Je vais être honnête avec vous, je ne savais pas trop comment introduire la critique de cet épisode. Il faut dire qu’il m’a laissé un grand trou à la place du cœur, comme savent le faire les séries qui me touchent. Avec Thirteen, The 100 rentre donc dans les séries capables de me procurer de vraies émotions. Cela ne se manifeste pas forcément en larmes, mais plutôt en une torsion des boyaux, un sentiment d’écrasement, où tous les sentiments s’en vont pour finalement ne laisser qu’une sorte de pantin paralysé émotionnellement – oui, c’est pas la joie de mon côté.
Thirteen établit encore plus la série comme un drama politique, ce que personnellement je n’aime pas vraiment. Le fait que la série se rapproche de Game of Thrones ne ressemble pas à une victoire pour moi et, depuis le début de la saison, je me suis rabattu sur les personnages pour pouvoir trouver mon réconfort qualitatif. Ceci représente d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle le changement inattendu de Bellamy m’a tellement énervé. Avec ce qu’il s’est passé dans Thirteen, je ne sais plus trop quoi penser.
Je vais faire cette critique en deux parties : la première sera la critique classique – forcément tronquée –, la seconde parlera d’un moment précis de l’épisode. Pour ceux qui lisent cette critique avant de regarder l’épisode, ne lisez donc que la première partie !
Lexa et Clarke, deux femmes extraordinaires
Malgré mon enthousiasme mitigé pour cette troisième saison de The 100, je ne peux que m’incliner devant la réussite que représentent les personnages de Clarke et Lexa, aussi bien que devant la relation qu’elles entretiennent. Thirteen se concentre quasi exclusivement sur les liens unissant les deux jeunes femmes. Elles naviguent toutes les deux dans des eaux troubles, évitant la guerre mais ne pouvant pas réellement obtenir la paix. Les manigances politiques se font de plus en plus présentes au sein de cette saison de The 100, notamment avec le personnage de Titus, qui se révèle bien plus dangereux que prévu. Ce n’est clairement pas ma tasse de thé, mais Eliza Taylor et Alicia Debnam-Carey possèdent suffisamment de badassitude et de charisme pour m’emporter. Au contraire d’ailleurs, Octavia n’apparaît vraiment pas à mes yeux comme un personnage pertinent ; les scénaristes ne semblent pas trop savoir quoi faire du personnage. Le retour d’Indra dans l’équation lui permettra peut-être enfin de trouver sa place.
Thirteen opère également un retour sur la relation unissant Clarke et Lexa, sur un niveau plus intime. Les deux femmes ont toujours été attirées l’une par l’autre, leurs interactions ont dès le début été empreintes de tension sexuelle. Mais cela va bien plus loin : Clarke et Lexa sont deux personnages parfaitement approfondis, intéressants individuellement. Leur petit jeu de « fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis » a inspiré de nombreux – nombreux – GIFs et posts sur tumblr, cela à raison. Leur relation est complexe, captivante. Bientôt séparées par le retour de Clarke vers son peuple – qui a d’ailleurs failli provoquer un « I love you » de la part de Lexa –, elles décident de profiter du peu de temps qu'il leur reste. Elles s’embrassent, elles couchent ensemble une fois, ont une scène pleine de tendresse, et couchent ensemble une seconde fois. Les shippers de Clexarke sont aux anges.
Une origin story très réussie
L’autre partie de l’épisode concerne l’origin story de la série et d’A.L.I.E, l’intelligence artificielle qui lança les missiles nucléaires sur la planète Terre. Tout cela se relie à l’intrigue de la City of Light, grosse inconnue du début de saison. Les flashbacks sont pertinents, nous expliquant patiemment comment tout s’est déroulé, mais également comment les Grounders ont commencé à vivre. Il existe en outre un twist sur la fonction de Commander, qui va très probablement se révéler décisif dans le futur.
Cela donne également à Murphy le temps d’écran nécessaire pour montrer à Titus qu’il est bon en histoire. On observe pas mal de pièces de puzzle se rejoindre, et on commence à voir la forme que ce dernier prend. En fait, tout ce qui se déroule au sein de cet épisode va avoir des conséquences importantes dans le futur. Pour une intrigue que quasi tout le monde détestait au début de la saison, la City of Light a clairement changé le momentum.
Thirteen est le meilleur épisode délivré par The 100 depuis longtemps, et il représente également un épisode charnière. C’est tendu, intelligent et rempli de révélations intéressantes pour le futur de la série. Les scénaristes font le choix intelligent de beaucoup se reposer sur Clexarke, qui s’impose encore une fois comme la meilleure partie de cette saison 3. Désormais, l’univers de The 100 est à l’aune de la guerre. Reste à savoir comment cela va être géré.
J’ai aimé :
- Clexarke. Magnifique du début à la fin de l’épisode.
- Pas de Bellamy ! Ça me fait mal d’écrire ça.
- De l’émotion pure.
- Indra et Octavia !
- L’origin story de Polaris. Cet arc narratif de la City of Light se révèle de plus en plus passionnant.
- Plein de questions pour la suite de la série.
Je n’ai pas aimé :
- Pas grand-chose. C’était un très bon épisode.
- En revanche, je ne sais pas trop quoi penser de l’épisode dans son ensemble. La raison : Maintenant !
Ma note : ?
SPOILERS ! CETTE SECTION DE LA CRITIQUE S’INTÉRESSE À UN ÉVÈNEMENT PARTICULIER DE L’ÉPISODE. ARRÊTEZ-VOUS DE LIRE MAINTENANT SI VOUS NE L'AVEZ PAS VU !
Bon, honnêtement, je ne sais pas trop quoi penser de l’évènement majeur de cet épisode. Vu que j’ai une fâcheuse tendance à compartimenter, j’ai décidé d’attaquer mon analyse en la divisant en plusieurs parties :
- La mort de Lexa en elle-même :
Personnellement, je m’y attendais depuis le début de la saison. Alycia Debnam-Carey est régulière dans Fear the Walking Dead, une série qui a eu un tel succès que sa deuxième saison – pas encore sortie – possèdera bien plus que les six épisodes de la saison 1. De plus, le tournage s’est exilé à Mexico, laissant tout de même peu de possibilités à l’actrice de faire des allers-retours entre là-bas et Vancouver. Apparemment, après quelques recherches, les dates de tournages ne seraient pas concomitantes. Je ne peux quand même pas m’empêcher de penser que cela à beaucoup joué dans la décision de tuer le personnage. Après, je pense que ce qui m'irrite le plus dans l'affaire, c'est de perdre Debnam-Carey pour ce putain de spin-off moisi qu'est Fear the Walking Dead. Bordel quoi, la vie est injuste.
- La mort de Lexa dans l’épisode :
Quelque chose me dit que la façon dont Lexa meurt au sein de Thirteen va faire couler beaucoup d’encre. Rien d’héroïque, une balle perdue dans le ventre et c’en est fini. Une grande majorité de gens vont avoir l’impression qu’on leur a volé l’un des personnages les plus complexes de la série ; ils auront raison. Cependant, le côté soudain, inattendu et franchement un peu ridicule montre que personne n’est à l’abri. Que des accidents arrivent. Que dans un monde aussi dangereux que l’univers de The 100, quelque chose comme cela était forcé d’arriver. En ce sens, je trouve que la mort de Lexa est bien trouvée. Qui plus est, on a le droit à toute la cérémonie d’hommage, avec les dernières paroles entre Clarke et Lexa. The 100 n’a de loin pas saccagé la mort de l’un de ses meilleurs personnages, bien au contraire. Cela ne nous ramènera pas Lexa, mais c’est déjà cela.
- Ce que signifie la mort de Lexa pour la suite de la série :
C’est ici que revient l’importance de l’origin story racontée par Thirteen. On découvre dans la colonne vertébrale de Lexa, l’intelligence artificielle créée par Becca (la version humaine d’Alie), la première Commander. Du coup, est-ce que Clarke est tombée amoureuse d’Alie ? Lexa avait-elle sa propre personnalité ou était-elle dominée par son I.A. ? Cela explique en tous les cas « l’esprit du Commander », qui prend ici une tournure bien plus littérale qu’on aurait pu le penser. En outre, qui va être la prochaine personne que « l’esprit du Commander » va choisir, désormais ? Cela sera peut-être le jeune homme entraîné par Lexa dans Watch the Thrones (3.04), mais rien n’est encore décidé. Et avec The 100, on n’est jamais loin d’une surprise… Surtout que l’on se dirige vers une histoire de réincarnation. On risque de la revoir avant la fin de saison, à mon avis.
Petite théorie comme ça, juste pour le fun : Clarke devient la nouvelle Commander. C'est cohérent au niveau de l'histoire – un nouveau Commander de douze ans... please –, cela laisse la porte ouverte à quelques retours de Lexa dans un rôle à la Femme dans la robe rouge, et ce serait d'une logique absolue avec l'arc narratif du personnage. Si cela intervient à la fin du prochain épisode, je me décerne un trophée !
Après, j’ai un peu peur de la suite de la série sans Lexa. Ceci est un point de vue tout personnel, mais Lexa était l’un de mes personnages favoris, surtout depuis la destruction au bazooka de la psychologie et de l’intérêt du personnage de Bellamy. Il ne reste plus énormément de très bons personnages désormais dans la série et, en ce sens, Lexa va beaucoup manquer. À tel point que je m’attends à une baisse des audiences à la suite de Thirteen… Néanmoins, l’acte est fort, couillu et risqué. Malgré toute la peine que j’ai de voir la Commander morte, je respecte la prise de risque.
- La symbolique de la mort de Lexa :
Là en revanche, c’est la partie coup de gueule. Je ne suis pas lesbienne, donc je ne peux décemment pas comprendre ce que ça fait de voir un modèle de la qualité de Lexa être tué. En revanche, je me rends compte d’à quel point les lesbiennes sont peu représentées aujourd’hui dans le monde sériel. Lexa était badass, tendre, complexe. Bravo, par ailleurs, à The 100 pour ne pas l’avoir objectifiée. Sa sexualité représentait une grande partie de la personne qu’elle était – ouh, que ça fait mal d’écrire cela désormais – et elle donnait à de nombreuses jeunes filles/femmes une inspiration, une représentation. Du coup, cette mort passe mal sur cet aspect-là. Je ne suis pas expert dans la mort dans les séries mais, apparemment, Tara avait subi le même sort, déchaînant les critiques des fans de Buffy. C’est vraiment une grosse perte pour le monde LGBTQ, et je suis vraiment triste pour eux.
En conclusion, je reste chamboulé par le dénouement de cet épisode, malgré tous mes efforts pour rationaliser l’évènement. Tu vas me manquer, Lexa. May we meet again.