La série a désormais atteint le niveau que j'attendais d'elle. Si ça continue comme ça, elle pourrait finir dans mon top 3 ever. C'est au-delà de l'intelligence, d'une clairvoyance extrême.

Un des plus grands chocs esthétiques et quasi spirituels de ma vie fut la visite de la grotte Chauvet 2 (qui est une reconstitution de la première, dorénavant interdite au public). Il faut voir dans cette quasi-pénombre ces bisons, aurochs, hiboux protégés par le temps et qui nous observent silencieusement. Et puis au détour d'une paroi : une main d'homme entouré de peinture rouge. 36 000 ans de différence entre eux et moi. L'histoire de l'humanité en une fraction de seconde, transmis à travers une des premières preuves d'art existantes sur Terre. Comme un témoignage de leur existence ici-bas : "Nous aussi, nous avons été". Cousins éloignés, des frères.

Le parcours de Spear ans la grotte suit ce même chemin, pile au moment où il a dû renoncer à rejoindre l'humanité lors de l'épisode précédent, par solidarité à son camarade de la saison 1. Il y a cette idée absolument géniale où il tente de chercher de l'humanité chez le dinosaure en effaçant les gouttes de pluie sur l'œil de cette dernière. Mais il n'en sait absolument rien. Ce n'est qu'une projection de sa propre condition humaine qu'il cherche chez Fang. Et c'est celle-ci même qu'il va retrouver dans le plan le plus bouleversant que j'ai vu depuis... Je ne sais même pas combien de temps en fait... La main de Spear se posait sur celle de l'artiste qui l'a précédé, comme un réflexe instinctif que nous ferions tous. Le tout (et ça sur ce point précis que l'épisode fait très fort) sous la main d'un artiste qui dessine ça au 21ᵉ siècle. Comme une transmission perpétuelle malgré une humanité chaotique, faite de guerre, de sang, de mort, de deuil, de survie (la saison 1), par l'art, qui transcende tout et efface bien des plaies. Presque la raison même de l'existence. 

Peu importe en fait la seconde partie, plus logique dans la poursuite de son récit. La série a tout dit en un plan. Quelque chose qui rejoint la droite lignée du discours de Mad Max Fury Road, Gravity et bien sûr Avatar et qui classe Primal dans une universalité absolue venant nous percuter sur notre quête infinie (et perdue d'avance) de comprendre l'espèce humaine.

Genndy Borisovich Tartakovsky mourra probablement inconnu de la plupart des gens, mais laissera dans la trace de l'humanité, comme la main de la grotte Chauvet, cette série absolument incroyable. C'est pour moi - et sans aucun doute - et des 4-5 artistes vivants les plus importants à l'heure actuelle. Un génie.