Encore un excellent épisode pour cette très bonne saison. L'équipe de Gilligan met vraiment minable tout le reste de l'industrie.

Ce n'est pas le gros décollage ni l'explosion qu'on pouvait - à peine - espérer, mais ça n'en est pas moins excellentissime. Toute l'intrigue Jimmy-Kim aura été mené à la perfection tout au long de la saison, avec beaucoup de subtilité, et cette conclusion, où la rupture émotionnelle entre les deux personnage se produit enfin, est tout à fait à la hauteur. L'arc Mike-Werner, même s'il était cousu de fil blanc, était intéressant et beau à regarder. Il ajoute du background et un peu plus de profondeur à la relation Mike-Walter. Cette saison est peut-être ma préférée, et ce malgré l'absence (toute relative) de Chuck.

Ce season premiere me semble beaucoup moins surprenant, original et intense que celui de la précédente saison, tout simplement parce que les personnages se comportent tous conformément aux caractères qu'on leur supposent. Ce qui était véritablement séduisant dans le premier épisode de la saison 4, c'est l'inattendu du comportement de Gus après la mort de Gale : nous n'avions vraiment que trop peu d'éléments pour dresser un éventail satisfaisant de ses réactions possibles. Dans cet épisode, cette incertitude n'était pas là, car tout était prévisible : quiconque s'est consacré à réfléchir un peu sur ce que pourrait être la suite des évènements de la précédente saison avait songé à la caméra, à l'ordinateur, et à l'association au moins provisoire des trois faquins. De fait, il est tout à banal, car le cours de l'action suit un sillon tracé d'avance - c'est un peu décevant pour season premiere à mon sens. Cependant, et j'insiste sur ce point, si cet épisode pèche par manque de surprise, cela tient uniquement au fait que Breaking Bad est une série conséquente (et je pense d'ailleurs que c'est ce qui en fait son excellence). J'entends par là que les scénaristes se laissent très manifestement guidés par l'application rigoureuse de la loi de causalité (c'était d'ailleurs le thème central de la seconde saison). Elle est sur ce point assez réaliste : il y a un réel souci du détail dans l'enchaînement des causes et des effets, ce qui procure une grande cohérence à l'ensemble de la série. Live free or Die satisfait parfaitement aux exigences de cohérence, ce qui fait de lui un épisode vraiment satisfaisant à regarder. Par contre, dans l'action elle-même, il y a sûrement des invraisemblances : ils pénètrent peut-être un peu facilement dans le complexe où sont conservées les pièces à conviction ? Ils s'y échappent un peu vite également, non ? Ces petits détails ne touchent pas la trame narrative, et apportent du spectacle ; ils ne sont donc pas gênants, surtout que depuis le début la série a toujours entretenu un côté un peu cartoonesque. Un épisode pas époustouflant mais très satisfaisant, voilà mon avis. Un petit bémol : la musique. Elle est excellente dans Breaking Bad, mais commence à se faire envahissante. C'est un vice à Hollywood qui corrompt de plus en plus les séries. PS : Concernant White, il me semble qu'il a parfaitement conscience de jouer un rôle pour s'imposer comme leader, de revêtir le costume du Grand Manitou. C'est pourquoi ses petites répliques ne sont pas navrantes de nullité : c'est à dessein qu'elles sont caricaturales, car il joue un rôle. Ce que Gilligan montre au spectateur, ce n'est donc pas la naissance d'un monstre froid, mais la naissance d'un personnage monstrueux et froid, et qui est à distinguer de Walt lui-même. Pour le moment, Walt s'est toujours comporté moralement : il a empoisonné le gamin pour sauver sa famille d'une mort imminente, et paraît vraiment soulagé d'apprendre que l'enfant survit.

J'accorde un 18 à l'épisode parce qu'il me présente tout ce que j'attends de cette cinquième saison : une extension de l'histoire sur tous les plans. Les lieux de la série s'étendent géographiquement, jusqu'à aller en Allemagne ; les moyens de Walt sont de plus en plus colossaux ; les enjeux sont plus vastes, etc. Tout ça donne beaucoup forcément beaucoup d'action. Dans sa structure même, la saison est dynamique : le 2x8, ça boost le budget et le rythme de la narration. Cet épisode me plaît donc sur tous les plans, et le côté hollywodien du passage sur le braquage me semble parfaitement cohérent avec le ton général de la saison 5.