Dans une autre série le vade retro satana que j'ai fait comme un con devant mon écran dès le début de la dernière séquence n'aurait pas marché, merci The wire. C'est fou comment McNulty est tranquillement passé au 4e plan sans aucune perte de dynamique.

J'ai hésité avec un 15, parce que s'il m'a l'air d'être l'épisode le plus solide jusque là, le fait qu'il boucle le premier arc narratif a probablement contribué à l'impression. Comme GoT, True Detective semble avoir un peu de mal avec le format épisodique : découper l'intrigue en 8 bouts satisfaisants séparés dans le temps. Le précédent épisode était le plus tendu, mais à mon avis le plus creux également, et l'intrigue n'avançait pas tant que ça. Celui-ci le complète parfaitement. Le show renoue avec sa dimension philosophique et psychologique, son atmosphère cauchemardesque insidieuse et ses paysages sudistes. Il manque peut être l'humour du départ, mais bon, plus personne n'a envie de rigoler. Et pourtant si les épisodes ont beau être diablement solides sur tous les plans techniques, j'en suis encore à me demander si la série aura les moyens de ses ambitions, j'attends l'étincelle de génie dans les 3 épisodes qu'il reste. Il y a une différence entre une narration complexifiée et un scénario bluffant, ce qui n'est pour l'instant pas le cas. Et puis on sait très bien que Cohle était soupçonné, normalement à tort. (Si Cohle finit avec la femme de Marty ça risque de m'énerver aussi). Il y a une différence entre mentionner vaguement et illustrer des concepts paradoxaux (mais connus) en tant que gimmick et arriver à un propos cohérent. Il y a une différence entre exploiter deux caractères différents et mettre en scène deux personnages qui s'enferment lentement dans des stéréotypes opposés.

En vrai c'était pas fou : principalement de l'introduction de personnages moins fluide qu'en saison 1 (le fait qu'il y ait 2x plus de personnages principaux chacun dans leur coin n'aide pas), avec une caractérisation à la truelle et un cahier des charges attendu. Même si on sent une envie de garder son rang les dialogues sont plus terre-à-terre et du coup moins remarquables. Certaines lignes humoristiques m'ont aussi laissé perplexe bien qu'on peut encore mettre ça sur le dos des personnages. Mais c'était comme un deuxième pilote donc ça passe chez moi, je m'attendais à pire et je pense que la suite peut être réussie - je suis même curieux de voir ce que donnera l'intéraction des trois détectives ! Les acteurs sont sans surprise moins à même de porter les prétentions de la série (et les gros plans appuyés) que leurs prédécesseurs, mais j'ai trouvé qu'ils s'en sortaient bien. La mise en scène est un cran en dessous niveau ingéniosité mais le visuel est exceptionnel et j'aime toujours autant les choix musicaux. En gros la forme et un type d'ambiance que j'apprécierai toujours restent les aspects les plus convaincants de l'épisode à mon avis ('Nevermind' est pas optimale en générique cela dit).

Très belle conclusion pour la saison, avec un très bon rythme et un équilibre au niveau du rôle de chaque personnage. L'ambiance est toujours aussi maîtrisée et les surprises ne manquent pas d'ironie. No complaint here.