Critique : Treme 2.06

Le 25 juin 2011 à 04:17  |  ~ 6 minutes de lecture
Un épisode de recentrage, avec comme thème le passé, l'avenir et notre façon de lutter ou de subir le temps qui passe. Au programme, le souvenir douloureux de Creighton et l'impossibilité de passer à autre chose en écho à l'anniversaire du final raté de Lost.
Par sephja

Critique : Treme 2.06

~ 6 minutes de lecture
Un épisode de recentrage, avec comme thème le passé, l'avenir et notre façon de lutter ou de subir le temps qui passe. Au programme, le souvenir douloureux de Creighton et l'impossibilité de passer à autre chose en écho à l'anniversaire du final raté de Lost.
Par sephja

Pitch réminiscence

Tandis que Mardi-gras s'approche, Toni Bernette voit ressurgir le fantôme de son mari, inconsciente encore que sa fille a découvert la nature de son mensonge. Albert Lambreaux quitte la Nouvelle-Orléans pour rendre visite à son fils qui va tenter de le convaincre de ne pas abandonner la parade annuelle. Nelson Hidalgo continue son ascension, et s'apprête à vivre son premier mardi-gras dans une ville qu'il tente de gagner petit à petit, morceaux par morceaux. 

 

 

Moving on : facile à dire !

A l'heure où certains célèbrent le final de Lost, cet épisode va bizarrement faire écho au désormais fameux : "Moving On" qui marquait la fin de la série. Passer à autre chose est une phrase facile, seulement le calendrier est une boucle qui nous ramène obligatoirement aux souvenirs des années passées (d'où cette petite allusion à Lost. Fin de la parenthèse). Incapable de séparer les célébrations de Mardi Gras du souvenir de son mari, Toni Bernette voit son fantôme hanter ses rêves, preuve flagrante que rien ne sera plus comme avant et que le passé n'est pas une ardoise si facile que cela à effacer. 

Cet épisode va nous narrer l'histoire d'une ville qui veut croire à la possibilité de passer à autre chose, tout en étant confrontée à l'impossibilité de chasser les fantômes qui hantent les murs et les rues. L'histoire d'Annie est un bel exemple de la façon dont le passé finit toujours par nous rattraper, la jeune violoniste essayant désespérément d'écrire sa propre chanson sans parvenir à ne pas retomber dans des schémas déjà existants. Elle va découvrir que la création est autant un exercice d'expression que de respect pour la mémoire des influences qui nous ont amenées là où nous sommes. 

Le passé est douleureux et ne peut être effacé par un simple "Passons à autre chose", il traîne toujours dans un coin de notre esprit, ramenant à la surface les jours de pluie comme de soleil. Dès lors, le titre de l'épisode devient une évidence, celui d'un épisode où le passé ressurgit sous différentes formes pour mieux entraîner les personnages dans de nouvelles directions. Antoine Baptiste envisage de partir au Japon, Ladonna va pouvoir mettre un nom sur des visages inconnus, Albert Lambreaux retrouve son amour envers son fils tandis que le passé vient mettre en lumière les motivations des personnages. 

 

Effacer le passé pour fuir ses responsabilités 

Alors que la police commence à reprendre le contrôle des rues de la Nouvelle-Orléans, d'étranges affaires apparaissent mettant en cause les actions des forces de l'ordre durant l'après-Katrina. Confronté à toutes ces rumeurs, le lieutenant Colson tente de démêler le vrai du faux en remuant les choses, quitte à se faire des ennemis au sein du commissariat. Plus que la simple influence de Toni Bernette, sa quête de vérité est avant tout une façon de se racheter par rapport à une ville qu'il pense avoir abandonnée. 

Le chef Lambreaux essaye lui aussi d'oublier un passé, incapable de retrouver la motivation qui lui permettait de continuer à se battre pour organiser la parade des Indiens. La scène avec son fils est vraiment touchante, apportant une vraie émotion au sein d'un épisode assez froid et moins intense qu'à l'accoutumée. Le spectateur est étrangement tenu à distance, la série semble craindre de verser dans le larmoyant, essayant d'éviter le piège du mélodrame tout en détruisant au passage la force de certains passages. La séquence d'identification avec Ladonna aurait pu être un moment très intense, mais va être traitée de manière anecdotique, comme un simple événement mineur. 

Il en va du spectateur comme de la série, le souvenir des excellents épisodes passés nous poussant à être deux fois plus exigeant avec Treme. L'épisode, bien que très bien écrit, s'avère moins intense que la sublime introduction le laissait espérer, me laissant dans un état de semi-déception vraiment ridicule, au vu du très bon niveau de cet épisode. A croire que le passé possède ce défaut de nous rendre chaque jour plus difficile envers nous-mêmes et les autres.

 

 L'avenir comme l'incarnation de plusieurs rêves

Tandis que les maisons en ruines sont vendues aux enchères, Nelson Hidalgo commence à se placer comme un incontournable élément de la reconstruction de la ville. Travaillant avec les Républicains et les Démocrates, le jeune Texan poursuit son rêve d'empire, se battant pour récupérer chaque morceau de la ville en misant sur leur potentiel avant tout. Tourné entièrement vers l'avenir, John Seda incarne avec talent ce personnage positif, arriviste et charmeur, entièrement focalisé sur l'anticipation des évolutions possibles de la ville.

Antoine Baptiste a quant à lui réussi à faire une croix sur le passé et se concentre sur l'avenir de son groupe, essayant de mettre en place une discipline afin de conserver la maîtrise des évènements. L'équilibre entre le développement des différents personnages du show amène une vraie dynamique au sein du récit, signe d'un monde où certains saisissent leur chance là où d'autres, comme Sonny, sombrent peu à peu, s'isolant dans un mélange de colère et de frustration typique de ceux qui vivent dans le passé en étant conscients d'avoir raté leur chance. 

L'avenir constitue un autre élément fort du récit de Treme, celui qui narre la recontruction de la ville sur de nouvelles fondations sans qu'elle contrôle pour autant son destin. Treme possède encore un potentiel narratif remarquable, elle essaie de concilier chacun des temps pour former un tout parfaitement cohérent. Toujours aussi ambitieuse, la série ne néglige rien, essayant de ne céder à aucune facilité, quitte à afficher une froideur parfois maladroite.

J'aime : 

  •  une séquence d'ouverture sublime 
  •  des comédiens vraiment remarquables 
  •  un récit parfaitement équilibré 
  •  la sous-intrigue très juste d'Annie 

 

Je n'aime pas : 

  •  moins intense que d'habitude 
  •  l'intrigue de Davis qui n'est qu'une redite de l'année dernière pour l'instant
  •  une guerre interne au sein de la police qui manque un peu de clarté 

 

Note : 14 / 20 

Un épisode sur le passé et l'avenir. Entre les erreurs des uns et les espoirs des autres, la ville doit se créer un présent. L'épisode est assez réfléchi, mais la charge émotionnelle est moins forte que d'habitude. La tension entre Toni et Sophie Bernette augmente graduellement, créant un climat étrange à l'approche de Mardi-Gras, qui s'annonce plus tragique que l'année dernière.

L'auteur

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