Avis sur les séries
Avis sur les saisons
Avis sur les épisodes
La scène d'ouverture sur les fourmies ! Et son pay-off à la fin de la série. Ralala cette série est dingue.
L'épisode est absolument génial sur tous les points. C'est comme un bon cognac qu'on déguste, avec des notes nostalgiques (incroyable retour de Hank totalement inatendu), toujours cette capacité à raconter un cause-conséquence-cause (Saul qui provoque invonlairement sa propose convocation chez Lalo) et cette double séquence incroyable de Kim chez le vieux. Plus que jamais, elle est l'élément volatile de la série. On ne sait pas comment elle finit. Devient-elle une Saul bis (et c'est ce que lui énonce le vieux) ? S'en éloigne-t-elle radicalement ? C'est dingue comme elle porte la série et qu'elle bonifie instantement par sa présence silencieuse, toutes les scènes.
Cet épisode, c'est quatre personnes qui se voit refuser ce qu'elles désirent le plus.
C'est Mike qui souhaite mourir et dont la rédemption par la mort lui est refusée depuis que son propre fils est mort. C'est dingue de se dire que finalement Walter lui fera le plus grand des honneurs en mettant fin à son suplice.
C'est Howard qui souhaite sincèrement embaucher Jimmy, qui lui refuse ce droit par pure fierté. Howard est un homme bon, dans les limites de son métier, mais il ne sait pas qu'on proposant à Saul de redevenir un McGill il vient de commettre l'ultime affront.
C'est Kim qui ne peut pas rester Kim encore très longtemps et qui doit faire appel aux services de Saul pour la tirer de là. C'est un paradoxe en fait qu'en voulant faire le bien elle fasse appel à la pire des crapules.
C'est, enfin, Hank, plus Tarentinesque que jamais, qui souhaite "Faire tomber le haut" et dont on ne donne pour l'instant dans BC que l'occasion de discuter du menu fretin.
Gus est finalement le seul à obtenir ce qu'il désirait : perdre son argent. Et ça, ça le met en rage. Gus, depuis son entrée en scène dans BCS, est sans doute encore plus noir que dans Breaking Bad. C'est vraiment un Gus ultra flippant, sans aucune faille qui va défoncer Lalo dans les prochains épisodes.
L'histoire de Breaking Bad et de Better Call Saul, c'est celle de personnages persuadés de faire le bien.
C'est Gus, bien sûr, qui distribue de l'argent au Mexique dans le village natal de Max et qui met plus d'effort et d'investissements dans une fontaine rutilante que dans l'entretien d'une fenêtre qui prend l'eau. Gus est persuadé d'être du bon côté, celui de la fontaine. Il est immédiatement contredit dans l'avant-dernier plan quand il se tient tout de noir vétu du côté de cette fontaine (dans un pays qui manque d'eau) en face de Mike, habillé de blanc.
C'est aussi Saul, défendeur des petites gens, dans un arc que ne renierait pas Clint Eastwood. Effectivement, il y a quelque chose de jouissif de faire vaciller ce Kevin, riche banquier golfeur. Mais la véritable motivation de Saul n'est pas là : elle est celle de faire tomber les gens (son frère et Howard) qui lui ont barré la route dans sa jeunesse. Une motivation bien plus égoiste que celle de faire le bien.
Et puis, c'est évidemment Kim. Le postulat de base était simple quand on a découvert le personnage de Kim : elle allait quitter Jimmy qui allait devenir Saul. Et puis il y a cette scène incroyable ("Or ?") où Kim pousse Saul à aller plus loin. Saul sort de la chambre pour aller se chercher une bière au bar. Kim, dans un sublime plan, va chercher du regard Saul pour entrevoir jusqu'à va le chemin sur lequel s'est engagé Saul et qui semble attirer Kim comme un aimant. De fait, elle franchira le seuil de la porte dans le plan suivant, comme elle franchit le seuil de son bureau pour aller engueuler son patron, Rich, quelques minutes plus loin. C'est un simple champ contre-champ, mais il y a tout ici, l'essence même de la série et de la dynamique globale de l'univers.
Très grand épisode, dans une saison de grande qualité.
Et soudain, l'impossible survient dans mon esprit : et si, Kim et Jimmy étaient encore ensemble dans Breaking Bad ?
La question sur le devenir de Kim est centrale dans BCS et elle amène le spectateur à naturellement se poser la question de son destin qu'on suppose tragique : morte, séparée de Saul, pauvre, etc.
Mais l'art de Breaking Bad et surtout celui de BCS réside bel et bien dans celui du contre-pied. Dans cet épisode, on expose pleinement le point de rupture entre les deux héros. Krammer contre Krammer. Jimmy VS Kim. Celui-ci est sur le point d'être franchit, avant que Kim lâche la dernière phrase complètement inatendue. La scène d'ouverture (que je n'avais pas comprise au début) vient nous fournir tous les éléments psychologisants (et un peu faciles) dont on a besoin pour nous faire avaler la pillule : elle a besoin d'un père / Elle souhaite se marier pour effacer le divorce de ces parents / Elle est amoureuse d'un homme addicte à l'arnaque comme sa mère était addicte à l'alcool, etc. Il y aussi l'explication plus rationnelle, celle de la loi américaine qui veut qu'une épouse ne peut pas être forcée de témoigner contre son mari (et vice-versa). Elle peut par contre le faire de son plein gré...
Parce que si Kim parvient à surmonter la pire insulte et affront que Saul puisse lui faire (à savoir une arnaque sur elle-même), elle peut bien survivre à tout et donc être présente dans Breaking Bad. De fait, le prequel dans sa dernière saison viendrait complètement éclairer la série-mère d'une ultime nouvelle lumière.
PS : " It’s a 4, with six 0’s, and it’s preceded by a dollar sign." <3