Toujours sans transcender son concept, SFU trouve un équilibre délicieux depuis deux épisodes. Le rapprochement progressif de la fratrie n'y est pas pour étranger, mais c'est surtout cette capacité à faire ressortir le comique et les imperfections des relations, l'humanité et les défauts des personnages, ce qu'ils cachent et les peurs qui transparaissent dans leurs paroles ou leurs mimiques ; le côté parfois violemment absurde du réel (je pense notamment à la scène où Keith tue son premier homme). J'ai souri ou ri à presque chaque séquence, et l'arc de développement personnel est presque rentabilisé pour les scènes de Ruth dans cet épisode et les sarcasmes de ses enfants. Niveau détails, j'ai aussi aimé les transitions, le fantasme de Nate en rock star, et le plan des enfants Fischer en plongée sur l'escalier en fin d'épisode. La demande en mariage ne me semble pas pas si incohérente, en tout cas dans le référentiel Brenda (bon ok la bague sort un peu de nulle part). Elle a peur de ce qu'elle deviendrait si sa relation avec Nate échouait et à moitié sincère, à moitié dans l'espoir que leur complicité reviendra après coup elle le demande en mariage impulsivement.

Un épisode troublant. Un peu moins sur le fond me concernant vu que je savais pour Nate, mais plus sur la forme : la temporalité, l'ambiance, le rythme. SFU était jusque là une subtile machinerie dramatique qui enchaînait parfaitement des scènes de vie réalistes et relativement courtes, où l'ombre de la mort côtoie les problèmes ou joies de la vie. C'était une atmosphère vivide quoique légèrement poétique, et parfois fantaisiste avec la représentation fréquente de la psyché des personnages. Or cet épisode est plutôt onirique, flottant, assez paisible. Les séquences étaient plus longues, moins denses. Pas de "rêve", il me semble. Le rythme est inexistant, d'autant plus qu'il n'y a plus aucune intrigue. La musique "pop" est plus présente. (Le mec qui gère la musique, qui est également celui de Breaking Bad, est vraiment bon et là chapeau pour avoir pensé à "A rush of Blood to the head" dont le titre est parfaitement adapté à l'épisode.) Le temps d'un épisode, SFU avait l'air d'un soap standard (avec des morts et un penchant philo certes). Pour revenir à Nate, c'était à la fois une idée assez facile et artificielle, mais pas stupide pour la transition et sur le fond (et j'imagine, assez marquante pour les non-spoilés). A part la toute première séquence dans la salle d'opération que j'ai trouvée bancale. Je pense que dans cette première partie le réal a voulu évoquer la théorie où toutes les configurations possibles (de la matière, et donc par extension de la réalité) existent simultanément, sauf que la conscience n'est limitée qu'à un seul univers à la fois (un seul chemin de vie, déterminé par le hasard et les choix de la consience) et un seul instant T dans la dimension linéaire unisens du temps. Un concept repris plus récemment dans Interstellar avec le Tesseract si ma mémoire est bonne. Et comme pour une expérience de mort imminente, la conscience de Nate est momentanément libérée de cette prison alors qu'il frôle la mort. Cf : https://en.wikipedia.org/wiki/Many-worlds_interpretation Je pense très fortement qu'Alan Ball avait prévu la mort de Nate mais que la série a été prolongée, et du coup j'ai un vraiment peur que la série perde son identité ou sa force en créant de nouvelles storylines. J'espère me tromper. En attendant je suis obligé de constater que la boss de Lisa est caricaturale et je dirais mal jouée. L'ellipse ne m'étonne qu'à moitié : je ne voyais pas comment ils allaient lancer la saison 3 efficacement s'ils devaient gérer la suite immédiate du cliffhanger - ou finalement tout se passe bien.

Je suis un peu dans la situation de Bedsouin. Le meilleur épisode jusque là, qui peut être vu comme la conclusion de l'ensemble des deux premières saisons sur le plan narratif. Les 10 dernières minutes sont parfaites, avec une sacré perf de Peter Krause dans sa scène avec Ruth, et globalement tout marche même si la fin de la dispute entre David et Keith est un peu grosse.

(Je sais pas si on était censés s'indigner de l'indifférence des fêtards envers Barbara, mais j'espère pas, vu qu'au final le show ne s'embête pas et cette dernière disparait pour permettre à (la jolie - sinon son temps d'écran serait pas viable j'imagine) Nancy d'être à son tour impliquée émotionnellement dans l'histoire. Classic. Et Joy Div/The smiths dans un village de l'indiana, un doux optimisme du crew sûrement)