Pitch New Orléans Saints
Victime d'une agression d'un policier qui lui a fendu la lèvre, Antoine Baptiste est forcé de quitter la Nouvelle-Orléans pour se rendre chez un dentiste. Sur le chemin, il retrouvera les enfants de son premier mariage et va passer les fêtes de Noël en leur compagnie. De son côté, Davis se fait voler toutes ses affaires après un accident de voiture causé par la mauvais état des routes.
Sans direction, tout tourne en rond
Si la qualité intrinsèque de la série n'est pas encore à remettre en cause, il est assez triste de constater que l'épisode va se montrer particulièrement peu généreux, malgré une révélation finale assez intéressante. En proposant de disperser les personnages du show dans plusieurs directions, la série va s'affaiblir et proposer un épisode assez anecdotique et peu inspiré. Nul doute que les auteurs aient pensé bien faire en s'éloignant de la Nouvelle-Orléans, mais les scènes s'étirent beaucoup trop en longueur, donnant un rythme saccadé, une succession de séquences sans la moindre intégrité.
Malgré tout, la série a su conserver son âme, entre intermède musicaux étonnants et de petites saynètes sketchs plutôt amusantes (John Goodman, vraiment très drôle). Les personnages sont toujours aussi réussis, mais les enjeux de départ (la survie dans un monde en ruine) s'efface totalement une fois hors des murs de la Nouvelle-Orléans, pour ne laisser voir que des êtres normaux, incapable de sortir vraiment du lot. Sonny (Michiel Huisman, encore à la recherche de son personnage) va en faire l'amère expérience, devenant un pianiste parmi d'autres une fois en dehors des murs de la ville.
Mais le récit s'étire alors à l'excès, la faute à un désir flagrant de donner à tous ces personnages leur petite intrigue, comme si les créateurs du show se refusaient à faire des choix. Sans fil directeur, la série se montre particulièrement bavarde et bien moins efficace qu'à l'accoutumé, preuve s'il en est que la Nouvelle-Orléans est la vraie héroïne de la série.
Le pouvoir de la Nouvelle-Orléans
En racontant l'exode de trois de ses personnages, Treme va défendre l'idée assez complexe que la ville possède une sorte de pouvoir qui permet de transfigurer ses habitants. Incapable de retrouver leur force en dehors du cadre de la Nouvelle-Orléans, leur choix se limite à rentrer ou devenir lentement quelqu'un d'anodin, un visage dans la foule. Davis, simple chômeur un rien pathétique, ne peut clairement pas exister, le jeune homme étant parfaitement à sa place au milieu des ruines de Katrina.
Craighton Bernette va lui aussi faire l'expérience de cet étrange pouvoir, la ville agissant sur lui comme un révélateur d'un goût assez prononcé pour la provocation. En opposition totale avec l'homme discret que l'on suit une bonne partie de l'épisode, la moindre allusion à sa ville le met dans une rage, laissant enfin sa vraie nature s'exprimer.
Replacé au centre de l'histoire, la Nouvelle-Orléans est la seule véritable héroïne du show, accueillant les marginaux et les originaux qui ne peuvent plus exister dans le reste du monde.
Antoine Baptiste et les femmes
Tromboniste perpétuellement fauché, Antoine est un musicien qui aligne les cachets, gagnant sa vie modestement à l'aide de son trombone à coulisse. Père de trois enfants, dont deux d'un premier mariage, il est un père absent, n'ayant qu'un contact assez superficiel avec ses deux enfants,
Pour lui, la Nouvelle Orléans est une mère nourricière à qui il donne toute sa confiance, utilisant son trombone comme le symbole de son identité. Personnage à la fois comique et dramatique par son incapacité à se projeter dans l'avenir, il est interprété par l'extraordinaire Wendell Pierce, apportant tout son talent à ce personnage plutôt haut en couleur.
Son séjour loin de la ville va révéler sa véritable nature, celle d'un homme qui peine déjà à s'occuper de lui pour pouvoir prendre correctement soin des autres. Envisageant son existence avec un certain égoïsme, il est le fruit de ce quartier, vivant au jour le jour sans se soucier du lendemain.
Une épisode un peu trop lent
Loin de convaincre, ce quatrième épisode inquiète légèrement, la série proposant un récit trop feuilletonnant, sans épaisseur, privée de toute ligne directrice pour notre plus grand désarroi. Disposant d'une grande quantité de personnages, la série semble incapable de s'imposer une hiérarchie et de conserver de donner une vraie orientation. Projet très ambitieux, Treme doit à tout prix donner une vraie impulsion à sa saison pour pouvoir renouer avec la qualité des trois premiers épisodes.
Heureusement, la direction artistique se montre encore une fois remarquable, accueillant des musiciens exceptionnels. Mais la série va devoir faire preuve de plus d'efficacité car il reste encore beaucoup de travail à accomplir pour parvenir à interconnecter chacun des personnages et former ainsi un grand ensemble.
J'aime :
- John Goodman, acteur colossal dans tous les sens du terme
- la musique vraiment formidable
- Wendell Pierce formidable
Je n'aime pas :
- un scénario en dessous des précédents
- des enjeux qui peine à se préciser
- le personnage de Delmond Lambreaux assez inutile pour l'instant
Note : 14 / 20
(63)