :

  • Jaime/Brienne, malgré les maladresses, jusqu’au moment où Jaime part sans prévenir.
  • Le retour des complots, même si c’était traité avec la subtilité d’un éléphant dans un jeu de quilles.

Je n’ai pas aimé :

  • Euh... tout le reste ? Entre les passages ridicules, ceux qui sont incohérents, ceux où les personnages se parjurent... il y a le choix.

Décompte des morts de l'épisode :

  • Missandei
  • Rhaegal

 

Ma note : 5/20

 

Le Coin du Fan :

par Galax, avec un merci à Koss

 

  • La mort de Missendei : enchaînée par Cersei, ce qui la ramène à sa condition d'esclave. Elle reste malgré tout d'une dignité impériale alors que sa meilleure amie et son amoureux la regardent. Elle choisit comme derniers mots « Dracarys », refusant une dernière fois sa soumission et annonçant à Cersei ce qui l'attend et ce dont elle a déjà pu être témoin maintes et maintes fois. Elle réaffirme ainsi sa liberté, elle qui aura été assignée au début au rôle de l'esclave, et choisit de mourir comme femme libre.

 

  • La promesse de Varys. Dans l'épisode 2 de la saison 7, Stormborn, Varys jouait pour la première fois cartes sur table face à un leader et avouait qu'il était du côté du peuple et uniquement avec Daenerys parce qu'il pensait qu'elle saurait mettre les intérêts de ce dernier devant les siens. En ne jurant pas sa fidélité inconditionnelle, Varys prenait un risque inédit. Ce fut le moment où le personnage se mit à nu et évolua. Mais Daenerys accepta néanmoins son soutien, à condition que Varys reste honnête jusqu'au bout, lui faisant à son tour promettre de lui dire si un jour elle franchissait la ligne et négligeait les intérêts du peuple, et de lui indiquer comment s'améliorer (au lieu de se remettre à comploter dans son dos).

Daenerys - Swear this to me, Varys. If you ever think I'm failing the people, you won't conspire behind my back. You'll look me in the eye as you have done today, and you'll tell me how I'm failing them.
Varys - I swear it, my queen.
Daenerys - And I swear this if you ever betray me, I'll burn you alive.
Varys - I would expect nothing less from the Mother of Dragons.

Ce jour semble venir et Varys a tenu sa promesse et a ouvertement conseillé la Reine de changer d'avis. À noter que Daenerys avait également promis de brûler Varys vivant si jamais il venait à comploter contre elle malgré tout...

 

  • L'erreur de Tyrion ? Quand Tyrion fait face à Cersei et tente une dernière fois de la raisonner, il mentionne le fait qu'elle est enceinte. Si Euron Greyjoy est assez malin pour le relever (pas sûr...), il pourra donc comprendre que Tyrion savait qu'elle était enceinte de Jaime et non de lui. Si Cersei est cependant assez maligne à son tour, elle pourrait faire passer cela pour une stratégie auprès de Tyrion et confirmer à Euron que son enfant sera bien le sien aussi.

 

  • Le générique. Hommage aux fidèles du Lord of Light  à la fin de l'épisode précédent :

 

 

  • Game of Consequences. Après Bran faisant remarquer à Theon qu'il n'en serait jamais arrivé là sans ses choix et ce qu'il a subi tout au long de la série, Sansa fait référence au surnom que lui donnait Cersei lors de ses débuts à King's Landing : "Little Bird" (petit oiseau littéralement, ou petite colombe en VF) pour indiquer au Limier à quel point elle a changé.

 

  • La série gagnera sans doute à être revue en intégralité et d'une traite. Un exemple : vous rappelez-vous qu'il s'agit de Robb et Talisa Stark qui avaient guéri Qyburn et ont donc permis à Cersei d'avancer et à la Montagne de revenir ? Rafraîchissement de mémoire :

 

 

  • Nouveau prétendant au trône. Tandis que Cersei semble condamnée, que Daenerys perd ses supporters, que Jon refuse la couronne, que Sansa souhaite garder le Nord à tout prix, peut-être un nouveau choix idéal : Gendry. Bâtard de Robert Baratheon, il serait également légitime au trône puisque son arrière-grand-mère (la grand-mère de Robert) était une Targaryen. Il est donc numéro 3 dans la lignée Targaryen (numéro 2 si l'on ne compte que les hommes). Il a été nommé Chevalier par Daenerys dans cet épisode. Son arc de bâtard passant une vie difficile sans connaître ses origines royales pourrait très bien s'arrêter là tout en restant cohérent... ou bien se poursuivre jusqu'au trône de fer ?

 

  • La prophétie des élus. Accrochez-vous car il s'agit peut-être de la théorie la plus dense du Coin du Fan. Les prophéties sont souvent floues dans la série, mais l'une des prophéties récurrentes est celle de l'élu, du "prince promis" (The Prince that was Promised, Azor Ahai). Mais beaucoup oublient que Rhaegar, fils aîne du Roi Fou, père de Jon et roi Targaryen à l'origine de cette prophétie, incluait également deux soeurs aux côtés du Prince pour le protéger. Cette idée s'inspirait de la fratrie Targaryenne (ayant vraiment existé) : Aegon le Conquérant, et ses deux soeurs, Visenya et Rhaenys. Cela correspondrait donc à Jon (dont le véritable nom Targaryen est d'ailleurs : Aegon...), Arya et Sansa. Ils sont les trois derniers vrais Starks restant en vie – ce qui constitue le titre de l'épisode. Cela suit également le fameux dicton concernant les Starks, "The lone wolf dies but the pack survives" ("Le loup solitaire meurt, mais la meute survit").

Ainsi, dans cette optique d'union faisant la force, trois élus seraient en fait côte à côte pour défaire le mal. Le mal, non pas caractérisé seulement par le Roi de la Nuit (qui est d'ailleurs une invention de la série pour mettre un visage sur les Marcheurs Blancs), mais également par Cersei, la deuxième antagoniste de cette ultime saison, et enfin par... Daenerys. Les trois étant liés par une volonté commune qu'aucun autre personnage encore vivant ne partage : le souhait de tout conquérir, peu importe le prix. Ainsi, si beaucoup de gens ont été déçus ou ont été surpris par le fait que Jon ne tue pas le Roi de la Nuit, la théorie favorisant plutôt l'union des trois élus – et non Jon seulement – semblerait bien correspondre à la fin de série, chacun tuant un des trois ennemis représentant le Mal dans la lignée de leur arc en tant que personnages :

  • Arya s'est donc occupée du Roi de la Nuit, celui qui réveille les morts et veut mettre fin à l'humanité. Elle dont tout l'arc a justement été à propos de la mort, de comment joindre le monde des vivants et celui des défunts, et sa quête d'identité en tant qu'humaine. Elle a bien sûr toujours défendu sa famille coûte que coûte. Maisie Williams, l'actrice jouant Arya, avait d'ailleurs déjà pressenti, il y a quatre ans de cela, que son arc pourrait bien finir par rejoindre celui des Marcheurs Blancs :

 

Traduction : "Si vous pouviez tuer quelqu'un dans la série, qui serait-ce ?"

Réponse de Maisie Williams : "Ça serait assez cool de tuer un Marcheur Blanc. Je ne sais pas si ça ferait beaucoup de bien [à Arya], parce qu'ensuite 6 millions de marcheurs se retourneraient contre elle. Mais cela pourrait être sur la liste d'Arya : tuer un Marcheur Blanc."

  • Sansa sera alors celle qui sera à l'origine de la chute de Cersei. Cersei est au coeur de plusieurs autres prophéties. Tout d'abord le fait qu'elle devrait être trahie par "un petit frère" ; il s'avère que c'est probablement Jaime et non Tyrion comme elle s'y attend. Ensuite, le fait qu'elle donnera naissance à trois enfants, et non le quatrième qu'elle porte, ce qui annonce sa future mort avant qu'elle accouche (la série a fait mention en saison 1 d'un autre enfant qu'elle aurait eu avec Robert, mais il semble qu'il s'agisse soit d'une incohérence, soit que l'enfant était mort-né, soit que la prophétie ne mentionnait que les enfants de l'homme qu'elle aime, Jaime). Enfin, le fait que Cersei serait évincée par une femme plus jeune et plus belle qu'elle. Si elle pense qu'il s'agit de Daenerys Targaryen, qu'elle voit comme une menace depuis le début de la série, il pourrait donc en réalité s'agir de... Sansa Stark, dont l'arc a justement toujours été à propos du jeu de pouvoir entre elle et ses ennemis, et de l'élimination progressive de tout ceux qui essayaient de se mettre en travers d'elle et de sa famille (Joffrey, Ramsey, Littlefinger...).
  • Jon, enfin, est le dernier membre de ce trio d'élu·e·s, et donc devra s'occuper de la dernière menace pour Westeros : Daenerys. Dans un dernier acte tragique shakespearien, il serait donc bien celui qui provoquerait sa chute, voire la tuerait. À bien y réfléchir, cela serait tout à fait logique et justifierait plus sa résurrection par Mélissandre. Lorsqu'il a ressuscité, il n'avait que faire du Roi de la Nuit. Et ensuite, il n'avait que faire de Cersei lorsqu'elle n'était pas la priorité, et il n'a jamais voulu prendre part au jeu politique. En revanche, il a écouté notamment Sansa qui l'a convaincu de se battre pour Winterfell et pour sa famille. Et il a par la suite été d'une importance capitale dans la chute des deux premiers antagonistes (le Roi de la Nuit et – logiquement – Cersei dans les prochains épisodes) en parvenant à rallier Daenerys à sa cause. Se pourrait-il que son dernier rôle soit donc de mettre fin à Daenerys et de stopper la dernière menace de Westeros, celle que peu de gens voient venir ? On insiste en effet notamment sur à quel point sa famille ne soutient pas Daenerys, et qu'il s'agira donc du dernier rempart à franchir pour que la famille Stark soit à nouveau vraiment en sécurité et que le monde soit protégé : Daenerys hors du tableau.

On notera notamment la phrase que Mélissandre avait dite à Daenerys en saison précédente. Juste après que Mélissandre lui avait enseigné la prophétie du prince promis (ou de la princesse promise, comme l'avait signalé Missendei), Daenerys demandait si c'était elle, l'élue. Ce à quoi Mélissandre répondit :

Prophecies are dangerous things. I believe you have a role to play. As does another – the King in the North, Jon Snow.

Si Daenerys est persuadée d'être l'héritière légitime et la gentille de l'histoire, Mélissandre ne lui a jamais confirmé que son rôle serait celle de l'élue, au contraire...

Bien sûr, comme la citation juste au-dessus le dit : les prophéties sont dangereuses. Cette théorie n'est qu'une idée parmi bien d'autres pouvant tout à fait expliquer la destinée de tous nos personnages et rien ne garantit que cela soit "la bonne" (j'ai personnellement beaucoup de doute sur le fait que Sansa tue de ses mains Cersei, et parierais plus sur Jaime, ou encore Arya). Mais une partie de cette théorie sera à jamais vraie et donne du sens à toute l'histoire que George R.R. Martin a construite.

Source/pour en lire plus (en anglais) : ce topic sur reddit.

 

Bonus :

 

  • Un Starbucks a été oublié par l'équipe de production dans l'épisode : le crossover avec Westworld où Westeros n'est qu'un autre parc est-il annoncé ?

 

 

  • Sophie Turner serait-elle la coupable ?

 

 

  • Chapi et Chapo / D&D / David Benioff et D. B. Weiss (bref, les créateurs de la série) ont-ils fait un caméo dans l'épisode ?

 

 

  • Et enfin, le crossover avec Pokémon :

 

 

À la semaine prochaine !

L'auteur

Commentaires

Avatar Altaïr
Altaïr

Si Gendry finit sur le trône de fer, je commets un meurtre XD.

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Avatar Jo_
Jo_

#teamAltaïràdonf

(et magnifique coin du fan. J'aime beaucoup la théorie !)

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Avatar OmarKhayyam
OmarKhayyam

"S'ils avaient au moins pris l’angle de la tragédie d’une reine déracinée, qui perd son peuple, ses dragons, sa raison, dans la quête de la régence d'un peuple qui ne l’aime pas... Cela aurait pu être beau et émouvant (je soupçonne que c’est l’angle de George R. R. Martin)."

Altair showrunner ! Très bel article sinon. Je ne partage pas l'ampleur de ta déception, car j'ai réellement apprécié l'épisode dans un premier temps, mais je comprends cette déception et la partage hélas de plus en plus. 

Par contre pour la "femme plus jeune et plus belle" qui évince Cersei j'ai toujours pensé à Maergery

"La mort de Missendei : enchaînée par Cersei, ce qui la ramène à sa condition d'esclave. Elle reste malgré tout d'une dignité impériale alors que sa meilleure amie et son amoureux la regardent. Elle choisit comme derniers mots « Dracarys », refusant une dernière fois sa soumission et annonçant à Cersei ce qui l'attend et ce dont elle a déjà pu être témoin maintes et maintes fois. Elle réaffirme ainsi sa liberté, elle qui aura été assignée au début au rôle de l'esclave, et choisit de mourir comme femme libre."  C'EST BEAU PTN. Joli Galax !

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Avatar Galax
Galax

Critique dure, mais juste :) 

Je te rejoins sur certains points (Jon qui ne carresse pas son loup "parce que le budget était pas suffisant" selon D&D, un peu du foutage de gueule, Bronn un peu clown, Jaime un peu girouette/connard pour l'effet théâtral).

Pour d'autres je trouve que tu prêtes vite des défauts et maladresses d'écriture à des traits de personnages ou à de vrais choix. Le fait que le Bief et les terres de l'Orage soient bradés, ce qui effectivement n'aurait pas pu se produire en début de série, révèlent plutôt le fait que l'échiquier politique est si fébril, dévasté, dans un état chaotique, que les positions sont instables. Il n'y a plus aucun Tyrell important en vie, si les victorieux de la guerre pour la Couronne décident de poser un chevalier de leur choix comme leader, le peuple du Bief aura un nouveau leader, c'est assez logique. Idem pour les terres de l'Orage (Gendry étant en plus assez légitime). C'est de plus assumé par la série puisque Bronn le dit lui-même, certaines dynasties ont bien dû forcément commencer un jour par un roi qui gagne quelque chose, tue des gens et décide de poser ses affaires dans un château. Les Boltons qui gouvernent le Nord c'était carrément ça. Du coup ça révèle quelque chose sur la politique avec ce super passage de Bronn :

Jaime - Highgarden will never belong to a cutthroat.
Bronn - No? Who were your ancestors, the ones who made your family rich? Fancy lads in silk? They were fucking cutthroats. That's how all the great houses started, isn't it? With a hard bastard who was good at killing people. Kill a few hundred people, they make you a lord. Kill a few thousand, they make you king.

On peut critiquer ce racourci et imaginer un scénario possible où les anciens seigneurs alliés aux Tyrells et aux Barathéon se rebellent, mais tout de même, par ce raccourci, qui n'a pas non plus grande incidence sur le show à l'heure actuelle puisque tout n'est que théorie d'une éventuelle victoire (et donc marchandage), la série se permet tout de même un petit message politique et prend position dans le débat "légitimité VS puissance" pour justifier qui gouverne. Et même si tout n'est pas "vrai" dans ce que dit Bronn, c'est en tout cas la vision d'un mercenaire, qui n'est donc pas éloignée de celle du peuple, et qui se vérifie aussi dans notre monde, où on se demande bien parfois d'où viennent les dirigeants...

Pour le fait que Daenerys ne pleure pas les Dothrakis et les Immaculés, tout de même, elle reste très solennelle au début, pleure pour une partie de l'éloge funeste, et la série insiste bien sur la perte d'une partie de ses hommes. Mais bien sûr qu'elle est plus attrisée par la perte de Jorah que par les autres, on la sent clairement destabilisée par l'ensemble. Et puis d'un point de vue purement narratif, le spectateur n'a d'affection que pour Jorah, pas pour un figurant Dothraki, il est normal qu'il soit également le plus présent et représente l'ensemble. Je te rejoins cela dit beaucoup sur le manque d'émotion de la première scène, mais personnellement c'est le jeu très faible de Kit Harrington qui m'a dérangé (et la longueur de la scène n'arrangeant rien).

Aussi, cela n'engage que moi, mais le fait que la révélation du lignage de Jon soit traité en hors-champ pour Sansa et Arya, que j'étais content ! Ces deux personnages ne sont pas vraiment concernées par la nouvelle déjà, contrairement à Daenerys. Et puis on avait déjà eu cette scène de révélation à cinq reprises dans la série (découverte de Bran et flashback, découverte de Sam, Sam et Bran en discutent, Sam le dit à Jon, Jon le dit à Daenerys). L'ellipse permet en plus de souligner les réactions des soeurs, avec déjà un peu de recul, pas à chaud, et notamment celle de Sansa bien sûr. Après si on avait vu les réactions directes de Sansa et Arya on aurait pu avoir un dialogue "ça ne change rien tu restes notre frère nous t'aimons", mais finalement on peut le constater par nous-même que rien n'a changé entre eux, qu'ils s'aiment et forment une famille. On le sait déjà.

Enfin, je te trouve un peu injuste ici :

Mais ici, on nous assène que Jon ferait un meilleur roi (ah bon ?) et personne ne semble être un tant soit peu reconnaissant du sacrifice gigantesque qu’elle a fait lors de la "longue nuit". Les Stark sont même carrément ingrats pour le coup.

Tyrion et Varys ont un débat tout de même assez pertinent et équilibré sur qui ferait le meilleur leader. Jon est incontestablement plus pacifique, plus fédérateur, mais ne le veut pas. Daenerys a la volonté, mais pas forcément l'expérience la plus positive. La série ne tranche d'ailleurs pas sur lequel des deux il faut soutenir, et Tyrion continue de plaider en faveur de Daenerys. Il ne faut pas voir ça comme un discours moralisateur de la série cherchant à enfoncer l'ascension de Daenerys, c'est juste logique dans la progression du récit à ce stade.

Idem pour ses efforts durant la longue nuit : Jon la défend et Sansa admet tout de même que son rôle a été crucial. Elle reste juste très "in-character" et pense surtout à la suite et à sa famille (et oui, est assez ingrate et méfiante, mais a-t-elle tort ? et est-ce anormal pour Sansa Stark d'être bien plus prudente et mesurée que Jon ? je ne trouve pas). 

S'ils avaient au moins pris l’angle de la tragédie d’une reine déracinée, qui perd son peuple, ses dragons, sa raison, dans la quête de la régence d'un peuple qui ne l’aime pas... Cela aurait pu être beau et émouvant (je soupçonne que c’est l’angle de George R. R. Martin).

Pour moi, tout ce que tu dis est dans la série donc... c'est aussi tout à fait l'angle pris par la série ^^ Même si aucun personnage ne le fait remarquer, en isolant l'arc de Daenerys dans ce gros chaos de début de saison, cela se sent bien.

Et pour Varys : 

Mais pour cela, il aurait fallu qu’ils ne dévoilent pas tout de la manière la moins subtile du monde ! (Encore une fois, QUI a pensé que c’était une bonne idée de dévoiler toutes les ficelles dès maintenant ?)

Je l'ai mis dans le Coin du Fan (sans voir ce passage de ta critique avant ^^) mais clairement Varys a fait le choix de l'honnêteté envers Daenerys parce qu'il avait fait une promesse et que Varys a évolué. Ce n'est pour moi pas du tout une ficelle d'écriture ou une paresse scénaristique, au contraire, c'est la preuve d'une évolution très intéressante pour Varys. Peut-être une erreur stratégique, oui (quoique le tout se déroule en pleine guerre, je doute vraiment que Daenerys ait Varys comme priorité, ce n'est pas un si gros risque), le futur le dira.

Bon désolé je me suis un peu étalé à partir de ce que tu dis, tu n'as pas à répondre à tout ahah, et en tout cas à nouveau tu as su bien exprimer toute ta déception dans la critique tout en restant mesurée et a déclenché des discussions donc GG :)

Pour la théorie des 3, en effet je te rejoins totalement Sansa ne pourra pas tuer Cersei je pense. Mais j'aime tout de même bien cette théorie comme le fait de prendre le 3 Starks comme un "tout uni" qui vaincra les 3 ennemis de l'ultime chapitre, même si ce n'est pas forcément "un Stark tue directement un Ennemi".

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Avatar Koss
Koss


Très bel article que je rejoinds en tout point... Sauf la déprime, car je m'en fous de la série haha.


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