On se concentre davantage sur la psychologie de Jesse et Walt. Certes ce n'est pas bien passionnant mais jusqu'au bout j'aurai cru que Walt avouerait la vérité concernant la mort de Jane. Espérons que les choses bougeront un peu plus.

C'est l'épisode le plus malfamé de Breaking Bad, pour de bonnes raisons : c'est sans doute le plus unique, le plus différent aussi, et évidemment un des moins riches en action ou grands enjeux. Sa nature de bottle episode l'oblige à écoper de certains défauts, même si je trouve que la caméra de Rian Johnson fait beaucoup d'effets de manche pour arriver à ne pas trop nous endormir. On voit un peu les ficelles, mais en même temps, cela me divertit et cela m'amuse.

J'ai quand même un peu de mal avec cet épisode même au revisionnage, car il fait un peu trop "tiens voilà la complexité profonde des personnages sous de belles métaphores !", et ne fait qu'un bilan sans nous apprendre rien de très neuf. Il nous fait évidemment sortir du récit pour nous amener à nous interroger sur le parcours effectué. Et en vrai, ce n'est rien que le spectateur n'a pas déjà compris : Walt a changé définitivement en laissant mourir Jane, Walt avait des motivations pour continuer et d'autres pour arrêter mais il est maintenant pris au piège de sa vie, Walt se sent coupable...

Je dirais que la partie la plus intéressante de l'épisode, c'est de voir à quel point Jesse reste prêt à faire tout pour son mentor, jusqu'à finir par être embarqué dans la chasse à la mouche. C'est lui qui subit toute l'action (comme dans la série) et c'est lui qui parvient à y mettre un terme également. C'est clairement la partie salvatrice de l'épisode, car j'ai beau trouver la chasse à la mouche amusante, les passages où Walt répète sans cesse de façon cartésienne que la mouche est une contamination à éliminer, m'ont profondément ennuyé. Tu sens que ce n'est pas du tout crédible, mais que pour faire tenir la métaphore, ils répétent le procédé plusieurs fois.

J'aurais trouvé cela sans doute plus fort que Walt parvienne à véritablement se décharger de sa culpabilité en avouant pour Jane. L'épisode aurait alors légèrement plus bouscule le statu quo, mais aurait peut-être amené un point de non-retour que la série ne voulait pas traiter à cette étape-là. Je pense d'ailleurs que "Fly" intervient en fait trop tôt dans la série, à un moment où la relation Walt/Jesse n'est pas en hyper évolution. Ils ont déjà eu un huis-clos ensemble en saison 2 dans le désert, ils ont eu aussi un passage intense ensemble il y a peu avec la caravane. D'où cet aspect "épisode bilan".

Alors oui, l'épisode n'a pas servi à rien : Walt se décharge certes d'une culpabilité (qu'il gardera toujours), on comprend un peu plus le point de vue de Jesse de façon plus explicite...

Et je dois avouer que je suis assez fan du fait de revenir sur la rencontre Walt/père de Jane, car en effet la série repose de nombreux éléments capitaux sur des coïncidences heureuses (et elle l'a rappelé il y a peu d'épisodes avec l'origin story de la caravane par exemple), et je trouve ça intéressant que Walter en fasse la remarque sur la faible proba, en mode "comment c'est possible qu'une telle histoire tienne la route" ?

Tous ces éléments ne me font pas détester l'épisode et me font sans doute l'apprécier beaucoup plus en y réfléchissant et en l'analysant, qu'en le regardant.

Car reste qu'en termes d'équilibrage et de finesse on repassera quand même, on s'ennuie au début et on voit trop les ficelles. La scène de l'escabeau est bien sûr le point clé de l'épisode (et j'aime beaucoup l'interprétation de Philocratie citée plus bas dans les avis), mais c'est probablement la seule.

Au final, y avait-il vraiment besoin de ce prétexte pour développer les personnages ? Je ne pense pas, je les pense suffisamment solides pour que les discussions de cet épisode soient distillées à travers plein d'autres scènes. Mais mettons que l'épisode doit exister, il aurait peut-être mérité d'être un format plus court, ou bien d'être plus dynamique en ajoutant peut-être une notion d'être pris au piège dans le laboratoire ou autre, pour apporter un enjeu qui n'est pas seulement une métaphore forcée.

C'est une tentative qui reste résolument originale, mais reste bancale sur certains aspects.